Chaque jour, ici, sur ce blog mais aussi sur d'autres blogs, je partage des articles, des billets d'humeur et des commentaires. Toujours autour de mes sujets de préférence : vous, les femmes, de tous âges, avec votre mode, vos habitudes, vos sourires, vos doutes parfois aussi.
Pour certains portraits, je me glisse avec discrétion dans des mots en version "je" au féminin, pour là encore partager des impressions, des ressentis. Tout cela se mêle de mots, de version un peu romancée de mes instants de vie, de beaucoup d'imagination, de vie, de souvenirs et de ma sensibilité aux autres. Un regard sur vous; discret et respecteux, mais toujours pour défendre votre liberté.
Mais parfois, je reste coit, sans un mot pour exprimer mon émotion, sans éclat dans mon regard. Je ne fus pas choqué, mais je suis resté dans un espace-temps un peu flou.
Il y a quelques jours, j'étais en rendez-vous, un accueil, une décoration de Noel à côté du comptoir où l'hôtesse me demandait ma carte professionnelle. Je me pose sur le canapé, j'attends mon contact. Les ascenseurs libèrent des personnes travaillant ici, entre mode et belles gambettes pour la plupart en bottines ou en bottes (oui parfois je fais des statistiques rapides et inutiles quand j'attends le plus souvent).
Elle sort, se dirige vers moi, un sourir avec un bonjour. Je suis sa robe droite, trois trous, grise foncé avec surpiqûre en bleu roi, fermeture éclair au dos surligné de bleu aussi. Elégant, moderne et à la fois très années 60. Collant noir opaque et bottes de cuir noir souple avec un talon de taille moyenne. Voilà une jeune femme dans son époque, dynamique, modeuse et en harmonie avec sa silhouette, ni trop grande, ni trop petite, ni trop maigre.
Nous nous installons dans son bureau, nous échangeons, je la regarde, je l'écoute, je lui réponds. Une conversation constructive, de la négociation, des propositions, et là mon regard se baisse vers son cou, le temps qu'elle réponde à un coup de fil.
Autour de son cou, un collier, un mot, non pas un prénom, mais bien le mot "connasse".
Et là en moi, un vide, une impression d'être trop vieux, trop classique, malgré un esprit ouvert, un brin d'excentricité, et beaucoup d'ouverture sur le monde. Car parfois, oui, je décroche du monde actuel. Pas trop télévore, donc parfois décalé des mots à la mode de la rue, mais mes enfants sont là pour me "brancher" en mode rappel des tendances. J'avour qu'elle aurait eu une épingle à nourrice dans le nez, un tee-shirt des sex-pistols, ou une autre provocation de couleurs, voire des cheveux grunge (donc sales et miteux, mais tendance ;-), ou un autre accessoire top gothique, j'aurai compris. Mais là, je fais un silence intérieur, je reste dans un abysse de vide infini.
Pourquoi mettre ce mot si fort, si dégradant, si peu intelligible par des jeunes gens, tout autant que par des vieux, ni les autres d'ailleurs, pour quoi se mettre se mot autour du cou ? comme une étiquette.
C'est la négation du mot féminin, c'est une insulte.
Elle me sourit, reprend notre conversation, intelligente, sûre d'elle, sobre dans ses propos comme dans son comportement, une personne équilibrée au premier abord. Moi, je suis bloqué entre le premier, second, troisième et au-delà du vingt-cinquième degrés, je ne comprends pas.
En sortant, encore avec ce mot en surimpression sur sa gorge si féminine, en regardant les miroirs de l'ascenseur, les plantes du couloir, le parking, je vois ce mot partout.
Est-ce un acte féministe ?
Est-ce une connerie passagère actuelle qui m'a échappé ?
En revenant dans mes bouchons, sur le trajet, je repensais encore à son visage éclairé, sa coupe brune si bien coupée, son élégance de jeune femme, de jeune maman bien dans son époque. Mais que faisais ce mot à son cou ?
Nylonement