Entre l’an 8 et l’an 4 avant notre ère, un enfant naît, un enfant qu’on appelle Jésus. À la même époque, un phénomène astrologique se produit, un phénomène suffisamment insolite pour marquer les esprits. Des sages d’Orient prennent la route, quittent l’Iran, leur origine supposée, parcourent les 1500 kilomètres qui les séparent de Bethléem, lieu de naissance du Christ annoncé. Ils passent par Jérusalem, s’informent au roi Hérode : « Où est le roi des Juifs ? » Hérode n’aime pas. Enfin à destination, ils déposent leurs offrandes au pied de l’enfant : l’encens, symbole de la divinité ; l’or, image de la royauté ; la myrrhe, résine aromatique utilisée pour les sépultures, prophétie du futur martyre du Christ. Mathieu, dans son évangile, parle de mages, pas de rois. L’Église à venir laisse néanmoins propager l’image de princes agenouillés au pied de l’enfant, symbole de l’autorité spirituelle sur le pouvoir temporel. C’est la version évangélique, issue d’un seul texte.
Les mages d’orient ont-ils vraiment existé ? L’Ancien Testament, notamment le Livre de Daniel, mentionne la venue d’un grand roi sur les terres de la Palestine. « Qu’on revienne et qu’on rebâtisse Jérusalem jusqu’à un Prince Messie… »* Avec l’exil des juifs à Babylone, les lettrés perses sont au fait de leurs traditions et, donc, de l’éventuelle arrivée d’un grand roi en Galilée. Il est fort plausible que des grands prêtres, férus d’astronomie, observant un phénomène céleste nouveau au-dessus de la Palestine, aient eu le goût d’aller voir de leurs propres yeux.
Si ce phénomène céleste a eu lieu, comment l’expliquer ? Des scientifiques y ont réfléchi. Une supernova, l’explosion d’une étoile, visible, parfois, pendant des mois à l’œil nu ? Vers l’an mille, un tel phénomène est mentionné, notamment par des astrologues chinois. Pas sous le règne d’Hérode. Une étoile filante ? Trop éphémère et banale pour justifier une caravane. La comète de Halley ? Impossible. Elle a passé 66 ans trop tôt. Les dates ne concordent pas. Une autre comète, comme Ison, qui aurait « frôlé » la Terre le 26 décembre dernier, si elle ne s’était pas désintégrée en narguant le soleil ? Aucune donnée à ce sujet. Une conjonction particulière des planètes ? Tiens, tiens. On brûle.
Sept ans avant la naissance supposée du Christ, trois fois durant l’année, en juin, septembre et décembre, Jupiter et Saturne se sont approchées dans un étrange ballet qui n’a sûrement pas passé inaperçu. Surtout qu’une longue tradition orientale liait certaines conjonctions de ces deux planètes à la naissance d’un empire, d’un maître ou d’un prophète. Encore plus intéressant, celle de l’an 7 av. J.-C. survient dans la constellation des Poissons. Or, à cette époque, chaque constellation réfère à une région du monde connu. Et devinez quoi ? Celle des poissons représente, entre autres, la terre de Palestine !
Ce n’est pas tout. Quelques mois plus tard, autour du 20 février de l’an 6 avant J.-C., la lune et Mars rejoignent Jupiter et Saturne à l’ouest !
Tout concorde ! L’existence d’un phénomène céleste rare, son avènement durant le règne d’Hérode, autour de la naissance du Christ entre l’an 8 et l’an 4 avant notre ère, l’Église reconnaissant l’inexactitude du calendrier officiel. Joseph Ratzinger, l’ancien pape Benoît XVI, dans son livre L’enfance de Jésus, concède en effet que le moine Dionysius Exiguus, qui a estimé au VIe siècle le début de l’ère chrétienne, « s’est à l’évidence trompé de quelques années dans ses calculs » et que « la date historique de la naissance de Jésus est donc à fixer quelques années auparavant ».
Étrangement, aucun autre témoignage ne recoupe celui de l’évangéliste Matthieu. Or, lettré parmi les disciples, il était peut-être le mieux outillé pour réaliser le miracle, pas seulement l’apparition d’une étoile passagère dans le firmament, mais bien sa concomitance avec la visite des mages d’orient et la naissance de son maître.Ce soir, scrutez le couchant dans le firmament d’hiver ? Imaginez-y un paquet de lumière inhabituel teinté d’orange sous l’effet de Mars. Ensuite, soir après soir, le phénomène vous remue, vous séduit, vous hante. Envoûté, accompagné de prêtres, de princes et de scientifiques, vous jugez, espérez presque, qu’il s’agisse d’un signe, du présage d’un miracle, ou du début d’une ère nouvelle. Qui sait si 2014… ?
Bonne Année !
* Ancien Testament, Daniel 9 25
Source : http://www.lepoint.fr/societe/l-etoile-des-rois-mages-a-t-elle-existe-05-01-2013-1608842_23.php
© Jean-Marc Ouellet 2014