Le premier volet invitait à suivre les pas de deux frères que tout oppose. Brad est un assassin à la solde du gang des Grave Diggers, qui tue des gens pour seulement 10 dollar. Luke est un bon samaritain qui gagne sa croûte en travaillant et qui ignore tout des activités de son frère aîné. Plongé dans un univers qui mêle les codes du western avec une histoire de guerre de gangs dans le New York de 1865, le lecteur retrouve donc avec grand plaisir le bidonville de Five Points juste après la guerre civile. Dans cette zone de non-droit où de nombreux immigrants venus chercher prospérité aux Etats-Unis tentent de survivre au milieu de gangs qui y font régner la terreur, la tension est à son comble. Le tome précédent avait en effet abandonné Brad, alias le Grim Reaper, dans une position qui lui permettait de mettre fin aux jours de Kip McDowell, le fils de son patron. Un choix cornélien qui risque d’influencer l’avenir de sa famille et de mettre à mal l’équilibre fragile entre Les Grave Diggers et les Iron Butterflies, les deux gangs qui se disputent le contrôle de ce quartier de l’île de Manhattan à New York.
Si l’auteur dépeint un environnement violent et sans espoir, où vols, prostitutions et meurtres fleurissent, il livre également des personnages aussi charismatiques qu’amoraux. Du héros violent aux flics corrompus, en passant par le fils psychopathe d’un chef mafieux, les personnages contribuent à plonger cette série dans une ambiance sombre et malsaine. En proposant un duel sanglant entre le Grim Reaper et Raymond Filztgerald, le numéro deux des Iron Butterflies, ce deuxième tome joue pleinement la carte de l’action. Si cet affrontement entre les deux redoutables tueurs renforce encore l’ambiance western de l’ensemble, l’histoire semble par contre un peu stagner. L’arrivée d’un nouveau protagoniste en fin de tome promet cependant de relancer l’intrigue familiale développée en toile de fond depuis le début de cette saga.
Visuellement, le travail de Masasumi Kakizaki est impressionnant. À l’aide d’un trait réaliste, il propose des décors très fouillés et des personnages aux trognes effrayantes, tout en retranscrivant avec brio l’ambiance de l’époque. L’auteur restitue à merveille l’ambiance malsaine, glauque et violente de ce quartier de Manhattan et distille ses doubles planches cinématographiques avec grande efficacité.
Un manga que vous retrouverez dans mon Top de l’année !