On pourrait croire que les Français fument moins. Erreur ! Seulement, ils achètent moins leurs cigarettes chez les buralistes, et plus à l'étranger et sur internet. Résultat, pour la première fois en dix ans, le marché des cigarettes français a baissé en 2013, à la fois en volume et en valeur.
Baisse des ventes de cigarettes et des revenus des buralistes
Côté volume, c'est bien simple : 4 millions de clopes en moins se sont vendues par rapport à l'année précédente, soit une baisse de 7,7 %, selon les premières estimations recueillies notamment par Les Echos. 2012 déjà avait été une année noire pour le tabac, avec une baisse des ventes de 5% en un an.
Côté valeur, le marché chute aussi. Cela signifie que les revenus des buralistes liés au tabac ont baissé, car la baisse des ventes est telle qu'elle n'est plus compensée par la hausse des prix des paquets de cigarettes.
Apparemment, la hausse incessante des prix ces quatre dernières années -+6 % à 7 % par an depuis 2009 ; ils doivent d'ailleurs encore augmenter de 0,20 euro le 13 janvier prochain- commence à dissuader les fumeurs de s'en griller une. A sept euros le paquet, on y réfléchit à deux fois avant d'en allumer une autre !
Autre raison de la baisse des ventes, le succès de la cigarette électronique. Un récent sondage a révélé qu'environ dix millions de Français l'avaient déjà testée.
20% du tabac acheté via des marchés parallèles
Enfin, il faut garder à l'esprit que les Français achètent moins leur tabac chez leur buraliste qu'auparavant. Désormais, ils se tournent vers l'étranger, notamment la Belgique, le Luxembourg et l'Espagne, où les cigarettes sont moins taxées et donc vendues moins cher, vers internet, où les cigarettes sont là encore souvent étrangères, et vers le marché noir. On estime tout de même qu'une cigarette sur cinq fumée en France vient de ces marchés parallèles !
Ce renversement de tendance est de bon augure pour la santé des Français : chaque année, 73 000 personnes meurent en France à cause de la cigarette, soit tout de même 200 par jour ! C'est la première cause de mortalité évitable dans le pays, devant l'alcool (environ 30 000 décès), les suicides (10 000 décès) et les accidents de la route (4 000 décès).
Mais il l'est moins pour les finances publiques. Car l'Etat prélève de fortes taxes sur le tabac, près de 80% du prix des cigarettes. Moins de ventes et moins de chiffre d'affaires dans ce secteur signifient moins d'argent dans ses caisses. En 2012, les cigarettes avaient rapporté 15,5 milliards d'euros à l'Etat. 2013 devrait être moins généreux en la matière...