L’emploi. L’emploi. Et encore l’emploi. Ce sont les trois priorités du Gouvernement pour 2014. François Hollande l’a martelé dans ses vœux, suivi de près par Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste. Leur stratégie : vitesse, audace, action. Plus concrètement, cela pourrait passer par l’assouplissement de la fiscalité et du droit du travail.
François Hollande assouplit sa politique
Le temps presse. François Hollande semble avoir saisi cette donnée, en atteste la teneur de ses vœux aux Français pour la nouvelle année. L’emploi est sur toutes les lèvres. Priorité des priorités, elle pourrait éroder encore davantage la cote de popularité du chef de l’Etat, pourtant déjà au plus bas, si aucun résultat n’apparaît rapidement. Inverser la courbe du chômage ne sera pas suffisant. Faut-il encore que le nombre de demandeurs d’emploi baisse durablement.
Le premier conseil des ministres de l’année 2014 a donné la température. François Hollande a demandé à son équipe d’être « réactive », de jouer « collectif », lui donnant carte blanche pour légiférer par décret ou ordonnance. Une approche confirmée et soutenue par Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste. « Les ordonnances ne vont pas s’opposer à la méthode du dialogue social. Mais c’est vrai, parfois, que quand une procédure parlementaire vient après, déjà, un temps de dialogue avec les partenaires sociaux, ça étale sur de nombreux mois l’entrée en vigueur d’une mesure », a expliqué Harlem Désir. En outre, selon lui, les ordonnances ne « frustreraient pas le Parlement de ses droits législatifs ».
Au cœur du débat, la question de la baisse des charges pesant sur les entreprises. Réclamée avec force par le Medef, le Gouvernement a entendu l’appel et a mis en place le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). Un premier geste, mais il reste désormais à s’assurer que cette mesure se traduise par des créations de postes plutôt que par des hausses de salaire. En effet, comme le rappelle un article des Echos, « les salaires réels n’ont pas fléchi en France depuis le début de la crise. Depuis 2008, le salaire net moyen en France continue de croître à un rythme annuel de 0,8 % dans le secteur privé ».
Les entrepreneurs montent au créneau
Pierre Gattaz, président du Medef, le reconnaît lui-même, « le patronat n’est pas vierge de tout ». Interrogé par Le Monde, ce dernier a réitéré son engagement à jouer le jeu du président de la République pour l’emploi. « Nous lui avons dit que nous étions capables de créer un million d’emplois. A la condition qu’on ouvre cinq chantiers : sur le coût du travail, sur la fiscalité, sur la baisse des dépenses publiques, sur la simplification et sur les freins à l’embauche ». Pour ce faire, le Medef a posé l’objectif d’une baisse des prélèvements de l’ordre de 100 milliards d’euros : la moitié sur le coût du travail et l’autre moitié sur les impôts.
Dans son dialogue avec le Gouvernement, Pierre Gattaz pourra compter sur le soutien de GEEA (Génération Entreprises Entrepreneurs Associés), présidé par Olivier Dassault et composé de 120 parlementaires. Profitant également de l’année pour dresser un bilan de la politique économique française, GEEA a publié un livre blanc dans lequel 20 propositions sont formulées, destinée à accélérer encore davantage les particules. Parmi celles-ci, de possibles réformes sur l’emploi sont avancées, comme le renforcement de l’apprentissage, l’abrogation des 35 heures au profit d’accords de branche, ou encore la simplification du code du travail, notamment par la mise en place d’un contrat de travail « unique, simple et flexible ». Autant de pistes à étudier pour sortir la France de l’ornière.
Nombreuses, les voix plaidant pour un choc de simplification et libéralisation se font de plus en plus pressantes. Face au déluge de critiques et à l’absence de résultats, François Hollande a fait un pas dans leur direction. Néanmoins, le président ne pourra pas faire l’économie de mesures tangibles s’il veut concrétiser un partenariat solide avec le Medef et retrouver la confiance des entreprises.