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L'intervention française en Centrafrique

Publié le 08 janvier 2014 par Vindex @BloggActualite
Dimanche 29 décembre, marque un  nouvel épisode des tensions secouant la Centrafrique et plus particulièrement Bangui sa capitale. En effet, des résidents tchadiens, un pays limitrophe, fuient la capitale par peur de massacres en représailles. Pendant ce temps, le pays est au bord de la rupture entre musulmans et chrétiens. Un conflit qui était d’abord une lutte ethnique pour le pouvoir, se transforme en une lutte religieuse bien plus dangereuse car capable de diviser le pays.Qu’est-ce qui a conduit ce pays du centre de l’Afrique à tomber dans le chaos et à nécessiter une intervention étrangère pour éviter des massacres ?
Comme toutes les crises, il faut remonter dans le temps pour en comprendre les enjeux. La Centrafrique est un pays où 80% de la population est chrétienne. Toutefois, un cinquième de la population environ embrasse la religion musulmane. Cette minorité réside essentiellement dans le Nord du pays. En mars 2013, la Séléka, une rébellion majoritairement composée de musulmans et soutenu par des Soudanais et des Tchadiens, eux aussi musulmans, renverse le président François BOZIZE, lui-même arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en mars 2003. Elle installe Michel DJOTODIA, un musulman à la tête de l’Etat, une première dans l’histoire du pays. Ces groupes sont les descendants des peuples du nord du pays ou des Soudans et Tchad actuels qui au XIXe siècle, descendaient jusqu’aux abords de la forêt tropicale pour piller la région et capturer des esclaves (voir carte ci-dessous).
L'intervention française en Centrafrique
Toutefois, la situation n’est pas stabilisée et la rébellion lutte contre les forces restées fidèles à l’ancien président (les forces armées centrafricaines). Entre mars et juin 2013, de très nombreuses exactions sont commises par les membres de la Seleka. L’ONG Human Rights Watch, présent sur place, chiffre à un millier le nombre de maisons ou habitations détruites, et dénombre des dizaines de victimes. Un total de 34 villages auraient été entièrement brûlés [1](voir carte ci-dessous).Des milices chrétiennes se créent alors pour résister aux exactions de la Séléka. Ces deux factions s’opposent dans des violences interconfessionnelles au prix du massacre de la population civile. La force multinationale de l'Afrique centrale déployée par la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) pour aider à sécuriser la région lors de la guerre civile qui dure depuis 2012 est totalement dépassée. L’ONU vote alors une résolution, le 5 décembre 2013, qui permet à la France d’intervenir pour faire cessez les massacres et tenter de rétablir l’ordre. La Centrafrique est une ancienne colonie française indépendante depuis 1960 mais qui garde toujours de nombreux liens avec l’ancienne métropole. Le pays a longtemps servit de base arrière militaire à Paris au vu de sa situation centrale en Afrique. Les troupes françaises, environ 1 600 hommes, sont basées essentiellement à Bangui, aidées de la force multinationale de l'Afrique composée essentiellement de tchadiens, pays  frontalier, et dont le régime se veut le régulateur de l’Afrique centrale. L’objectif principal est de désarmer les milices pour éviter les massacres mais cette tâche est très longue. De plus, l’Etat étant inexistant, c’est à la France d’assurer en grande partie l’ordre à Bangui et éviter les pillages ou les massacres. D’autant que les civils tchadiens, nombreux à Bangui, sont obligés de fuir le pays car les troupes tchadiennes sont accusées de massacrer les chrétiens. La population les assimilent aux rebelles musulmans et les rejettent avec des relents de xénophobie.
La menace de massacres est toujours présente et le désarmement des milices s’annonce être une tâche longue et difficile. De plus, la France se retrouve critiquée par les deux camps. La minorité  musulmane vivant dans le sud du pays, instrumentalisée par la Séléka, l’accuse de partialité en protégeant davantage les chrétiens. Quant à la majorité sudiste chrétienne, elle reproche à nos forces, soit de ne pas la protéger, soit de ne pas lui permettre de se venger (ce qui est tout de même logique). Il est désormais à craindre que la présence française en Centrafrique soit plus longue qu’au Mali. Nous verrons bien la suite des évènements au cours de l’année qui commence.
Sources :
-Le Monde-Le Blog de Bernard Lugan-HRW.org -Wikipedia-Realpolitik.tv

[1]http://www.hrw.org/fr/news/2013/09/18/republique-centrafricaine-les-nouveaux-dirigeants-commettent-de-terribles-exactions

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