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Pourquoi en numérique ? Un entretien avec Jérôme Dumont

Par Qris @Qrisimon

J’ai rencontré Jérôme Dumont via Twitter, nous nous suivons depuis quelques mois. J’ai appris à mieux le connaître à travers son blog, nos brefs échanges, la Radio des Auteurs et cet entretien. Jérôme est pragmatique, direct, déterminé dans ses choix. Il écrit sérieusement sans oublier le plaisir et le jeu. Grand voyageur et auteur de la série romanesque, Rossetti & MacLane, Jérôme Dumont, se présente ainsi :

Avocat de formation, j’ai eu l’occasion de pratiquer pendant près de quinze ans le droit dans divers pays : la Belgique, ma terre d’adoption pendant une dizaine d’années, le midi de la France ensuite, qui m’a vu grandir et, enfin, le Québec, où je réside depuis un peu plus de six ans.

Voulant vérifier l’adage selon lequel « le droit mène à tout, à condition d’en sortir », mes efforts d’évasion furent récompensés en 2008 par une reconversion dans le multimédia, principalement en production de jeux vidéos et d’applications mobiles. J’ai eu le plaisir de participer à la création d’une dizaine de titres depuis et de baigner dans un milieu créatif et déjanté, troquant le costume pour le jeans !

J’ai baigné, depuis mon enfance, dans un mélange de cultures, d’influences et d’expériences qui m’ont permis de satisfaire un trait fondamental de mon caractère : la curiosité ! L’humour et le refus de se prendre au sérieux font également partie intégrante de ma personnalité : le plaisir de faire des bons mots, spirituels, ou pas, je l’ai hérité de ma grand-mère.

C’est toute cette expérience de vie, aussi bien professionnelle que personnelle, qui m’a finalement amené à me lancer dans l’écriture de romans… Sauf que… L’envie était là, pas le déclic.

Jusqu’à ce fameux matin ou les personnages que j’avais en tête depuis un petit moment se mirent à prendre vie: la série des aventures de Rossetti & MacLane était née !

Placée sous le signe des nouvelles technologies, de l’humour et du suspense, on assiste à la naissance d’une complicité entre deux êtres qui auraient très bien pu ne jamais se rencontrer et vont pourtant former un duo très efficace !

Cover_jeux_dangereux_V2.225x225-75En vente aussi sur Kobo et iBookStore

Jérôme Dumont répond aux  5 questions

1.

Comment as-tu défini le prix de ton ebook ?

Il est toujours difficile de mettre un prix sur son travail, qui a demandé peine et sueur. Cela étant dit, il faut considérer deux éléments principaux :
    • Le premier : les prix généralement pratiqués par les autres auteurs auto-édités. J’ai pu constater qu’il est très rare pour un auto-édité de proposer son livre à plus de 5 euros. Il faut rester réaliste et se mettre dans la peau du lecteur/découvreur d’auteur. Est-ce que je paierai plus que ce prix pour un parfait inconnu ? Non.
  • Le second : alors que dans un circuit traditionnel d’édition l’auteur ne peut prétendre à plus de 4 à 12% du prix de vente, nous savons que sur les plateformes d’auto-édition, il nous revient entre 50 et 70%. Il faut également en tenir compte dans la fixation du prix.

2.

Qui a formaté ton ebook ?

Depuis l’écriture jusqu’à la mise en marché, j’ai tout effectué seul. Alors que mon premier ouvrage, paru en 2011 fut très difficile à formater (surtout pour Kindle), fort heureusement, il existe aujourd’hui des outils qui facilitent énormément la vie. J’utilise Scrivener pour écrire et, outre ses qualités d’outil d’écriture, il présente le gros avantage de compiler très facilement au format .epub ou .mobi. Il y a quelques paramétrages de base qui peuvent être pénibles (numérotation et/ou titre des chapitres, préservation de l’alignement du texte), mais une fois ces écueils passés, on compile extrêmement rapidement et efficacement. J’utilise ensuite Calibre pour envoyer par email mon manuscrit sur mon kindle et vérifier ainsi le formatage. Enfin, l’usage d’Antidote est indispensable, même si l’outil n’est pas totalement infaillible pour analyser les structures de phrases. 51vk5wsPpcL._AA278_PIkin4,BottomRight,-43,22_AA300_SH20_OU15_

3.

