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Sauvez nos dunes !

Publié le 09 janvier 2014 par Blanchemanche

Accentuées par l'effet du vent, les récentes grandes marées ont considérablement endommagé un cordon dunaire déjà fragile à Saint-Clément, à Loix, à Ars ou encore aux Portes. À La Couarde, commune la plus touchée, l'inquiétude est grande. Le maire en appelle une nouvelle fois aux services de l'État.

Sauvez nos dunes !Patrick Rayton a beau avoir multiplié les allers et venues sur la plage du peu Ragot depuis le 1er janvier, il n’en croit toujours pas ses yeux. “Même en 1999, même en 2002, et même après Xynthia, je n’ai jamais vu ça. C’est effrayant…” Et le maire de La Couarde n’est pas le seul à être désolé par ce triste spectacle offert par la dune, littéralement dévorée par la houle de ces dernières grandes marées (coefficients de 108 vendredi 3 janvier). Appareils photos à la main, les promeneurs sont en effet nombreux en ce lundi pluvieux, tous animés par un même sentiment, celui de la désolation.
Retour à 2002
“Nous savions que la dune était fragile, mais jamais je n’aurais imaginé de telles conséquences”, poursuit Patrick Rayton. En l’espace d’une semaine à peine, le cordon dunaire a reculé sur la plage du Peu Ragot d’une dizaine de mètres, voire de 20 mètres à certains endroits. C’est à présent une falaise de sable haute de près de quatre mètres qui fait face à l’océan. Au pied de celle-ci, le sable n’est pas celui de la plage, mais bel et bien celui de la dune qui tombe inexorablement. “Quand le géotextile a les pieds à l’air, comme c’est le cas, le sable ne tient plus. Ma crainte, une fois que la crête de dune aura séché, c’est qu’elle s’effondre”, déclare le maire. Sur une centaine de mètres, le pied de dune n’est pas stabilisé par ce géotextile posé en 2003, soit un an après la tempête de 2002. Plus tard, au lendemain de Xynthia, un détachement de la 1re compagnie du 2e régiment étranger de génie était à pied d’œuvre, ici, au Peu Ragot, pour reconstruire une protection avec 100 000 m3 de sable. “Tout est reparti, en plus de ce qui avait été capté depuis Xynthia”, indique Patrick Rayton, désabusé.
En avançant sur la plage, le pas d’accès à la plage de La Pergola attire l’œil. Et pour cause : la dernière marche se trouve à environ 1,30 mètre du sable. “Le 3 janvier, le sable recouvrait cette marche. Le lendemain, il n’y avait plus rien.”
De l’eau à Goisil
Faut-il être fataliste devant Dame Nature et la force des éléments ? Certains le pensent et nous l’écrivent (lire en page 5, “Vos réactions”) : “On ne peut rien y faire. C’est la nature qui s’exprime, c’est tout.” Pour Patrick Rayton, la solution existe et se trouve à quelques mètres, entre l’épi de La Pergola et celui du Peu des Hommes. Pour cette partie de dune, la commune de La Couarde a obtenu de l’État une autorisation de travaux exceptionnelle le 18 janvier 2013. Six jours plus tard, une opération d’enrochement, cofinancée pour moitié par le Conseil général et la Communauté de communes, était menée sur 62 mètres pour un montant de 86 000 €. “L’enrochement a tenu bon et on a même gagné du sable en tête de dune”, souligne l’édile. C’est pourquoi une nouvelle demande d’arrêté de péril a été adressée lundi, par courriel, à la préfecture. “Même si nous obtenons cet arrêté en fin de semaine, même avec la meilleure volonté, le temps de réunir tous les partenaires, les entreprises, nous ne pourrons pas débuter les travaux avant au moins un mois et demi.” Mais ce que Patrick Rayton ne sait pas encore, c’est qu’au même moment, les élus de Charente-­Maritime valident le lancement d’une batterie de travaux d’enrochement pour Ré, mais aussi pour d’autres sites du département touchés par les intempéries (lire en page 5). Pour le Peu Ragot, la dépense devrait s’élever à environ 800 000 €, toujours selon le même principe du 50/50.
Plus au nord de la commune, au lieu-dit Moulin Brûlé, juste avant Le Boutillon, la dune a aussi reculé de 15 mètres. Des travaux d’urgence seront, là aussi, entrepris afin de sécuriser la Départementale qui, désormais, n’est plus très loin. Au pas des Anneries, l’enrochement a donné satisfaction. C’est la hauteur même de la plage qui a baissé. Enfin, à Goisil, la mer est montée sur le terre-plein central entre le bassin et le chenal. “À part après Xynthia, je n’avais jamais vu ça”, souligne Patrick Rayton. Il ajoute : “On a bien fait de mettre une protection sur ce secteur”, faisant ainsi référence à la digue montée l’été dernier, sans autorisation préalable des services de l’État.
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