Bonjour,
Je vous ai parlé, il y a quelques temps, de la nouvelle clôture toute blanche du marché de Lomme. Je ne vous ai pas épargné non plus mes critiques sur l'architecture kolossale qui avait surgi dans le quartier du Marais et avait complètement dénaturé son urbanisme. Encore vous ai-je fait grâce de l'horrible clôture verte et impersonnelle de la Maison des Enfants, limite quartier de haute sécurité, ou les horreurs par lesquelles on est en train de remplacer les portiques de Délivrance.
Mais là où je crains le pire, c'est justement dans ce dernier quartier. Car dans les zones où aucun souvenir du passé ne doit resurgir, vont bientôt pousser les maisons "Vicot". Et là, c'est carrément la catastrophe. Ceux qui connaissent la cité des cheminots et en apprécient l'urbanisme et l'architecture vont être désolés de voir ce qui va bientôt s'y construire. En 1921, les nouvelles maisons de ce quartier étaient agréables à regarder, diversifiées mais en même temps respiraient une unité de lieu. En effet, tout était basé sur les ruptures harmonieuses entre les volumes du bâti et de la toiture, qui nous donnaient des visions enchanteresses. Ici, plus de magie possible : du Kolossal, en plus petit, mais tout aussi massif : un parallèlépipède surmonté d'une toiture unie conique, et on estime avoir respecté "l'esprit de Délivrance".
Or, par la pauvreté intellectuelle de la conception, pour ne pas dire la paresse, à moins qu'il ne s'agisse que de rentabilité financière à court terme, ceux qui ont commandé, conçu ou autorisé ces nouveaux logements n'ont justement rien compris à l'esprit de la Délivrance. Et ils commettent une Kolossale Erreur en se lançant dans de telles réalisations, qui vont complètement dénaturer le quartier, lui faire perdre son attrait et sa joie de vivre. Je ne parle même pas des jardins qui vont passer à l'as dans cette configuration.
Pourquoi est-il donc si compliqué de comprendre que lorsque l'on touche à un quartier comme celui de la Délivrance, on ne gère pas simplement un bien immobilier, mais aussi un patrimoine bâti ? Ce concept est-il donc trop abstrait pour ceux qui nous dirigent ? Ils croient bien faire, mais en fait, l'enfer est pavé de leurs bonnes intentions.
Qu'on se le dise, qu'on le fasse savoir ! Et que les choses changent. En 2014, le changement, c'est maintenant. Dans ce domaine là aussi. Il n'est jamais trop tard pour revoir sa copie. Mais encore faut-il le vouloir !