de Judith Vanistendael
Bande dessinée - 60 et 80 pages
Editions Actes Sud - avril 2008 et septembre 2009
Sophie tombe amoureuse d'Abou, un demandeur d'asile venu du Togo en France. Ils vivent leur histoire d'amour, une histoire rendue difficile par les contraintes administratives d'un pays d'Europe pour les réfugiés, par les différences culturelles, par les préjugés des parents et de l'entourage de Sophie. Où s'arrête la sincérité, où commence le jeu ? Quelle est la solution ultime pour permettre à Abou de rester sur le territoire belge et à leur histoire de se poursuivre ?Un récit autobiographique en noir et blanc, esquissé avec passion. Les deux tomes se superposent : le second tome revient sur la même histoire, reprenant la chronologie en y apportant plus de détails, d'explications, par le récit de Sophie à sa fille Babette. Le premier tome est plutôt le récit du père, que Judith Vanistendael a réellement reporté en BD, son père ayant publié un roman au préalable. Une construction rare, à défaut d'être très utile.
Les questionnements de Sophie sont bien rendus, la détresse d'Abou également. Manque cependant les explications plus claires de leur séparation mais là n'est pas l'essentiel du propos. Le point de vue du père, et l'évolution de celui de la mère de Sophie ont une leur importance. J'ai apprécié également, sans qu'elle n'insiste dessus, l'évocation du Togo, pays d'Abou, avec ses troubles politiques des années 1990, peu connus. Cela me parle d'autant que c'est mon second pays d'origine, et que les expéditions punitives dans les rues de Lomé par les militaires, et les corps retrouvés sur les plages, ont fait partie des récits quotidiens de ma famille de là-bas.Un récit réaliste, touchant, pudique non sans humour.
Si le graphisme n'est pas forcément très abouti, cela ne présageait pas du magnifique album que Judith Vanistendael a publié par la suite : David, les femmes et la mort.
Reportage autour de la BD et sa dessinatrice - Arte
Interview de l'auteure - ActuaBD