Berlin, 1964. Tobias, étudiant ouest-allemand, ne supporte pas ce mur de la honte au coeur de la ville…
Scénario de Olivier Jouvray, dessin de Nicolas Brachet, couleurs de Anne-Claire Jouvray,
Public conseillé : Adultes, adolescents
Style : Polar Paru chez Le Delcourt, le 8 janvier 2014
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L’histoire
Berlin Ouest, 1964.
Tobias l’étudiant, Mathias l’ami peintre et Boris l’ingénieur se garent de nuit, en face du Mur. Les trois hommes pénètrent dans une ancienne boulangerie au 97 Bernauer Strasse et descendent au sous-sol. Tout est en ordre pour tracer le point de départ d’un tunnel vers Berlin Est..
Sept mois pus tôt.
En sortant d’une séance de peinture, Tobias se dirige vers le Mur avec Mathias. Du haut d’un promontoire qui surplombe le mur, il vient faire un signe à sa jeune sœur Hanna, restée avec ses parents en RDA.
Pendant les fêtes, exceptionnellement, les frontières s’ouvrent un peu et les Berlinois de l’Ouest peuvent rendre visite à leur famille de l’Est. Effrayé de la confrontation avec son paternel, Tobias convint Mathias de l’accompagner. Quand la visite familiale tourne au vinaigre, Mathias s’éclipse avec Hanna. Pour les deux jeunes gens, il n’y a plus de doute : il faut trouver un moyen de la faire sortir au plus vite.
Bientôt, accompagné d’une poignée d’étudiants enthousiastes, le groupe s’organise pour creuser ce tunnel de l’espoir…
Ce que j’en pense
Très loin de sa série phare « Lincoln« , Olivier Jouvray s’est emparé d’un fait-divers largement repris dans la presse : l’évasion de 57 Berlinois de l’Est, grâce au travail acharné de deux jeunes étudiants de Berlin-Ouest désireux de retrouver soeur pour l’un, petite amie pour l’autre.
Avec cette base solide et largement documentée, Olivier n’a procédé qu’à quelques changements mineurs : les noms des personnages, les liens de parentés et l’évocation d’un seul tunnel. De légères simplifications pour faciliter le récit, sans en dénaturer l’essence.
Et c’est justement cette vérité qui fait tout le sel de « Tunnel 57″ !
Avec beaucoup d’empathie et de simplicité, Olivier y raconte le quotidien de cette incroyable aventure humaine. Plus qu’une histoire d’évasion, il nous offre un récit d’amitié (le trio de base), de solidarité et de volonté entre hommes et femmes partageant un idéal.
L’organisation technique, les débuts enthousiastes, les espoirs, les difficultés et la réussite finale in-extremis, Olivier s’accroche à la simplicité de son récit, sans ajouter pathos ou envolée lyrique. Il faut dire que cette « histoire simple » est tellement forte et humaine, qu’elle intègre tous les ingrédients d’un bon scénario.
Pour dépasser le simple faits divers, Olivier Jouvray reste proche de ses héros. Les humeurs, espoirs ou difficultés de Mathias et Tobias sont décrits avec force détail, mais surtout avec pudeur.
Côté dramaturgie, si le début est un peu « lent », il fait monter la tension et nous offre un récit très maîtrisé, d’une grande justesse, qui gagne en densité.
Le dessin
Nicolas Brachet est un jeune dessinateur dont le premier tome (199 combats) fut édité chez Emmanuel Proust. Son trait sobre et classique s’adapte parfaitement au récit d’Olivier. Tout en délicatesse et en pudeur, il compose un dessin émouvant qui porte agréablement cette histoire d’hommes. Ses crayonnés sont complétés par une mise en couleur pastelle, de Anne-Claire Jouvray. Le résultat manque de temps en temps d’expressivité (surtout dans les visages), mais sert bien le propos.
Pour résumer
Avec cette histoire simple (l’évasion de 57 Berlinois de L’est, organisée par des étudiants de l’Ouest), Olivier Jouvray et Nicolas Brachnous offrent un beau récit sensible et humain, digne des meilleurs films d’Hollywwod. Comme quoi, notre quotidien est encore plus beau que nos rêves. Merci à ces deux auteurs de nous le rappeler.