L'homme idéal (en mieux) - Angéla MORELLI

Par Liliba

 

Une lecture commune avec Noukette, Jérôme et Sara

Petite fille, on croyait au Prince Charmant, celui qui viendrait nous sauver et nous emmènerait sur son destrier blanc, au grand galop, avant la phrase rituelle « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Puis on a aimé notre Papa, l’homme parmi les hommes, notre modèle, notre référence. En grandissant, on a tâté de l’homme de-ci de-là en cherchant la perle, le vrai, le pur, l’Homme idéal… Qui l’a trouvé ? (celle qui doit oui est une menteuse, l’homme idéal, ça n’existe pas !)

Pourtant, quand Émilie rencontre le beau Samuel, on dirait bien qu’elle vient de tomber sur le gros lot… Il est beauuuuuu, il est sexy, galant et il fréquente les librairies… (mettez dans l’ordre les éléments qui vous semblent les plus importants pour le sexytude). Il est célibataire, traducteur, intelligent et attentionné… Hiiii ! Pourquoi elle et pas nous ?

Il faut dire que cette chère Émilie a bien besoin d’amour… Elle s’est réfugiée avec sa fille chez son amie libraire qui possède un très grand appart, après sa rupture avec Diego qui l’avait ignominieusement trompée avec une bombasse blonde (pléonasme !). Elle assume son métier de prof de lettres, même si elle a un mal fou à se mettre à la correction des copies, s’occupe de sa fille (à moins que ça ne soit sa fille qui s'occupe d'elle) et surtout, surtout refait le monde avec ses copines, que ce soit sur Facebook à des heures indues ou bien dans un bar parisien en buvant des cocktails improbables.

Ne lui manque dans sa nouvelle vie que la petite flamme qui fait qu’on a envie à nouveau de s’épiler, de se faire belle en quittant nos grands vieux gilets confortables, qu’on veut se faire un brushing (problème majeur pour Émilie dont les cheveux ne font que ce qu’ils veulent quand ils veulent), et dont la chère maman ne cesse de la bassiner au téléphone qu’elle va finir vieille et moche et seule…

J’ai adoré ce roman ! Ou plutôt, je devrais dire, cette romance. Car nous sommes vous l’avez compris, dans un conte de fées moderne qui fait rêver… Mais rire aussi, car la plume de Angela Morelli (que certaines auront bien sûr reconnue) est d’une finesse et d’une drôlerie infinie. Bien qu’un peu plus âgée et très mariée, et pas mal embourgeoisée, je me suis totalement retrouvée en Émilie et ses copines, 18 ans en arrière dans ma vie. J’avais 30 ans, je vivais à Paris, je cherchais (désespérément) l’âme sœur et mes copines et moi refaisions le monde en comparant les mérites de nos amants de passage, oui, tous les mérites, comme le font les filles de ce livre (taille, détails, performances et j'en passe...). On buvait des coups, on hurlait de rire pour n’importe quoi, on s’enthousiasmait pour un truc qu’on laissait ensuite tomber, un homme, une idée, un nouveau cocktail, un bar ou un nouveau truc déco. La vie n’était pas toujours rose ni facile, mais on riait souvent, tous les jours même. On partageait tout ou presque et quand l’une allait mal, les autres étaient là. Toujours. Alors je me suis régalée, bien sûr, car j’ai eu l’impression de faire machine arrière et de revivre ces années heureuses (ne croyez pas que je sois malheureuse maintenant, c’est juste… différent).

L’histoire est romantique en diable et on compatit aux affres qui saisissent Émilie : foncer, ne pas foncer, retomber amoureuse, risquer de souffrir, résister à Diego qui fait un retour en force, ne pas faire de gaffe toutes les 3 minutes, ne pas semer gants ou écharpe comme les cailloux du petit Poucet pour que Samuel soit obligé de la revoir…

La jeune femme est super attachante avec ses petits défauts et ses manies. Le classement de sa bibliothèque vaut à lui seul le détour, comme ses jurons du siècle dernier, ses kilos en trop qui la stressent, et l’innocence et la fraîcheur qui transparaissent sous les dehors d’une femme moderne. Les filles s’amusent avec leurs sex toys à qui elles ont donné des prénoms, mais rêvent de l’amûûûûûr, du vrai… Une dualité qui selon moi dépeint bien les femmes d’aujourd’hui : libres, indépendantes, franches et ouvertes, mais en même temps romantiques et fleur bleue comme des petites filles…

Certains pourront dire que ce roman est codé et formaté. Oui, un peu, mais c’est bien sûr le genre qui fait ça et cela ne m’a pas dérangée le moins du monde. C’est, répétons-le, un conte de fées moderne avec un prince charmant et ce qu’on attend d’un conte de fées, c’est de fondre en guimauve avec une fin heureuse après quelques péripéties qui auront failli empêcher les deux héros de s’aimer. Et on attendant, on rit beaucoup, et ça fait un bien fou !

Il faut ajouter aussi que le style est tout à fait agréable et que nous sommes loin d’un roman bâclé et mal écrit comme on imagine souvent (à tort d’ailleurs) les romans de chick litt ou de la catégorie romance. L'auteur sait manier la plume, parsème son texte de références sans que ça fasse étalage, et donne corps à tous ses personnages qui ont un vrai caractère, de la personnalité. Quant à Samuel, il semble vraiment idéal… Pour être rabat joie, je pourrais ajouter que les qualités de l'homme idéal sont moins évidentes après quelques temps de vie commune, quand on lave ses chaussettes, qu'on découvre qu'il pue du bec le matin, qu'il râle au petit déjeuner, ou rote quand il boit une bière avec ses copains... Ne parlons même pas des plans foot... mais laissons à Emilie les joies des prémices de l'amour, qui sont si douces...

Bref, l’homme idéal (en mieux) est un roman drôle et sensible, intelligent, très crédible et parfois délicieusement coquin, sans jamais tomber dans le vulgaire. On en redemande !

Un roman lu par Yueyin, Culturelle, Cuné, Cath Ulu, Karine, Stephie, Leiloona...

À lire en numérique uniquement pour l’instant. Pour commander cette petite douceur : c'est là ! (on peut se lâcher, c'est 3,99 € !!!)