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Désirs et volupté à l'époque victorienne

Publié le 08 janvier 2014 par Pralinerie @Pralinerie
L'exposition du musée Jacquemart-André faisait partie de ma "to do list" (oui, j'ai une to do list des expositions que je souhaite voir). Je voulais m'y rendre pour le thème abordé mais surtout pour les œuvres présentées : toutes proviennent de la collection Perez Simon et l'on ne sait jamais trop si le collectionneur est susceptible de les prêter souvent ou non. Bref, j'y suis allée pleine d'enthousiasme en priant pour qu'il ne s'agisse pas d'une simple redite de l'expo d'Orsay : Beauté, morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde

Alma Tadema Roses Heliogabale

Alma-Tadema, Les roses d'Héliogabale, 1888

Comme toujours à Jacquemart, les espaces sont petits mais bien pensés. On entre dans le sujet par la figure d'Alma-Tadema, peintre qui s'inspire de l'Antiquité avec un désir de coller à l'archéologie. Il délaisse les grandes scènes classiques à la David pour y préférer les représentations de la vie quotidienne ou d'épisodes secondaires de l'histoire (Les roses d'Héliogabale - sale histoire que ces roses qui ont étouffé la moitié des convives de l'empereur). Il devient populaire à Londres et ses œuvres enchantent la bourgeoisie. Il est évidemment beaucoup suivi et le sujet classique inspire les peintres jusqu'au début du XXe siècle (oui, oui, en 1913, alors qu'on voit Picasso et Braque cubiser à qui mieux mieux, certains peintres anglais peignent encore des petites dames à l'antique, c'est assez amusant à voir).  Mais le maître mot de ces artistes, dans la mouvance du mouvement esthétique, c'est la recherche de la beauté formelle : on s'amuse à faire des drapés mouillés, comme sur les statues antiques. Et c'est un art qui se plait à représenter la femme : héroïne, sorcière, muse. Contrairement à ce que l'on imaginait suite au passage dans la deuxième salle, la femme n'est pas toujours représentée pour elle-même mais peut être un support pour une narration sous entendue : les thèmes arthuriens ou plus largement médiévaux ont la cote. De la représentation de la femme à sa nudité, on pourrait croire qu'il n'y a qu'un pas. Eh bien pas dans l'Angleterre victorienne : le nu s'impose progressivement. Et il joue sur la transparence, le caché, ... Bref, il est fortement lié à l'érotisme.  Notons la présence d'une salle consacrée à Strudwick, un élève de Burne-Jones. Je ne connaissais pas du tout cet artiste fortement inspiré par la Renaissance florentine et je vois assez mal comment le rattacher aux autres salles à part par son maître et par sa période...

Waterhouse Chant du printemps

Waterhouse, Le chant du printemps, 1913

L'ensemble présente des œuvres plutôt méconnues, très décoratives (si vous détestez le rose, évitez cette expo, c'est une couleur dominante. Idem pour les teintes pastel) et introduit aux thématiques abordées en cette fin de XIXe siècle anglais. Je lui reprocherai toutefois une très faible remise en contexte, notamment par rapport aux Préraphaélites, au mouvement esthétique ou à l'Arts and crafts. Mais l'exposition vaut le détour, ne serait-ce que pour les oeuvres.  Pour ceux qui hésitent ou qui veulent avoir un aperçu plus détaillé du propos, le site de l'expo est très bien fait. 

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