L'histoire : San Francisco, 1933. Un jeune garçon déguisé en Zorro du Far West découvre dans une expo du Far West un vieil indien du nom de Tonto qui va lui raconter son histoire et son rapport avec un jeune homme du nom de John Reid qui croyait en la justice avant de devenir un hors-la-loi.
La critique d'hdef (attendez... je le sais mais...) : Lone Ranger est sorti cet été. Été 2013. Eh bien Hollywood et Disney (qui tente maintenant de se rattraper sur La Reine des Neiges) s'en souviendront de ce film de Gore Pirates des Caraïbes Verbinski, parce que le moins qu'on puisse dire, c'est que le public ne s'est pas pressé pour le mater. Non, Lone Ranger a même été un échec cuisant, avec des pertes de plusieurs centaines de millions de dollars. Au point de manquer de changer l'avenir du blockbuster ! Ce qui devait être le rival de Django Unchained pour le poste de "meilleur western de l'année" a été laminé au box-office. Alors quoi, pourtant tant de hargne ? Lone Ranger, c'est donc la purge du siècle ?
Ben non ! Étonnamment d'ailleurs (parce que le film est bourré de défauts) mais tout de même un NON convaincu parce que au risque de faire la nique au public des US, j'ai pris mon pied devant ce Retour vers le Futur 3 croisé avec Il Était une Fois dans l'Ouest, The Wild Bunch, Little Big Man et...Monte là-dessus (vous comprendez) !!
Et pourtant, au vu de l'introduction de ce film siphonné, Lone Ranger augurait du pire.
Explication.
En effet, Lone Ranger commence au plus mal, avec une succession de cascades complètement ridicules assorties d'un humour infantile (ah oui ! on est bien chez Disney !) et bêtifiant. Armie Hammer n'a aucune personnalité, aucune présence et même aucun talent, puisqu'il est constamment écrasé par un Johnny Deep en mode mutique, qui trouve là l'un de ses meilleurs rôles. C'est en fait avec la fusillade dans le désert, où toute l'escouade du frère de Hammer (Dan Reid) se fait dézinguer par un tireur invisible (on pense à The Shooting) que le film décolle vraiment. Plus tard, on traverse un bordel dantesque dirigé par une Helena Bonham Carter tout droit sortie d'un film de John Waters, avec sa démarche bancale et son fusil dans la jambe (oui...). Les échanges entre Johnny Deep et Armie Hammer sont toujours très savoureux, car l'humour qui consiste à insister sur la différence de leurs cultures fait vaguement penser aux dialogues entre Orlando Bloom et Jonathan Ryes Davis dans Le Seigneur des Anneaux. À cela s'ajoute un cheval dérangé qui grimpe aux arbres. Vous l'aurez compris, moi qui recherche vainement un trip enfin jouissif et schtarbé avec un minimum d'écriture et un maximum de savoir-faire, je suis absolument comblé d'autant plus que Lone Ranger s'impose enfin comme un western moderne digne de ses références, à l'inverse de l'(inter)minable dernier film de Tarantino, qui faisait passer Calvin Candie pour un dandy parfumé.
Les situations cocasses s'enchaînent sur un rythme de dessin animé (avec en number one Armie Hammer et Johnny Deep enterrés jusqu'au cou par des Comanches, avant d'être attaqués par des scorpions ! On se croirait dans Que Viva Mexico !) mais fort heureusement, Verbinski ne quitte jamais le fil conducteur de son histoire, au combien dégénérée soit-elle, et fournit un audacieux récit à plusieurs voies qui évoque plus d'une fois Le Bon la Brute et le Truand (l'explosion du pont, la recherche du trésor, la traversée du désert avec une ombrelle rose). Le cinéaste livre aussi une dispensable mais sympathique morale du genre "l'argent ne fait pas tout" et punit la cupidité impitoyablement.
Et puis il faut voir Johnny Deep danser sur le toit d'un train pour éviter les balles d'un général de cavalerie façon Little Big Man, le-dit général se faisant dans le même temps bombarder de raisins par un jeune gosse qui le tenait en respect un peu plus tôt sous la menace d'un flingue trois fois trop grand pour lui. On surprend aussi ce même Johnny Deep effectuer un ingénieux mouvement de balancier digne d'un slapstick des 30's sur une sorte de grue (d'où mon rapprochement avec Monte là-Dessus où Darry Cowl fait des exercices d'équilibre au sommet d'un building) pour passer d'un train à l'autre, car il ne faut pas oublier que le final furieux est une sorte d'exhaltante fusillade de train à trains.
Mais il ne faut pas se méprendre, Lone Ranger n'est pas entièrement le film gai et enjoué qu'on croit. Il suffit de voir la scène de charge des Indiens contre la cavalerie en pleine nuit, avec une photographie et une lumière bleutée sensas, où les Indiens se font exterminer jusqu'au dernier pour comprendre aussi le prix du "progrès" qui mène tout le film, qui avance à la vitesse de ce progrès, à la vitesse d'une locomotive ! Et en plein milieu de la bataille (donc celle entre la cavalerie et les Indiens) on sourira en voyant Armie Hammer et Johnny Deep éviter toute les balles en s'éclipsant discrètement. Un peu comme Dustin Hoffman et son grand-père dans Little Big Man, comme si une sorte de magie existait encore dans ces sanglants massacres, comme si le conte se poursuivait, comme si la vie continuait même après ce désastre. Un message réconfortant donc, un petit miracle.
Note :18.5/20