Au cinéma : «Nymphomaniac – Volume 1»

Après « Melancholia », Lars Von Trier, revient en ce début d’année avec « Nymphomaniac ». Le réalisateur danois retrouve pour l’occasion l’actrice française Charlotte Gainsbourg, déjà présente dans ses deux précédents longs-métrages. Le reste du casting est composé de Stacy Martin, Shia LaBeouf, Stellan Skargard ou encore Uma Thurman. « Nymphomaniac – Volume 1 » sortait dans nos salles obscures le 1er janvier 2014.

Synopsis : La folle et poétique histoire du parcours érotique d’une femme, de sa naissance jusqu’à l’âge de 50 ans, racontée par le personnage principal, Joe, qui s’est auto-diagnostiquée nymphomane. Par une froide soirée d’hiver, le vieux et charmant célibataire Seligman découvre Joe dans une ruelle, rouée de coups. Après l’avoir ramenée chez lui, il soigne ses blessures et l’interroge sur sa vie.

N.B. : Il est difficile de parler de « Nymphomaniac – Volume 1 » de manière complète puisque le film a été censuré, en plus d’avoir été divisé en deux parties comme son titre l’indique. Cependant Lars Von Trier a approuvé ce nouveau montage pour la sortie en salles.

À voir le sujet de « Nymphomaniac – Volume 1 » ou tout simplement son affiche, le spectateur non averti pourrait s’attendre à un film sur fond sexuel simplement pour racoler le public en manque d’aventures érotiques. Il n’en est rien. Ce nouveau long-métrage de Lars Von Trier est, au contraire, très poétique. Que ce soit une poésie des mots ou une poésie des images, elle est bien présente et offre une douceur surprenante. « Nymphomaniac – Volume 1 » fonctionne très bien grâce au fait que l’on assiste à une confession et que les événements ne sont que des flashbacks narrés par une voix off. Durant toute sa durée, le film amène des propos, des idées, qui vont même jusqu’à faire un parallèle entre la nymphomanie et la pêche à la mouche. Le film donne l’impression d’être un huis-clos verbal ouvert dans le temps, aussi intriguant que beau. La sexualité, aussi bestiale et crue soit-elle, n’a jamais été aussi charmante que dans « Nymphomaniac – Volume 1 ».

Ce long-métrage possède un atout de taille avec son casting dès plus prestigieux. Tout d’abord, Joe et Seligman, interprétés par Charlotte Gainsbourg et Stellan Skargard, sont au cœur de la confession qui a lieu. Alors que Stellan Skargard joue l’admirateur, Charlotte Gainsbourg délivre une interprétation très sombre, digne de son talent. Cependant, c’est sa version plus jeune, interprétée par Stacy Martin, qui est au cœur de l’intrigue. Avec ce premier rôle dans sa jeune carrière d’actrice elle surprend et intrigue par son charme et son jeu tout en subtilité. Si tous les autres personnages secondaires sont portés avec talent par leurs interprètes, ceux joués par Uma Thurman et Shia LaBeouf sont les plus marquants. La première offre une prestation magistrale dans l’une des séquences les plus surprenantes aux tonalités dès plus absurdes, le deuxième révèle un charme et une qualité de jeu qu’on ne lui connaissait pas. En somme, un casting sublime.

La réalisation de Lars Von Trier est brillante d’inventivité. Il utilise inserts, plans-séquences et tracés sur ses plans pour donner, presque, à son film l’image d’un journal intime où les histoires posséderaient notes et dessins. À moindre mesure, on pourrait rapprocher son travail de celui de Wes Anderson, qui use des mêmes gimmicks. De même, des ralentis sont présents pour sublimer des images, déjà très belles. La musique trouve une place très importante dans cette œuvre avec des titres métalleux et plus rock comme « Born to be wild » de Steppenwolf. « Nymphomaniac – Volume 1 » travaille beaucoup sur les sens, à l’image de sa première séquence et de ce dernier plan qui se répondent à l’un à l’autre. Alors que la première nous les fait découvrir, le dernier l’enlève à son personnage principal. Un sentiment de frustration s’installe aussi bien à l’écran que dans la salle. Il faudra attendre le deuxième volume, prévu le 29 janvier 2014.

« Nymphomaniac – Volume 1 » est un film étrangement passionnant, où tout est brillamment pensé. Le casting ajoute un gage de qualité indéniable à l’ensemble. Un film très excitant dans sa forme et sa narration.

Nymphomaniac – Volume 1. De Lars Von Trier. Avec Charlotte Gainsbourg, Stellan Skargard, Shia LaBeouf, Uma Thurman, Christian Slater, Stacy Martin, …

Sortie le 1er janvier 2014.