Il a suffi d'un simple coup d'œil à la couverture, puis de découvrir qu'un certain Hitchcock se baladait au cœur de l'histoire, pour faire de moi l'esclave de cette lecture ! J'ai tout lâché pour m'y plonger. Miam, quel régal ! L'histoire commence en 1954, mais concerne un événement survenu durant l'été 1936. Joséphine Tey fête ses 40 ans avec son ami le commissaire Archie Grant, à Portmeirion, dans un complexe hôtelier luxueux situé au bord de la mer.
Elle a également été invitée à rencontrer le couple Hitchcock pour céder les droits de son dernier livre, en vu d'une adaptation cinématographique. Il fait une chaleur caniculaire, l'ambiance se veut languide et oppressante, les comédiens vont et viennent, le réalisateur anglais mijote quelques blagues d'un goût douteux... On passe ainsi plus de 200 pages sans soupçonner l'ombre d'un crime, c'est calme, très bavard et tout bonnement raffiné.
J'ai immensément apprécié ce cadre magnifique, où règne une atmosphère fascinante et guindée. On y trouve un petit monde clos, pétri de jalousie, de rancœur et de haine, qui ne masque pas son amertume vis-à-vis de l'industrie cinématographique. On spécule aussi sur le prochain départ de Hitchcock pour Hollywood, on dresse un portrait de l'homme sans effet de manche, c'est un génie au caractère exécrable, qui manifeste amour et admiration pour Alma Reville, sa remarquable épouse.
L'intrigue policière, finalement, n'est qu'une goutte d'eau dans un vaste océan. Elle est, certes, plus présente dans la deuxième moitié du roman, mais il m'est apparu que ce n'était pas ce qui m'importait le plus. J'ai aimé l'ensemble du livre, avec ses personnages et la façon de les introduire, de raconter leurs tourments personnels, de laisser deviner leurs émois ou leurs états d'âme. C'est un livre qu'on découvre par envie, ou par curiosité, et qui dévoile un grand aspect psychologique dans sa trame romanesque. Mais c'est très chic, absolument divin !
10-18, collection Grands détectives, novembre 2013 - traduit par Pascale Haas.