Une partie des salles du Département des antiquités orientales est consacrée au « Levant », ce mot un peu passé de mode désigne, selon le dictionnaire, l’Est, l’Orient ou le côté de l’horizon où le soleil se lève. Toujours dans le registre des expressions anciennes il y a aussi les « Echelles du Levant », des comptoirs commerciaux établis au début du XVIe siècle par les nations chrétiennes dans les pays musulmans en Méditerranée orientale. Ce terme a pour origine les échelles accrochées aux môles des ports au bas desquelles les vaisseaux débarquaient passagers et marchandises. Pour rêver un peu sachez que les Echelles du Levant sont Constantinople, Salonique, Smyrne, Alep, Beyrouth, Chypre, Alexandrie et plusieurs îles Grecques.
C’est au milieu du XIXe siècle que le Louvre a commencé à rassembler des œuvres de cette région du monde (Syrie, Liban et Israël) dont l’Egypte est exclue puisqu’elle bénéficie d’un Département pour elle seule. Des campagnes de fouilles menées entre les deux guerres mondiales ont permis d’enrichir ces collections. Le Levant est l’un de ces points du monde où se sont rencontrées plusieurs civilisations. C’est là qu’au milieu du IIe millénaire avant JC est élaboré l’alphabet, que les Egyptiens, les Hittites et les Assyriens ont échangé leurs marchandises et leurs savoirs, que les Phéniciens sont partis fonder Carthage.
Parmi les pièces remarquables de ces salles du musée, il y a par exemple ce masque en or Phénicien daté du Ve ou IVe siècle avant notre ère.
Toujours en or un pectoral égyptien décoré du faucon royal trouvé dans la nécropole royale de Byblos en Phénicie, preuve de la vitalité des échanges avec l'Egypte.
Ou encore ces stèles funéraires, datées du VIIe siècle avant notre ère, provenant d'un site Syrien et comportant des inscriptions en Araméen, langue que parlait Jésus.
L'une des pièces les plus importantes des collections du « Levant » est aussi la plus ancienne du Louvre. La « statue d'Aïn Ghazal » a été trouvée en Jordanie et date de la période du « Néolithique précéramique », il y a 9.000 ans.
A cette tépoque lointaine les groupes humains se regroupent dans des villages permanents, commencent à pratiquer l'agriculture et l'élevage mais n'ont pas encore inventé la céramique. La statue est prêtée au Louvre pour une durée de trente ans, en échange le Louvre a participé à la restauration et à la présentation d'un sanctuaire de Jordanie.
Dans la même salle il y aussi cette stèle noire qui passe un peu inaperçue, pourtant elle est célèbre pour une certaine catégorie de visiteurs, les témoins de Jéhovah.
Elle a été érigée par Mesha, un roi Moabite qui commémore sa victoire sur les rois d'Israël vers 800 avant JC. Les Moabites sont un peuple d'agriculteurs et d'éleveurs établis au XIIIe siècle avant notre ère sur un plateau fertile à l'est de la mer morte. Ils furent en relation avec les Hébreux dès leur sortie du désert du Sinaï. Le roi Mesha raconte donc sa victoire sur Israël et le fait qu'il emporta « les vases de Yahwé ». Comme le disait « LouvreBoîte » dans son blog, les témoins de Jéhovah viennent périodiquement voir cette stèle, découverte en 1886, très importante pour eux, puisqu'elle parle de Yahwé.