Le risque en BD, comme ailleurs, c'est la caricature. On trouve des albums où les hommes sont illustrés comme les vrais mecs qu'ils sont censés être. Musclés, la mâchoire carrée, le visage chevalin, le regard dur. Les femmes ont des seins surdimensionnés et semblent être décérébrées. Des flingues, des bagnoles, du fric, du sang, des blondes. Les BD dites pour filles ne valent pas mieux. Des chaussures hors de prix, du vernis, des cocktails, des yeux en forme de cœur, du rose, beaucoup de rose.
Avec un tel titre, pas évident d'échapper aux clichés du genre. Si on reste un peu sur sa faim car Zep aurait pu creuser davantage, Une histoire d'hommes est une bonne surprise. Les pages, douces-amères, sentent le lâcher prise, la maturité, la prise en compte de l'échec pour mieux avancer.
La nostalgie des jours enfuis, les regrets, la passion de la musique, le besoin des siens, la tribu que l'on s'est choisie autour d'une bonne bouffe, les bilans de la quarantaine. Même si j'ai été moins sensible aux couleurs, palette nuancée jouant avec le fil du temps, j'aurais bien aimé connaître la suite de l'histoire.
A 45 ans, l'auteur de Titeuf souhaite se renouveler et, peut-être, prouver qu'il lui reste encore beaucoup à apporter. Pas de doute, il est sur la bonne voie.
Rue de Sèvres, 62 pages, 2013
Extrait