- 9 jan 2014
- Gilles Rolland
- CRITIQUES
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Titre original : Homefront
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Gary Fleder
Distribution : Jason Statham, James Franco, Winona Ryder, Kate Bosworth, Izabela Vidovic, Frank Grillo, Omar Benson Miller, Rachelle LeFevre, Clancy Brown, Chuck Zito…
Genre : Action/Thriller/Adaptation
Date de sortie : 8 janvier 2014
Le Pitch :
Phil Broker, un ancien agent de la DEA, choisit de se mettre au vert après le dénouement difficile d’une affaire. Avec sa fille de 10 ans, il coule désormais des jours heureux dans un bled paumé, jusqu’au jour où un événement en apparence anodin le met dans le collimateur d’un dealer de meth local. Rapidement, les choses tournent au vinaigre pour Phil qui doit faire face à plusieurs menaces et autres intimidations. De quoi le pousser à revenir au turbin…
La Critique :
Homefront a tout du passage de flambeau. Jason Statham a été désigné par Sylvester Stallone. Alors, passation de pouvoir ? Pas vraiment. Sly n’a pas dit son dernier mot. Il continue à jouer les Expendables, et tourne à un rythme régulier. La retraite n’est définitivement pas une option pour l’Étalon Italien. Cependant, on sent clairement que Stallone considère Statham. Il le voit -à juste titre-comme l’un des seuls acteurs actuels capables d’endosser avec crédibilité et intensité le costume basdass de l’action man. C’était déjà clair dans le premier volet d’Expendables, où Stallone avait désigné Statham comme son bras droit, et ça se confirme aujourd’hui avec Homefront. Homefront qui est donc une adaptation d’un roman de Chuck Logan. Un film écrit par un Sly désireux dans un premier temps d’occuper le devant de la scène (après avoir envisagé d’en faire un épisode de Rambo), offert finalement à son poulain sur le tournage d’Expendables 2.
Le fait que Sly adoube de la sorte Statham ne fait que confirmer tout le bien qu’il faut penser de l’acteur britannique musculeux. Ok, le Stath ne tourne pas que dans de bons films. L’année dernière par exemple, fut une année un poil décevante pour Statham, qui ne réussit pas à maintenir l’intensité imposée par l’excellent Safe, en apparaissant coup sur coup dans deux thrillers un peu mous du genou, malgré quelques fulgurances notables (Parker et Crazy Joe donc). Avec Homefront, il profite du solide tremplin que constitue le scénario de son illustre parrain et livre une performance plus intéressante et nuancée que la promo du film ne pourrait le suggérer et contribue largement à faire de l’ensemble quelque chose d’extrêmement fréquentable.
On connait les ficelles. Homefront ne cherche pas à en mettre plein la vue avec une histoire alambiquée, aux rebondissements multiples. Il est donc aisé de savoir où et comment les choses vont finir. Là n’était pas l’objectif de Stallone. Lui, ce qu’il veut clairement, c’est offrir aux amateurs, un thriller tendu qui réponde également aux codes du cinéma d’action. Un cinéma d’action que lui et quelques autres, Schwarzenegger en tête, façonnèrent dans les années 80. Un cinéma qui va droit au but, qui s’avère généreux et aussi efficace qu’un bon coup de boule dans le pif.
Au final, c’est exactement ce qu’offre le long-métrage de Gary Fleder : des bastons, des fusillades, des punchlines et du suspens. Un menu XL qui ne pète pas plus haut que son cul et qui sait avant-tout utiliser tous les éléments mis à sa disposition pour répondre à l’attente des fans de ce genre de joyeuseté décomplexée. Homefront sait à qui il s’adresse et respecte son public. Hourra !
Pour autant, qu’est ce qui fait qu’un film comme Homefront mérite 4 étoiles ? C’est simple : en plus d’être un redoutable polar à l’ancienne, rythmé par des affrontements ultra percutants, le film sait aussi exploiter son environnement et ses personnages. Question environnement donc, rien à dire. La photographie est superbe. Tour à tour poisseuse et éclatante, elle illustre le contraste entre le danger qui pèse sur Statham et sur sa fille et la paix qui tente de percer, face à un passé qui ne demande qu’à refaire surface. Ayant décidé de délocaliser son récit en Louisiane (dans le bouquin, l’histoire se déroule dans le Minnesota), Stallone a fait le bon choix et Gary Fleder parvient à capitaliser sur ses paysages uniques.
Au niveau des personnages, même pertinence. Bénéficiant d’un casting de gueules en somme toute impressionnant, Homefront laisse les uns et les autres exister. Derrière l’affrontement de Jason Statham et du très convainquant James Franco (il sait décidément tout faire) s’anime une troupe composée essentiellement de seconds rôles très fréquentables. On retrouve avec joie l’excellent Clancy Brown, Winona Ryder paraît avoir rajeuni, Kate Bosworth campe une junkie plus que convaincante et Chuck Zito fait ce qu’il sait faire de mieux, à savoir les bikers (ex-Hells Angels et ex-garde du corps de Stallone, on a pu le voir dans la série Oz et dans Sons of Anarchy). Un casting solide donc. Solide et percutant. Des comédiens qui adoptent les us et coutumes du genre qu’Homefront entend embrasser. Même les plus jeunes, comme James Franco, semblent prendre un pied monstrueux à renouer avec cette idée noble d’un cinéma qui a fait la pluie et le beau temps du box-office d’antan.
Statham on y revient, impressionne pour sa part plus qu’à son tour, en exploitant le côté nuancé d’un rôle de père célibataire méritant mais un peu dépassé. C’est d’ailleurs la première fois qu’il fait preuve d’autant de sensibilité. La même qui animait jadis des métrages comme Haute Sécurité ou Copland. Stallone a mis du sien dans Homefront et le cadeau qu’il a fait à Statham est conséquent. Dans ses scènes qu’il partage avec la jeune Izabela Vidovic, Jason Statham laisse poindre une émotion inattendue. Une émotion qui tranche avec la brutalité dont il peut faire preuve quand son personnage est poussé à bout. L’équilibre est très bon et ne laisse jamais la place à la surenchère.
Finalement, si Homefront tient aussi bon la barre, c’est avant tout une question de dosage. Gary Fleder fait le job, quitte à parfois en faire un peu trop au niveau des effets de style (on l’a connu plus inspiré), Statham est parfait, les autres assurent les arrières avec aplomb et le scénario réserve un savant cocktail de coups de pompes, de bastons brutalement chorégraphiées, de répliques qui claquent, et d’émotion authentique, sans se priver de jouer parfois la carte de l’humour. Homefront est un film sincère. Et la sincérité aujourd’hui à Hollywood ne court pas les rues. La preuve si besoin était que ce très bon film thriller d’action appartient peut-être finalement à une autre époque. Ce qui est une très bonne chose.
Par contre, un mystère persiste : pourquoi avoir collé le drapeau américain sur le titre du film ? Il est où le rapport ?
@ Gilles Rolland
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