Misfits, Saison 5Série créée par Howard Overman.Date de diffusion : 23 octobre 2013 – 11 décembre 2013.
Cette cinquième saison de Misfits est aussi la dernière. La série n'a cessé de se réinventer au fil des saisons sans jamais parvenir à retrouver la magie qui faisait de la première un succès. Il faut dire que les séries anglaises aiment malmener leur public en changeant entièrement le casting au fil des années, si bien que toutes traces de l'histoire d'origine disparait avec le temps. La cinquième saison est la première où aucun des membres du casting d'origine n'est présent, mais est-ce pour autant une mauvaise chose ? Est-ce que, à l'instar de Being Human, Misfits parvient à trouver un nouveau souffle et offrir un final épatant ?
Les vieilles recettes ...
Si la quatrième saison parvenait à garder un tant soit peu de l'esprit de la première saison, c'était bien évidement car Curtis était l'unique rescapé de l'équipe. On conservait une fausse impression de continuité avec ce lien (assez mince il faut le dire) avec le passé. Du coup, la cinquième saison semble bien fade, d'autant plus qu'elle recycle avec beaucoup de maladresse les recettes utilisées auparavant. On peut parler de clin d’œil, mais la vérité est qu'il y a un terrible manque d'originalité. L'ouverture de la saison sur une transplantation est évidement similaire à l'arc scénaristique de Nikki lors de la seconde saison. Mais là où le résultat est décevant est que le pouvoir obtenu par Alex semble plus être un blague qu'autre chose. Cela continue jusqu'à la fin de saison avec une utilisation à outrance et même maladroite du pouvoir. Au final, ce n'est ni vraiment marrant, ni même très intéressant, et cela ne donne même pas l'occasion de développer quelconque thématique. Un autre élément recyclé est celui de l'épisode sous drogue. On sait depuis un moment que la drogue inverse les pouvoirs. Alors que le tout était très bien utilisé lors de la seconde saison (les pouvoirs des personnages étant beaucoup plus intéressants), on se retrouve ici avec un drôle de mélange. La plupart des personnages n'ont pas leurs pouvoirs inversés, tout simplement car il est impossible de le faire. Abby, Rudy et Finn restent donc sur la touche et on se retrouve avec une nouvelle utilisation du pouvoir d'Alex. Décevant. Il est évident que les scénaristes jouent la carte de la nostalgie pour faire accrocher les fans de la première heure, mais malheureusement la sauce ne prend pas. Au lieu d'essayer d'innover, on nous propose la même chose en moins bien, et ça ne suffit pas à soutenir la saison. Pourtant, la série intègre un élément extrêmement intéressant : le groupe de soutien aux personnes ayant des pouvoirs. J'aurais aimé que la saison intègre de façon un peu plus concrète ce groupe de personnes. Malheureusement, on nous ressort un personnage datant (encore) de la deuxième saison au lieu de développer ceux qui seront au centre de l'intrigue lors du final. J'ai par contre aimé les pulls tricotés prophétiques même si leur impact sur la série n'est au final que mineur.
De "vrais" superhéros.
Le problème avec cette saison, c'est qu'étant donné qu'elle était annoncée comme étant la dernière, il aurait du être prévu d'en faire quelque chose d'épique plutôt qu'une répétition du passé. J'ai du coup été particulièrement étonné par les derniers instants du dernier épisode où on nous ressort une réplique qui remonte au pilote, c'est à dire qu'ils se mettent en tête de devenir de vrais superhéros. La saison s'articule grossièrement autour de Rudy 2 essayant de construire son équipe avec des nouveaux personnages, sortis de nulle part (et ayant des pouvoirs bien plus cools que les principaux), alors que depuis le départ le casting principal stagne sans réel but. Pourquoi ne pas avoir vraiment amorcé le départ du Community Service dès la mi-saison et intégré le combat entre les deux équipes plus tôt ? J'ai vraiment l'impression d'une opportunité manquée au profit de scènes, voire d'épisodes entiers, complètement redondantes. Les ingrédients étaient pourtant à leur disposition. Alex aurait pu obtenir n'importe quel pouvoir, celui de voler ou de produire de l'électricité, et Abby, en plus d'être imaginaire, aurait pu influencer la réalité autour d'elle selon certaines règles. Il y a ici un clair manque d'audace et même une peur de prendre des risques. Sinon, pourquoi avoir essayé de bêtement copier la seconde saison ? Je suis étonné lorsque je vois que le showrunner est le même du début à la fin de la série, alors que la qualité de l'intrigue n'a fait que chuter avec le temps. Je ne parviens pas a expliquer tout ça.
L'identité de la série.
Ce que j'aime par contre, c'est que la série a sût garder son identité jusqu'à la fin. A l'inverse de Being Human qui en plus de changer de personnages, change de lieux, Misfits conserve le même visuel jusqu'à la fin. Je ne me lasse pas des prises de vue calmes sur les barres d'immeubles gris, les sous-sols crasseux et les escaliers interminables. Même si tout semble se ressembler, chaque épisode met en scène un nouveau lieu, un nouveau coin de cité qu'on n'avait encore jamais vu. Il est clair que si la série à pas mal de faiblesses au niveau scénario, la réalisation est toujours impeccable et un régal pour les yeux. Là où la série pêche, pas contre, c'est bien évidement au niveau des effets visuels. Alors que les premiers pouvoirs étaient relativement pauvres en effets, on se retrouve ici avec quelques séquences assez dégueulasses, principalement dans le dernier épisode - ce qui est un peu frustrant à mes yeux - mais aussi tout au long de la saison. Les scènes de vol sont affreuses, tout comme la réalité "jeu vidéo" du personnage qui n'aurait jamais du revenir. C'est assez dommage, car jusque là, Misfits avait su se faire remarquer par ses effets discrets mais élégants. Je trouve au final le résultat un peu décevant, car même si la série parvient à conserver une photographie dans la veine des premières saisons, la surenchère d'effets mal réalisés nuit à l'ensemble. Au lieu de se contenter du minimalisme et de la simplicité, on se retrouve embarqué dans un chaos visuel qui nous laisse avec un goût amer dans la bouche une fois le dernier épisode terminé.
La grande question qu'on se pose au final est : est-ce que cette cinquième saison est toujours Misfits ? Alors que je tentais de trouver des excuses pour la quatrième, je dois avouer que cette saison m'a relativement déçu. La magie a disparue depuis longtemps et les tentatives désespérées pour jouer la carte nostalgie ne fonctionnent pas. Pour moi, Misfits échoue dans sa mission de nous proposer un final digne de son pilote, quelque chose de moralement discutable, qui nous fait nous demander où est-ce qu'on est tombés et surtout qui propose une histoire de superhéros hors du commun. Est-ce que je regarderais Misfits de nouveau ? Oui, probablement, mais pour revoir Alisha et Simon, pas ce final décevant.