Les sorties cinéma de la semaine auront lieu demain (alternative culturelle aux soldes), mais je peux d’ores et déjà vous inviter à courir voir deux films remarquables de ce début d’année, que j’ai eu le plaisir de découvrir le week-end dernier. Il s’agit donc de mon premier billet-cinéma de 2014, et mon propos est plus qu’enthousiaste.
Yves Saint-Laurent, de Jalil Lespert, avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Charlotte Le Bon, Laura Smet, Marie de Villepin
Vu en avant-première, car fort alléchée par l’affiche, je n’ai pu me résoudre à attendre la sortie grand public, au risque de me trouver plongée dans une salle pleine à craquer, chose que je déteste pour profiter de mon moment de cinéma.
C’est l’histoire d’un génie, d’un jeune homme talentueux et sensible, dont la vie prendra la voie du succès à la faveur d’une rencontre déterminante. C’est l’histoire d’un amour profond et sincère entre deux êtres que tout semblait opposer, Yves Saint-Laurent (Pierre Niney), jeune homme choyé, et de Pierre Bergé (Guillaume Gallienne), mécène autodidacte et visionnaire. C’est aussi l’histoire d’une descente aux enfers progressive, d’une grâce qui s’oublie dans les excès en tous genres.
Yves Saint-Laurent est l’un des meilleurs biopics qu’il m’ait été donné de voir. L’interprétation mimétique de Pierre Niney est bouleversante, et ressuscite magistralement l’homme derrière le créateur.
Mon coup de coeur reste Guillaume Gallienne, brillant et juste dans son interprétation de Pierre Bergé, uni dans les joies les plus vives comme dans les épreuves les plus douloureuses à son alter ego, mais toujours fidèle malgré un tempérament dur et intransigeant.
Les rôles féminins sont également tenus avec talent et conviction, puisque Charlotte Le Bon (Victoire Doutreleau), Marie de Villepin (Betty Catroux) et Laura Smet (Loulou de la Falaise) interprètent les muses du créateurs au fil des époques, et ajoutent grâce et sensibilité à ce film déjà nimbé d’élégance.
La photographie et la musique sont superbes, la réalisation est à la hauteur de l’attente, Jalil Lespert, en plus d’être un comédien formidable, apporte désormais la preuve, après Des vents contraires, qu’il est réellement un réalisateur de talent.
Mon autre film du week-end, sorti le 1er janvier, est Nymphomaniac – Volume 1, de Lars Van Trier, avec Charlotte Gainsbourg, Shia LaBeouf, Stellan Skarsgard, Stacy Martin, Christian Slater,..
L’histoire commence comme un conte de Noël, la neige tombe en silence sur une arrière-cour. Puis un homme y trouve, allongée sur le sol et inerte, une jeune femme couverte d’ecchymoses et de son propre sang. Vivante et à nouveau consciente, celle-ci refuse l’aide de la police mais accepte l’invitation à trouver refuge chez cet homme de bien.
Démarre alors un long récit, celui d’une femme, Joe, qui se décrit elle-même comme nymphomane. Joe évoque sa vie passée sous l’aspect de sa sexualité dévorante et aliénante, avec un détachement clinique.
Mon excellente surprise fut que Nymphomaniac n’est (heureusement) pas à la hauteur de la réputation que la critique lui avait construite. Finalement, pas de déballage pornographique sans justification, mais une sorte de chemin de croix narratif, de récit aux références bibliques, exécuté avec justesse et sans voyeurisme. Tout comme Melancholia, Nymphomaniac donne à réfléchir de manière poétique sur la condition humaine confrontée aux tourments qui l’occupent.
La distribution de ce premier volet est excellente, et c’est une heureuse surprise que de voir certains comédiens dans ce registre inattendu (Christian Slater et Shia LaBeouf notamment). Bien sur, comme je l’ai été, vous serez surpris de constater que le ton est donné dès les premières minutes, et que le sexe sera toujours explicite. Une fois les règles posées, vous pouvez savourer ce premier volet, en attendant le second (sortie le 29 janvier).
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