un #envoyéspecial dans une époque formidable : moi.

Publié le 09 janvier 2014 par Mister Gdec

Je viens de regarder Envoyé spécial, et j’en suis encore tout retourné. Ces témoignages dans leur jus de la première partie me remettent en mémoire l’époque formidable où j’étais dans le chômage et la précarité, et cela pendant deux longues interminables insupportables ignobles inadmissibles injustes et absurdes années, moi qui n’avait jamais démérité dans ma pugnacité à retrouver du boulot d’autant plus que j’étais autrefois un expert dans le conseil en recherche d’emploi, au point de savoir comment trafiquer mes cv vers le bas façon light pour être embauché malgré mes compétences dans des entreprises d’intérim qui enfin me confieraient l’emploi tant convoité malgré son apparente modestie… Parce que j’en avais cruellement besoin. Parce que j’en avais marre d’être au chômage. Parce que nous nous sommes dans une société où, sans emploi, nous n’existons pas, n’avons aucune existence réelle, aucune reconnaissance sociale, ce qui est infiniment regrettable mais c’est comme ça … N’en déplaise aux rêveurs purement idéologues. Puis sauvé sur le fil du rasoir le jour même de ma fin de droits aux allocs, alors que j’apprenais (cela ne s’invente pas) qu’une modeste autant qu’ inconnue petite association d’insertion m’embauchait sur un poste de directeur… Bon, enfin, d’une équipe de deux salariés permanents, pour 1800 euros par mois, ça relativise le prestige de l’intitulé de la fonction. Mais cela ne m’a pas empêché de côtoyer du beau linge… J’ai raconté cette expérience sur Médiavox;

Ce poste m’a sauvé la vie. Grâce à celui-ci, qui a fait si miraculeusement le lien (j’ai toujours eu beaucoup de chance…) avec la fonction que j’occupe à présent, avec à la clé un poste mieux rémunéré, je suis sauvé. Mais je n’oublie pas. Je reste fidèle à mon expérience et à mes racines, moi qui ne suis pas franchement issu de la cuisse de Jupiter. Et quand je vois cette émission, avec notamment cet agent de la caf du 59 qui est à la fois d’un côté et de l’autre de la barrière, comme je l’ai été moi aussi d’un côté et de l’autre des services de l’emploi, je sais très bien de quoi elle parle, et cela pour moi fait sens. Je connais dans mes tripes le paradoxe qui consiste à conseiller un allocataire et de l’autre subir les mêmes difficultés que lui ; Le phénomène du travailleur pauvre, je l’ai vécu de l’intérieur. Et l’ai heureusement dépassé.. en partie. Et je ne laisserais jamais dire à personne que les chômeurs et les bénéficiaires de minimas sociaux sont des profiteurs et des assistés. Il y a plus sûrement bien davantage de gens qui en souffrent que d’autres qui en vivent, au risque de contredire certains brillants politiques qui ne savent pas de quoi ils parlent ; la réalité est qu’il n’y a pas d’emplois pour tous, et que notre nomenklatura (à l’UMP comme au PS) base ses discours sur l’illusion du contraire…. Pourtant, ceux du peuple le savent bien,  même si certains se trompent de solution…. La réponse politique, quant à moi et je l’ai choisi en mon âme et conscience, je dis qu’elle est au front de gauche, et sûrement pas dans le camp des fauxcialistes qui nous ont abandonnés, et ne nous promettent plus aucun avenir, sinon celui de l’austérité, du manque de décisions un peu plus à gauche, du discours et des solutions du medef. Ils sont en train de détruire les idées (vraiment) de gauche comme Sarkozy a détruit les idées de la droite sociale, que je respecte malgré mes divergences profondes. Et tant qu’on ne résoudra pas cette peste sociale, je ne croirai en aucun des discours sur une prétendue lutte contre le chômage qui n’a jamais abouti depuis maintenant plus de trente ans. A croire qu’elle sert à tous, sauf à la cause du peuple. 

Qu’ils s’en aillent tous !