Sur quelles plateformes ton livre est distribué ? S’il y a des plateformes sur lesquelles ton/tes livres ne sont pas distribué(s), donnes-en les raisons.

J’ai commencé par distribuer mes livres sur itunes (iBookstore), depuis 2011 pour mon premier livre (plutôt un témoignage qu’une fiction) et j’avais été très satisfait, d’autant que je n’avais strictement rien fait pour le promouvoir. J’ai donc naturellement pensé que pour mes romans, iTunes pourrait être ma plateforme de prédilection. Néanmoins, si les ventes de mon premier livre (qui parle de régime) ont bien marché, pour ce qui est d’une fiction, j’ai constaté que c’était beaucoup plus difficile. De façon très prévisible, c’est la plateforme d’Amazon qui donne les meilleurs résultats (mon livre de régime y figure d’ailleurs depuis 2011 et contrairement à Apple, il ne se vendait pas du tout).

Mes livres sont également distribués sur la plateforme de Kobo. Outre les difficultés techniques (Kobo Writing life est très pointilleux sur le formatage de l’ebook – en ce qui me concerne, ça a été des soucis de UUID dans l’encodage, ainsi qu’un format de date inapproprié dans les méta-données qui m’ont causé des soucis), les ventes restent anecdotiques et j’ai eu, aux débuts de la publication, toutes les difficultés à trouver mes ouvrages sur le site de Kobo…

Enfin, les livres sont également offerts sur la plateforme de Google, où les ventes sont encore plus anecdotiques que sur Kobo et la procédure de mise en ligne assez ardue.

La facilité et l’efficacité de la plateforme d’Amazon est, à ce jour, inégalée et je ne m’étonne pas que la grande majorité des auteurs auto-publiés se tournent vers cette dernière. J’ai par ailleurs récemment formaté mes livres pour les rendre disponibles en version papier, grâce à la plateforme Create Space. J’attends impatiemment les épreuves papier pour me faire une idée concrète de la qualité mais, là encore, passée une apparente complexité, Amazon a bien fait son travail.

J’envisage également de rendre mes livres disponibles au format audio, et je voulais utiliser la plateforme d’Amazon (www.acx.com) pour ce faire. Malheureusement, en l’état, il est indispensable de disposer d’une adresse aux Etats-Unis pour pouvoir procéder. Je vais me plonger plus en détail dans la question, car l’idée (qui m’a été suggérée d’ailleurs par un beta-lecteur que je remercie au passage) me semble intéressante. Sauf que, pour le moment, la mise à disposition sur amazon semble se limiter à amazon.com, ce qui en atténue encore largement l’intérêt.

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4.

Démarches-tu les blogs et sites de critiques. Combien de critiques as-tu obtenu sur ton/tes livre(s)? Es-tu satisfait(e) de tes relations avec ces sites et blogs ?

J’ai eu la chance d’être remarqué par un blog en démarrage RL21, qui a du reste critiqué mes deux premiers livres, sans que je ne les aie démarchés.

Je les ai contactés pour les remercier et nous avons gardé de très bons contacts ; ils font partie de ma liste prioritaire pour l’envoi de mes ouvrages lors de leur parution, de même que quelques lecteurs qui m’ont fait la gentillesse de me contacter directement et dont un, en particulier est devenu un beta-lecteur extrêmement précieux, avec qui j’ai eu le plaisir de longuement discuter de mes bouquins et de ma démarche.

J’ai également proposé mon livre en lecture commune sur un forum dédié au livre numérique, qui a été retenu. Les critiques sont globalement très positives et ce qui l’est moins m’a permis de m’améliorer.

On peut citer : le blog du Chat Fou

« L’écriture est fluide, la lecture l’est autant, c’est ce que j’appelle un roman de gare, un vrai. Et ce n’est pas péjoratif du tout, c’est le livre qu’on peut avoir dans un coin et lire d’un coup comme par petits bouts, même s’il n’est pas haletant, il est bien prenant, bref c’est un moment agréable. »

Ou encore :  Caput Mortuum

« Au final, cet ebook possède un énorme atout, son histoire, mais malheureusement, le texte manque de rythme et possède des longueurs. Ceci dit, d’une part, j’aime bien le personnage principal Maître Gabriel Rossetti et d’autre part, j’aime l’originalité du roman, je vais donc jeter un œil aux suites des enquêtes de Rossetti et MacLane. »

