Égalité homme/femme : pas de violence, pas de vacances !
Publié Par Baptiste Créteur, le 10 janvier 2014 dans ÉditoUn article de Baptiste Créteur et h16
En France, rien ne va plus. Notre ministre de l’Économie et des Finances est impuissant pour l’économie nationale, même s’il faut (selon ses dires) mettre à son crédit la reprise européenne. Sans doute un peu ; les entreprises qui veulent s’implanter en Europe le font, grâce à lui, plutôt chez nos voisins que chez nous. Le chômage augmente, les courbes s’inversant après quelque verres et dans les fantasmes présidentiels. La météo est peu clémente ; l’hiver s’est abattu sur le pays qui se retrouve soudainement noyé dans une tempête de quenelles et de facepalms, au point de crisper toute la population.
On sent les uns prêts à frapper sur les autres, ce qui n’est vraiment pas très bisou. Certes, pas autant que des contrôleurs URSSAF qui ont bu mangé après minuit, mais tout de même. Heureusement, le Ministère du Droit des Femmes À Ne Pas Se Faire Taper Dessus voit les choses en grand avec des méthodes qui évoquent des expériences grandeur nature de plusieurs décennies : c’est la lutte permanente pour savoir qui a la plus grosse … implication dans les objectifs du soviet Comité Interministériel aux Droits des Femmes. Un Haut Fonctionnaire en charge de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes a été désigné à la courte paille dans chaque ministère et supervise la mise en œuvre de la Feuille de Route pour l’égalité femmes – hommes, dans laquelle chaque ministre s’est impliqué personnellement.
Cette feuille de route, déclinée dans tous les parfums ministériels (vanille, Justice, fraise, Défense, pistache, Éducation Nationale, etc…) représente donc une somme de petits PDF à consulter à cette adresse avec la fébrilité qui sied lorsqu’une information capitale filtre enfin de ces tours d’ivoire où de si sages décisions sont prises quotidiennement et dégoulinent sur le peuple trop heureux de se faire ainsi oindre à gros bouillons tièdes. Tout ceci fait des tas d’occasions joyeuses de communiquer : une réunion de présentation par ministère, une synthèse, un bilan par le politburö comité central, et des tas de jolis rapports sur cette coopération genrée d’un troisième type au sein des organes (androgynes) de l’État.
Barbara Gould dont la réussite est exemplaire notamment dans le domaine de l’exportation. Le pipeau prend ici des ampleurs d’orchestre philharmonique.
Au ministère du Dressement Reproductif, on s’engage à aller bien plus loin en faisant vibrer les cœurs de l’armée rouge du ministère au son de l’Égalité tout au long de l’année, avec des actions emblématiques. Attention mesdames, Arnaud Montebourg veille sur vos droits :
- Création d’une rubrique Égalité dans l’intranet de la DGCIS en page d’accueil depuis novembre 2012. Oui. Toute une rubrique. Entière. Avec des paragraphes, plusieurs.
- Les informations relatives à l’Égalité seront également régulièrement relayées dans la palpitante lettre interne « Intermèdes », monument éditorial de référence qui soude tant de fonctionnaires consciencieux du ministère, tant en ce qui concerne les évènements ou évolutions introduites par les textes de la fonction publique ou les politiques publiques promouvant l’égalité professionnelle. La palpitance gagne ses lettres de noblesses.
Ça décoiffe, ça dépote, ça pousse de la mamie en déambulateur, ça, môssieu ! MalHeureusement, ce n’est pas tout : certains ministres limitent leurs ambitions à la publication de leur newsletter et au choix des rubriques de leur internet. Arnaud, lui, va bien plus loin et n’hésite pas, au nom de l’égalité, à raviver la discrimination :
- Le soutien à l’entrepreneuriat et notamment féminin constitue une action prioritaire.
- La lutte contre les stéréotypes en faveur de la mixité des métiers sera poursuivie
jusque dans les chiottes s’il le faut oh pardon. - La production de données sexuées dans le domaine économique sera continuée.
