Notre pays va mal, très mal, beaucoup plus mal qu'on ne le croit. Désormais, se sont ses vertus cardinales qui sont touchées, ses valeurs profondes, son ossature. Oh ! cela ne date pas d'aujourd'hui, il y a bien plusieurs décennies que le mal se répand, à force de paroles politiques non tenues, d'affaires frauduleuses et toutes sortes de choses qui font que des millions de Français pensent que la parole de l'Etat ne vaut plus rien, qu'ils sont abandonnés à leur sort.
Mais depuis quelques temps, la maladie accélère sa besogne. C'est d'abord la laïcité, notre bien commun à tous, notre spécificité bien française qui a été mise à mal. D'abord par un président de la République qui n'hésitait pas à la bafouer, proclamant la supériorité du prêtre sur le professeur. Par l'extrême-droite ensuite qui au nom de la laïcité mène une lutte acharnée contre une seule religion, l'Islam. Par l'actuel gouvernement qui d'une excellente mesure, le mariage pour tous, mal négociée, mal défendue, mal expliquée, a réussi à remobiliser les plus réactionnaires des catholiques mais aussi des autres religions.
C'est ensuite l'impôt sur le revenu que le gouvernement a perverti. En multipliant les taxes, en favorisant constamment les plus riches et les plus aisés, le pays est désormais vent debout contre ce qui initialement était une vraie mesure de gauche, un vrai progrès social : la progressivité de l'impôt sur le revenu qui normalement devait faire en sorte que chacun paie son écot à l'Etat en fonction de ses revenus. Cette notion là, à la base de la valeur d'égalité qui prévaut dans notre République et dans notre devise, est désormais morte et enterrée. Ce qui domine maintenant, c'est un profond sentiment d'injustice face à l'impôt.
Enfin, avec l'affaire Dieudonné, c'est maintenant un droit fondamental de toute démocratie que l'on bafoue : la liberté d'expression ! Oui, les propos de Dieudonné sont scandaleux et choquants, mais jamais, au grand jamais, on ne pourra combattre cette pensée nauséabonde en l'interdisant. Ce faisant, on fait de Dieudonné un martyr, un héros capable de s'opposer à la bien-pensance de l'élite qu'une part grandissante des Français rejette désormais.
Tout se délite, tout part à vau l'eau. On ne sait pas ce qui pourrait sortir de la colère qui sourd dans l'hexagone. Et comme la colère est rarement bonne conseillère, le pire est à craindre. La France est vraiment le grand malade de l'Europe. Le pays qui a autrefois donné le meilleur de lui-même au monde se découvre un penchant de moins en moins honteux pour sa face cachée. Tout cela fait peur.