Dans une mise en scène épurée, régie par la lumière tour à tour réconfortante et angoissante, Robert Hirsch/André déambule dans le labyrinthe des souvenirs incomplets. Fringant vieillard à l’esprit malade et pourtant si vif, qui recherche inlassablement sa montre, dernière boussole de son quotidien. De sa bouche, les mots acides et les sentences tombent tels des couperets. Souvent amusants, parfois durs. Il n’épargne personne et surtout pas sa fille qui le traite de plus en plus comme un enfant. Mais l’amour est dans le sacrifice et l’acceptation. Le comédien est d’une présence formidable, avec ses gestes saccadés, ses colères, son humour. Une certaine légèreté parvient à figer quelques instants heureux, le temps d’une discussion avec une jolie aide soignante ou d’une démonstration de claquettes. Isabelle Gélinas/Anne est inquiète, aimante, perdue, conciliante. Que faire face à la maladie qui avance inexorablement? Existe-t-il une bonne solution pour tout le monde? Hormis une interprétation sublime et une écriture juste et fine, Le Père a l’intelligence des pièces qui savent poser les questions essentielles, ces questions auxquelles nous sommes ou serons tous confrontés un jour, de près ou de loin. Du grand théâtre.
Théâtre Hébertot
78 bis boulevard des Batignolles
75017 Paris