Il sort demain ! (Et elle sera l’invitée unique de La grande librairie le soir-même.)
Voici ce qu’en dit Télérama :
"Comment survivre à ceux qu’on aime ? Donna Tartt effectue un retour magistral avec cet ample roman, où s’entrechoquent le bien et le mal.
Connaissez-vous Carel Fabritius ? Connaissez-vous son délicieux Chardonneret, minuscule oiseau peint sur lumineux fond crème, et vous fixant vivement sur son perchoir, la patte entravée par une chaînette ? Il reste moins de dix toiles de cet élève de Rembrandt adulé par Vermeer, qui adopta sa pure clarté… Celui qui relia les deux maîtres hollandais du xviie siècle disparut en effet dans son atelier de Delft un matin de 1654, à 32 ans, lors de l’explosion d’une poudrerie proche. Et la plupart de ses œuvres avec lui. Soufflées par la déflagration. Exactement comme Audrey, la mère cultivée et élégante du narrateur et jeune héros – Théo –, ce matin d’hiver des années 1990, dans un grand musée de New York. Acte terroriste ? On ne saura pas vraiment. La vraisemblance historique, politique n’intéresse pas directement l’écrivaine Donna Tartt, même si elle nourrit sa dernière saga initiatique au cœur de l’Amérique d’aujourd’hui. La passionnent davantage l’enchevêtrement du bien et du mal, les frontières douloureuses entre la culpabilité et la responsabilité, les labyrinthes de la mémoire et les ravages du secret. Ce point magique, dit-elle, où « chaque idée et son contraire sont tout aussi vrais ». Où « une plaisanterie devient sérieuse et où n’importe quoi de sérieux devient une plaisanterie ». Où Le Chardonneret de Carel Fabritius, de minuscule boule de plumes et d’os incarne peu à peu l’idée même de la peinture.
Le miracle est que l’auteur prodige du Maître des illusions (1993) – quelque sept cents pages pour un premier roman écrit à 29 ans – puis du Petit Copain, composé dix ans plus tard, parvient à nous faire toucher magistralement dans son troisième ouvrage ce névralgique point-là. Au risque de s’y électrocuter, d’être en tout cas embrasé par une lecture qu’on ne lâchera pas huit cents pages durant. Il y a bien du savoir-faire de lectrice érudite dans ce récit tout ensemble métaphysique et concret, inspiré de la plus éclectique littérature européenne – Dickens, Dostoïevski, Stevenson, Proust – comme des mystères façonnés aux Etats-Unis à la manière d’Edgar Poe et Henry James, sans oublier une cruauté sophistiquée chère à Truman Capote. Sauf qu’à 50 ans Donna Tartt sublime ces univers, les conjugue dans un maelström d’émotions, de sensations, de réflexions fondu dans les mots mêmes, sculpté dans une écriture violente, brutale et admirablement cinématographique. La description de l’explosion qui scelle pour jamais le destin de Théo est ainsi un moment suffoquant par son chaos, sa rapidité et son effroi ; les prises de drogues ou alcools divers aussi.
Peu de sexe dans Le Chardonneret, et peu d’amour. Au moins avoué ou permis. « La vie est une catastrophe », affirme encore Théo, quatorze ans après la disparition maternelle dont il ne se remettra jamais, « Mieux vaut ne jamais être né que d’être né dans ce cloaque ». Sauf qu’il y aura rencontré des personnages extraordinaires : les grands bourgeois dégénérés de la famille Barbour qui l’accueille du côté de Central Park, puis le loser dantesque qu’est son alcoolique de père, qu’il suit à Las Vegas ; Boris, l’ami russe déjanté qu’il rencontre là-bas ; Hobbie, l’énigmatique antiquaire du Village dont il devient l’associé ; Pippa, dont il est tombé amoureux le jour même de l’explosion, dans cette exposition sur les peintres nordiques qu’elle visitait, elle aussi, avec son oncle… Cet oncle qui donna à Théo une drôle de bague et l’incita à s’emparer au milieu des gravats du Chardonneret, fil rouge – et habile procédé narratif – de cette fascinante histoire de vie, de mort, de mère et de fils, d’excès en tout genre. Le chagrin est inséparable de la joie chez les inséparables paumés que deviennent Théo et Boris. A la fin de leur rocambolesque poursuite du Chardonneret, ces David Copperfield ou Raskolnikov du XXe siècle nous auront fait traverser un no man’s land entre vérité et mensonge, réel et illusion, amour et haine, mémoire et oubli. Qu’on ne cherchera même pas à identifier. En dire davantage serait les trahir et dénaturer les zones opaques où le roman nous aura fait plonger. Pour apprendre à sortir du désespoir en chantant…”
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