Le métier des professionels qui vendent par téléphone les produits dont vous n'avez pas besoin
C'est le second jeune africain qui vient nous voir au cours de cette semaine de reprise. Surendetté de 8 500 € pour le même motif que le premier : il envoie en priorité l'argent à la famille au pays, et s'acquitte de ses obligations en France ensuite. Résultat: au premier les arrièrés d'impayés de loyer valent un refus de regroupement familial - refus du Préfet qu'il a heureusement réussi à faire annuler par le Tribunal Administratif.
L'explication du second est simple: " pour vous français la famille se limite au couple et aux enfants, puis les enfants quittent le foyer et ne sont plus à votre charge.Tandis que nous, nous devons faire vivre notre foyer, aider nos parents, nos grands-parents, et toute la famille..."
Bénéficiant d'un plan conventionnel de redressement de la Banque de France, il vient pour renseigner un formulaire de demande de mensualisation du paiement de la Taxe d'Habitation, dont la date limite d'acquittement est dépassée. Je lui fais un dossier nickel qui devrait passer comme une lettre à la Poste.
En fin d'entretien, il me fait le coup des demandes gigogne: la petite demande d'abord, la grosse après. Je ne suis pas déçu.
Il m'annonce qu'il a un second dossier à traiter auquel il ne comprend rien. Il bénéficie de son employeur d'une prise en charge de ses frais d'hospitalisation en cas d'accident de travail - sous réserve l'invité-je, de renseignements complémentaires concernant l'extension des garanties -, et croit que la proposition du contrat qui lui a été présentée par téléphone prend le relais du premier.
Je lis les documents, et je constate qu'il s'est engagé contractuellement par téléphone auprès d'une société de prévoyance. Qui va lui débiter son compte par prélèvement automatique dès le mois de février 2014, d'une petite somme (24 €). 24 € qui lui serait bien utile dans un budget pris en tenailles entre ses besoins personnels et ses dettes en France; et la famille au pays.
La lettre date du 6 décembre dernier, il avait un mois pour renoncer (jusqu'au dimanche 5 janvier); il vient me voir un samedi 4 janvier et présente cette affaire à l'heure de la fermeture de la Poste, au moment où le personnel se réunit pour manger des chocolats et prendre l'apéro pour fêter la nouvelle année avec sa courbe de croissance qui monte et l'inversion de sa courbe de chômage qui baisse.
Les ressorts de mon fauteuil grincent et hurlent de colère sous mes bonds.
Il serait venu avant Noël, ou m'aurait présenté ce dossier en début de matinée, la lettre aurait été expédiée dans le délai, au plus tard aujourd'hui.
Pire, j'ai oublié de lui dire qu'il pouvait l'envoyer aujourd'hui en allant à la Poste du Louvre, ouverte le weekend.
En 2014, je formule le voeu que tous les gens qui se laissaient jusqu'en 2013, mettre la pression et déstabiliser par les commerciaux du marketing téléphonique sachent :
1) couper la parole en affirmant qu'ils n'ont besoin de rien,
2) leur raccrocher le téléphone.
Ce qui me sauve, c'est que je lui ai dit de revenir s'il y a problème : je sais comment le sortir de ce mauvais pas.
Plume Solidaire
Monsieur …………….
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75019 PARIS
ALLOFAIR SAS
Bureau 46
128 rue de la Boétie
75008 PARIS
Paris le 4 janvier 2014
OBJET : renonciation
PLAN PREVOYANCE HOSPITALISATION N°17695519
Lettre recommandée avec accusé de réception
Madame, Monsieur,
J’accuse réception de votre courrier du 6 décembre 2013 m’informant que je compte parmi vos clients.
Je vous informe de ma décision, conformément à ma Faculté de renonciation mentionnée dans les Conditions Générales, de ne pas donner suite à votre proposition.
Par ailleurs je relève que mon interlocuteur s’était engagé à me faire connaître une proposition par écrit. Etant illettré, je prends connaissance aujourd’hui, par l’intermédiaire des conseils d’un juriste des modalités des méthodes de vente par téléphone.
Cette méthode s’est apparentée aux techniques de vente forcée, qui m’a contraint malgré moi à vous communiquer mes coordonnées bancaires (RIB).
Enfin, étant en situation de surendettement auprès de la Banque de France de Paris, je vous informe que je ne suis pas autorisé à engager de dépense de cette nature.
Je n’hésiterai à engager toute procédure à l’encontre de votre société, dès le premier prélèvement sur mon compte bancaire, décision qui me placerait dans une situation de grande difficulté avec ma banque.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, mes salutations distinguées.