Voilà un roman qui avait titillé ma curiosité quand le directeur de la Collection R, Glenn Tavennec, nous en avait parlé. Un Young Adult dont l’intrigue se situe dans le Grand Paris de Zola, celui du 19eme siècle.
Belle Époque de Elizabeth Ross
Broché: 418 pages
Éditeur:Robert Laffont
Date de sortie : 14 novembre 2013
Collection : R
Langue : Français
ISBN-10: 2221139151
ISBN-13: 978-2221139158
Prix Éditeur : 17,90€
Disponible sur Liseuse : OUISon résumé :
Lorsque Maude Pichon s’enfuit de sa Bretagne natale pour échapper à un mariage dont elle ne veut pas, elle monte à Paris, ville-lumière en ébullition à la veille de l’exposition universelle de 1889. Hélas, ses illusions romantiques s’y évanouissent aussi rapidement que ses maigres économies. Elle est désespérément à la recherche d’un emploi quand elle tombe sur une petite annonce inhabituelle : "On demande de jeunes filles laides pour faire un ouvrage facile". L’Agence Durandeau propose en effet à ses clients un service unique en son genre : le repoussoir. Son slogan ? "Louez un faire-valoir, vous en deviendrez d’emblée plus attirante". Etranglée par la misère, Maude postule… Monsieur Durandeau a déjà amassé une petite fortune grâce à sa riche clientèle, et quand la Comtesse Dubern vient chercher une compagne pour Isabelle, sa fille aux idées bien arrêtées, Maude est immédiatement choisie comme faire-valoir idéal. Mais Isabelle ne sait pas que sa nouvelle "amie" n’est en fait que de location, et l’existence de Maude au sein de l’aristocratie repose entièrement sur sa capacité à garder ce lourd secret. Pourtant, plus elle en apprend sur Isabelle, et plus sa loyauté envers la Comtesse est mise à l’épreuve. Et plus la tromperie dure dans le temps, plus Maude aura à perdre…
Mon Avis :
L’histoire d’Elizabeth Ross est en fait une réponse à une courte nouvelle méconnue de l’écrivain, Emile Zola : Les Repoussoirs.
Nous découvrons Maude Pichon, jeune provinciale montée à Paris dans l’espoir de réaliser ses rêves les plus fous. C’est le cœur plein d’espoir qu’elle répond à une annonce qu’elle n’avait pas bien lu au départ. Finalement, elle se retrouvera à travailler pour l’agence de Durandeau qui fournit aux plus argentés de Paris (Nobles et Bourgeois), l’accessoire ultime pour briller en société : un repoussoir. C’est à dire ? Une personne laide qui vous servira brillamment de faire-valoir.
D’abord décontenancée puis choquée et atterrée, Maude, ayant tout de même besoin d’argent et ne sachant pas trop quoi faire d’autre, finira par accepter et se retrouvera liée à la personne d’Isabelle, la fille de la Comtesse Dubern. Ce que Maude n’avait pas prévue c’était de devenir très amie avec la jeune fille et bien vite, entourée des mêmes attentions que sa « cliente », habillée de pied en cape par la mère de cette dernière, Maude oubliera qui elle est vraiment.
Évolueront à ses côtés les autres repoussoirs dont Marie-Josée —qui tentera vainement de mettre en garde notre héroïne qui croit vivre un véritable conte de fée— mais aussi un jeune musicien du nom de Paul Villette qui deviendra très vite ami avec elle.
A travers les tribulations de Maude, le lecteur découvrira un Paris du 19eme siècle que l’on pourrait presque croire tiré de carte postale, avec ses bistros, ses orchestres de musiques et ses personnages jouant à merveille le rôle de la populace de l’époque. Il y a vraiment une ambiance incroyablement nostalgique dans ce roman, qui donne envie, si on ne connaît pas déjà la Capitale, de la découvrir.
Le personnage de Maude est attendrissant et parfois énervant mais comment réagirions-nous, si nous avions été à sa place ? Maude veut croire en sa chance et elle ne voit pas au premier abord que le monde dans lequel elle vient d’être propulsée est faux et hypocrite. Elle préfère croire l’illusion des sourires éclatant sur des visages riches et inconnus plutôt que des gens issues du même milieu qu’elle et bien plus expérimentés. Car oui, quand on lit les pensées de la jeune fille, on y trouve une touche indéniablement « jeune ». Maude peut se montrer horriblement crédule et naïve du fait de sa jeunesse et de son inexpérience.
J’avoue que j’ai beaucoup aimé ce livre, je me suis tout à fait prise dans l’histoire et j’y ai retrouvé quelques traits de similitudes avec certains romans de Zola justement. Bien sur, la plume d’Elizabeth Roth est bien plus policée et moins grinçante que celle de l’écrivain qui vivait justement à cette époque. A travers Maude et ce roman, le lecteur apprend que bien souvent la véritable beauté—et la gentillesse— réside derrière les apparences. Maude le découvrira à ses dépends et c’est une belle leçon de morale et vie que l’auteure nous offrira à travers son histoire ; sa vision( et réponse) de la nouvelle de Zola.
Indéniablement, Belle Epoque est un livre à lire. C’est bien imaginé, bien écrit et on s’attache vite à ce Paris imagé et ses personnages haut en couleur. Une réussite !
Petit plus : Pour les curieux, vous retrouverez en fin du roman, la courte nouvelle de Emile Zola : Les Repoussoirs. A lire !
— Le repoussoir, c’est vieux comme le monde, explique-t-elle en m’entraînant dans la foule des chalands. Les belles dames de la cour d’Espagne, dans l’ancien temps, se baladaient avec un signe au bras, mais le but était le même. En fait il faudrait applaudir Durandeau car il a eu le culot de monter sa petite affaire et de s’engraisser là-dessus, même si c’est le plus gros faignant que la terre ait jamais porté.