Les éléphants est un long-métrage d’Emmanuel Saada qui sortira le 19 février 2014. Le réalisateur porte un regard poétique et attentif sur les relations affectives d’une poignée de quadra-trentenaires dévorés par la vie.
Entretien :
← Article PrécédentÀ l’origine, il y a de longues heures à regarder les gens un peu partout et à imaginer le son de leur voix, leur histoire, leur état émotionnel… Puis l’empathie prend le pas sur la curiosité et je me mets à trouver l’autre émouvant et fascinant, tellement « vrai » que j’ai envie de le filmer.
Pouvoir regarder l’autre dans ses moments de solitude, ses silences, là où il n’est pas en représentation, m’apparaît comme un fantastique privilège. L’album Present de mon frère Alexandre Saada fait encore écho à cette intuition; sa musique me parle des moments de silence qui révèlent la vérité de nos relations à l’autre.
Les éléphants aborde des thèmes universels, des problématiques exclusivement affectives : être libre et rester soi dans son couple, gérer le deuil et la solitude, accueillir la paternité, accompagner une grossesse, pardonner, accepter le doute, être solidaire et croire en l’avenir…faire des choix.
Chaque personnage a une quête personnelle à mener mais son histoire se construit avec et grâce aux autres, inévitablement. C’est en cela que le film repose sur des sentiments humains essentiels, omniprésents : l’amitié, l’amour, l’empathie, la tendresse.Pour aborder ces sujets, mon parti pris était avant tout de montrer et non de dire. Faire confiance à notre capacité à percevoir « entre les mots » pour essayer de ne pas écrire un film trop bavard. Suggérer les états-d’âme, raconter l’histoire par les moments qui suivent ou qui précèdent les grandes conversations pour recueillir l’essentiel : l’émotion pure.
Par cette façon « impressionniste » de chercher une musique de l’image, j’essaye de révéler la beauté qui subsiste dans chaque petite chose et la poésie que renferme chacune de nos vies, aussi banales et prévisibles puissent-elles paraître.
D’une certaine manière, le film par sa proposition délicate et son histoire en filigrane est une invitation à éprouver une autre expérience de cinéma où l’introspection serait un lien entre le film et le spectateur.