Cette année, les couronnes sont revenues mais sans « message distinctif
ou publicitaire », comme l’a indiqué le
service communication de la mairie.
Même si aucune information n’a été diffusée sur le sujet, on peut supposer
également que la mairie s’est assurée que les fèves ne présentaient, elles non
plus, aucun caractère subversif. Pas de petit Jésus emmailloté, de roi mage,
voire pire encore de bœuf ou d’âne.
Certes, on peut douter que les gamins aient eu la moindre idée sur ce que
pouvait bien signifier Epiphanie. Mais on ne sait jamais, d’ici que l’un
d’entre eux, dans un accès de curiosité irrépressible, se soit interrogé
publiquement et que la réponse apportée l’ait amené, de fil en aiguille, à
s’intéresser à l’histoire chrétienne puis à enfiler la bure, il n’y a pas loin.
Principe de précaution oblige, on ne prend pas de risque aussi grave que de
former des petits calotards en herbe. Tout le monde l'apprend dans les petits
et grands séminaires, il n'y a pas meilleur outil pour convertir les foule
qu'une bonne couronne des rois affublée de la mention "Epiphanie"
La mention portée sur la couronne n'a évidemment aucune importance, ce qui
importe c’est évidemment le symbole. Sous prétexte de laïcité ou de ne pas
froisser les tenants d’autres religions, ce maire remet en cause une tradition
festive à laquelle plus personne n’attribue de caractère religieux.
Remet en cause ou du moins remet en partie en cause puisque s’il avait eu le
courage d’aller jusqu’au bout de ses principes, il aurait carrément interdit la
galette des rois dans les écoles. Cette tradition ne trouve, en effet, sa
justification qu’à travers la supposée visite des rois mages à Jésus
fraichement né.
Sans épiloguer sur cette histoire somme toutes plutôt ridicule, elle me
rappelle une autre
situation assez similaire qui date de l’année dernière.
En décembre 2013, la directrice d’une école de Montargis avait supprimé la
traditionnelle visite du Père Noël « afin des respecter les différentes
croyances ainsi que les valeurs de l'école laïque » avait elle dit.
Certains, à cette occasion, avait dénoncé la pression de familles
musulmanes.
Pourtant, difficile de voir un fait religieux dans la visite à l’école d’un
gros bonhomme barbu, fagoté dans un habit rouge et portant une hôte en osier.
Difficile d’imaginer le Père Noel allant faire du prosélytisme et promouvoir la
religion chrétienne auprès des gamins !
Là ou ces deux histoires se rejoignent, c’est dans la confusion qui est
faite entre ce qui relève de la tradition, des habitudes, des us et coutumes,
on dit ça comme on veut, d'un pays voire d'un continent et de ce qui relève de
l'acte religieux, au sens ou il marque une adhésion à une religion.
Typiquement, fêter Noël ou l’Epiphanie pour 90% des français n'est pas un acte
religieux. C'est une coutume à laquelle ils sont souvent attachés du fait de
son caractère festif et du fait qu'ils perpétuent ainsi une très longue
tradition. Il en est de même pour les autres fêtes qui ne sont religieuses que
de par leur origine et qui ne sont encore apprécié des français que parce
qu'elles donnent prétexte à un jour férié, à une traditionnelle réunion de
famille ou à un gouter autour d’une galette à la frangipane et d'un verre de
cidre.
Qu’on le veuille ou non, la France est effectivement un pays de tradition
catholique et toute son histoire est imprégnée de cette religion, il ne sert à
rien de le nier ou de le regretter. Pour autant elle ne pratique plus sa
religion, elle ne la connaît plus et n'en fait pas la promotion. La France est
donc pour l'essentielle un pays laïque attaché à son histoire ce qui n'est pas
incompatible.
On ne peut pas, sous prétexte de laïcité mal comprise, d’égalité entre les
religions ou pire encore, sous la pression de quelques doctrinaires religieux
qui ne supporteraient pas de vivre une manifestation traditionnelle qui a un
lien même ténu avec une autre religion, renier ce qui constitue un des
fondements de notre culture.
Et dans ce cas allons au bout des choses et interdisons le calendrier chrétien
dans les écoles, n'apprenons plus à nos enfants cette histoire de France pleine
de rois chrétiens, de papes, de cardinaux ou de guerres de religions. Ne leur
parlons surtout pas de vacances de Pâques de peur qu’un d'entre eux se demande
ce que Pâques peut bien signifier. Quand à la Toussaint, malheureux, surtout
pas ! qu'y a t'il de plus religieux que la fête de tous les saints.
Imaginez ce que deviendrait notre société si nos enfants se mettaient dans la
tête de les prendre pour modèles