Ou bien : L’Avis de Deidre

« Mes attentes ont été en partie comblées. Jeux dangereux est un policier plutôt classique dans son approche, mais avec un style sympathique et maîtrisé et une très bonne idée de base. J’ai beaucoup aimé être projetée dans le milieu des jeux sociaux, et en apprendre un peu plus sur leur mode de fonctionnement. J’ai par contre parfois été perdue par du vocabulaire un peu trop technique et des descriptions trop nombreuses. L’histoire peine à démarrer, mais les personnages sont assez attachants pour que cela ne soit pas dérangeant. Le personnage d’Amandine, particulièrement, m’a beaucoup plu. »

Les aspects plus critiques de ces commentaires m’ont permis, je le pense, de m’améliorer, de fluidifier mon style et d’être plus attentif à la construction de mes intrigues.

J’ai beaucoup apprécié la diversité des commentaires positifs, qu’il s’agisse de tel ou tel personnage, des particularités retenues par chaque commentateur, même si, lors de la lecture de chaque critique, on a un peu l’impression de passer un grand oral !

Mais ça fait partie du jeu, et je pense qu’il faut se soumettre de bonne grâce à la critique dès lors qu’on met à disposition du public ses ouvrages.

En dehors de ça, j’ai sollicité pas mal de sites, blogs et autres et je dois avouer que, si la plupart répondent très poliment, la majorité a l’air très surchargée !

Cela dit, les prises de contact avec certains sites permettent parfois de faire connaissance avec des gens passionnés et ouverts aux nouveaux auteurs.

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5.

  • Quelles sont les actions qui ont le plus d’impacts sur tes ventes ? Peux-tu quantifier ces actions ?

Incontestablement, la gratuité.

Pour « amorcer la pompe », j’ai misé sur la gratuité pendant une période d’une dizaine de jours (le livre ayant été rendu gratuit sur iTunes et Kobo, Amazon s’est ajusté automatiquement, comme c’est leur usage).

Le résultat a été au-delà de mes espérances : près de 330 téléchargements gratuits en quelques jours, qui m’ont permis de me hisser numéro 1 des téléchargements gratuits sur Amazon.fr pendant presque trois jours !

Lorsque le premier ouvrage est redevenu payant, j’en ai réduit le prix à 0,99 euro et j’ai pu constater que non seulement les ventes du premier volume se maintenaient, mais surtout que les ventes du deuxième et du troisième volume ont largement décollées également (alors même que les prix sont plus élevés pour ces ouvrages : 2,99 et 3,99).

Je sais que certains auteurs sont réticents à la gratuité. En ce qui me concerne, j’ai adopté une démarche pragmatique : n’étant pas connu, il m’a semblé que c’était un bon moyen d’être découvert. Ce qui m’a valu de bonnes et de moins bonnes critiques, mais une fois encore, c’est le jeu.

Sans doute que mon expérience en développement d’applications mobiles, dont la grande majorité sont aujourd’hui disponibles en free to play m’a influencé et « décomplexé » vis-à-vis de la gratuité, mais au final, lorsqu’on écrit et qu’on met son livre à disposition du monde entier, on souhaite être lu !

La gratuité permet d’obtenir une visibilité qui me semble somme toute très intéressante ; à l’occasion de la sortie du quatrième épisode des aventures de Rossetti & MacLane, j’en ai profité pour célébrer l’événement par une nouvelle période de gratuité du premier tome.

Le blog de Jérôme Dumont

Lire les entretiens précédents d’auteurs auto-publiés :

Thibault Delavaud

Claire Roig

Jacques Vandroux

Marie Fontaine

Entretien avec Laurent Bettoni

Entretien avec Éric Nicolas

Entretien avec David Gaughran

Entretien avec Charlie Bregman

Entretien avec Agnès Martin-Lugand

Entretiens croisés avec Laurent Bettoni

Entretien avec Emily Hill

Entretien avec Fabienne Betting

Entretien avec Florian Rochat

Pourquoi en numérique ? est une série d’entretiens avec des auteurs autoédités en numérique, mais aussi d’autres acteurs qui font les corrections, le formatage, etc. et  travaillent avec eux.

Si vous désirez un entretien veuillez lire les démarches à suivre. Si vous êtes auteur ici , si vous n’êtes pas auteur

Pourquoi en numérique ? Un entretien avec Jérôme Dumont

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1ère mise en ligne et dernière modification le 9 janvier 2014



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