Claude s'en est allée.
Juste un instant
mais pour toujours.
Hélas, les fées aussi, un jour, nous quittent!
Quand elle foulait l'herbe menue de son jardin, à Saint-Maurice,
quand elle rêvait dans son hamac,
quand elle parlait aux fleurs de l'été triomphant,
quand elle chantait à voix légère
au coeur de sa Chartreuse au nom si bien nommé,
quand elle filait le fil des jours
tissant les riens, ces petits riens
qui font le bonheur de nos vies,
l'araignée tombée du plafond, le nuage, l'étincelle,
quand elle appelait à rescousse
Katherine Mansfield, l'autre amie-fée,
déjà précédant son passage,
quand elle était tout près de nous,
enfant pour toujours proche
d'autres enfants,
des siens,
de ses petites filles adorées
quand elle écoutait la musique
et la faisait vivre en riant
d'être complice
des musiciens, ses grands amis
quand elle s'avançait plus tard
appuyée au bras de Bernard...
La fée, Claude, s'en est allée
pour un instant
mais pour toujours
trop légère pour que nous retenions
son départ qui nous fait pleurer.
Mais il ne faut pas. Son image réapparait, mystérieuse et si belle, là, sous le pinceau de Bernard,
ici, joyeuse, dans la ferveur des choristes de la Chartreuse de Bonlieu, dirigée par Jean-Paul,
là encore, autour de la maison de poupée de Saint-Maurice,
et encore là, évidemment, en secret, dans le coeur de tous ceux qu'elle a profondément aimés, et bien sûr au creux de ses poèmes, trésors infimes, petits cailloux précieux, laissés sur son passage, pour que les ramassant, nous respirions encore le parfum de sa foulée légère, même au delà de l'épreuve.
Claude, en ce jour, s'en est allée. Les fées, hélas, nous quittent aussi.
Claude Braillard s'est éteinte le 7 Janvier. Une cérémonie d'adieu, où chantera pour elle la Chartreuse de Bonlieu, dirigée par Jean-Paul Montagnier, se déroulera samedi matin 11 janvier, à 10 h 30, à l'église de Cordeliers de Lons le Saunier.
Photo de Guy Serrière
Tableau de Pierrottet, alias Bernard Braillard