Le soutien à l’entrepreneuriat féminin, aussi appelé discrimination positive, est une discrimination. La discrimination, c’est mal, sauf quand c’est Najat qui pratique ou fait pratiquer. Et puis la mixité des métiers ravira vraiment celles qui pourront alors enfin concilier leur vie de famille avec leur profession de marin-pêcheur.
Mais au-delà de ces réjouissants projets, la production de données avec des petits zizis et des petites foufounes pardon sexuées est surprenante : en France, on se refuse à établir des statistiques distinguant l’appartenance à quelque groupe que ce soit, surtout s’il s’agit d’une minorité. Impossible de savoir qui remplit les prisons (Zemmour a payé pour avoir tenté), impossible de tracer les origines des uns et des autres, c’est parfaitement interdit, discriminatoire, attentatoire au vivre-ensemble, et pour tout dire, ça frôle le délit de quenellage. Mais alors, à quoi la production de statistiques sexuées pourra-t-elle bien servir ? À tout hasard et si certains veulent une réponse (ou simplement saluer l’action des ministères que vous payez avec vos impôts), sachez que tous seront représentés au Global Summit of Women à Paris en juin 2014.
(Au passage et en aparté, on peut se demander ce qui se passerait si nos ministres avaient l’idée aussi sotte que grenue d’aller s’afficher à un hypothétique Global Summit Of Men… Comme quoi, l’égalité est finalement quelque chose d’extrêmement subjectif par les temps qui courent.)
Comme on le voit, la protection des femmes avance et les place de mieux en mieux à l’abri de la violence. Si quelqu’un est contre, qu’il le dise maintenant ou se taise à jamais. Oui, vous, là-bas, au fond ? Pardon ? Oui ? Ah… Comment ça, ça ne vous arrange pas ? Hum… D’accord : notons (et veillons à inclure dans les feuilles de route de l’année prochaine) que les femmes doivent être protégées de la violence, sauf si elles sont consentantes, et encore moins si elles sont volontaires : on découvre en effet l’histoire ahurissante de deux agents de la SNCF qui ont payé deux mineurs (tout effet pervers d’un système judiciaire en pleine déliquescence étant bien entendu à écarter) pour les agresser afin d’obtenir des congés.
Notons que si elles avaient fait partie d’un syndicat, nul doute que ces congés leur auraient été accordés ; leurs motifs étaient légitimes puisqu’on apprend de l’enquête relayée par les médias que :
L’une voulait se consacrer à la danse, l’autre rejoindre sa famille en Guadeloupe.
Mais tous n’ont pas la même chance. Certains, certes mal affûtés, oublient que l’agression doit être simulée ; à ce sujet, certaines femmes sont d’excellentes simulatrices et ont réussi le tour de force à faire croire qu’elles avaient un lien juridique avec la présidence de la république, voire qu’elles effectuaient un travail réel et mesurable dans l’un de ces innombrables ministères croupions que notre République s’enorgueillit de pouvoir payer avec ses fonds replets.
Et lorsque l’agression n’est pas simulée, cela devient comme un status facebook trop genré : compliqué. Finalement, tout ceci est bien fait pour ces hommes qui, lorsqu’ils paient des syndicalistes pour les séquestrer, se font réellement séquestrer, et dans de mauvaises conditions en plus ! Pas de vacances aux frais du contribuable de la princesse au bout du compte, ni d’inquiétude pour les syndicalistes qui après tout ne faisaient que leur travail de nuisance.
On le voit bien, la France est entre de bonnes mains. La cohérence d’ensemble est garantie par l’égalité variable des uns et des autres devant la loi ; l’égalité hommes-femmes est assurée, puisqu’elle a été décidée en haut lieu et sera surveillée par un comité, ce qui constitue comme chacun sait un gage de réussite ; les travailleurs sont toujours honnêtes, en particulier lorsqu’ils se sentent investis d’une mission de service public ; les patrons, ces voyous, se font gentiment séquestrer par de sympathiques syndicalistes qui reconnaissent ici implicitement que la justice a toujours su être suffisamment égale pour eux et continuera, on en est sûr, à l’être dans l’avenir.
Dormez bien, braves gens ; grâce à vos dirigeants compétents et à leurs feuilles de sentiersroutes lumineuses, vous serez tous égaux dans la misère.
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