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Quand je vous le disais!…

Publié le 07 janvier 2014 par La Fille Aux Chaussures

Vanity Fair

Je tiens à remercier le concierge masqué du Vanity Fair qui n’a fait que confirmer ce que je vous disais ici concernant la bienséance au moment des fêtes de fin d’année! D’ailleurs, à ce sujet, je n’ai reçu à ce jour que 3 cartes de vœux!  JE NE VOUS FÉLICITE PAS, LES GENS!

Comment formuler ses vœux de bonne année ?

Aant le savoir, la tradition, qui remonte à la nuit des temps, consistait à rendre visite à ses proches pour leur présenter verbalement les vœux de bonne année, accompagnés d’un petit présent. Au Moyen-âge, puis à nouveau au XVIIIème siècle, les plus nantis avaient pour coutume de faire mander à leurs aînés une lettre de vœux enluminée à la main.
Messieurs les Anglais, tirez les premiers: c’est Outre-Manche que fut inventée la carte de vœux moderne, imprimée et illustrée envoyée par la poste. Tout était lié : la chose avait été commanditée par un certain John Cole, promoteur entre autres du courrier postal et crédité du dessin du premier timbre-poste. A prendre avec des pincettes. L’information comme le timbre. Pour ce faire, Cole commanda en 1843 à John Calcott le dessin de ladite carte. Peintre académique, spécialiste des scènes de genre et illustrateur, Calcott fut ici à son affaire. Quoique son dessin fit hoqueter les vertueux : on y voyait un enfant siffler du jaja en trinquant avec des adultes. Anyway, la Chritsmas Card se répandit dès 1860 dans les usages comme l’arsenic dans les pudding grâce à l’essor de la poste et il devint alors normal de l’envoyer jusqu’à un mois avant la date décisive, contrecarrant ainsi superstitions et mauvais augures. Le procédé gagna fissa le continent non sans se dédoubler.
Scission, schisme: les souhaits de Noël et les vœux de bonne années furent divisés en deux entités distinctes, créant un usage nouveau et supplémentaire. En France, il restera de bon ton de procéder aux sacro-saintes visites du Nouvel An mais pas question de dépasser la date du 15 janvier. Petits cadeaux –ou étrennes, et très vite grosse corvée. Pour l’esquiver, beaucoup prirent l’habitude de présenter leurs vœux écrits sur une carte de visite déposée aux domiciles visés. Une carte cornée dans son angle haut à droite pour bien montrer qu’on s’était déplacé en personne, mais, oh!, quelle guigne vous n’étiez point là. Il en sera ainsi jusqu’à la fin des années 1930.

Aujourd’hui, envoyer ses vœux reste un joli geste élégant et impliqué. Ce qui élimine derechef les abominables SMS formatés, largués en fragmentation à 0h01 le 1er janvier, les pré-mails stockés depuis le Ier décembre et spamés à mort, les tweets, les likes, les e-cards débilosses et les appels hurlants et éthyliques pendant la nuit de la Saint-Sylvestre, soit 85% des supports de vœux désormais envoyés par les gens qui se croient modernes et sont juste mal élevés. Certes, la tradition des voeux, plus vivace que jamais, reste un casse-tête absolu, le Rubikub des bonnes manières, le Télécran du bon ton, le scoubidou de l’étiquette. Formuler, adresser, envoyer, présenter : tout est dans le verbe. Et dans la manière. Que l’on en prenne l’initiative ou qu’on y réponde. Quelques règles toutefois: peu importe la qualité visuelle ou graphique de la carte: c’est ce qui y est écrit qui compte. A la main, et non imprimé. Oui, cela exige qu’on y consacre quelques heures de son précieux temps, mais la tradition s’amenuisant, on n’y passera pas la journée. Sauf aux États-Unis où il s’agit d’une affaire d’état doublée d’un témoin de statut social largement diffusé dès le 15 novembre.  Santé, réussite, bonheur, succès et pour ceux qui sont au loin ou qui voyagent beaucoup, la joie de se revoir : les vœux ratissent large mais ils viennent du cœur.
Dans le privé, l’idéal consiste à choisir une carte de voeux dans laquelle on glisse une carte de correspondance portant seulement son nom ou ceux du couple et d’y écrire les formules consacrées. Une raison, évidente, à cela: ceux qui reçoivent les vœux savent exactement qui les a envoyés. Cela paraît bête, mais plus de la moitié des cartes envoyées par courrier demeurent sans réponse au simple motif que leur expéditeur est inscrit au registre des inconnus anonymes. Boucler l’affaire en indiquant nom et adresse au dos de l’enveloppe. Identification faite, il est raisonnable de répondre dans la semaine en usant des mêmes procédés. Autre tradition, sans doute plus tenace: les vœux corporate. Comprendre cette correspondance de circonstance dont la création et la diffusion plombe le budget papetier des entreprises. Ici, pas de carte Unesco ou de mièvreries chromo saupoudrées de paillettes collées –un vintage populaire à la hausse aux Puces: les vœux corporate se doivent d’être au niveau du renom de la firme. Glacés, graphiques, raffinés mais souvent encombrés du nom de la dite-firme. L’usage du moment exige qu’une équipe entière y griffonne un truc illisible et qu’elle soit envoyée sans aucune carte business barrée, ni adresse. Résultat: corbeille. Et no-réponse. Faire un effort: personnaliser en deux mots et rendre la chose traçable. Cela fait partie du jeu.

D’habitude, la carte corporate reste assez réservée pour servir aussi la cellule des vœux privés. En fonction du prestige de la maison ou de celui qui l’a écrite, il est bien vu de la punaiser derrière soi au mur, histoire de montrer combien de gens bien on connaît et quelles attentions charmantes ils nous portent. D’aucuns les collectionnent, surtout celles envoyées par la maison Dior, d’autres les déchirent impitoyablement. Enfin, cet usage qu’on peut présenter, envoyer ses vœux ou y répondre jusqu’au 31 janvier vaut que pour les paresseux, les pusillanimes et les procrastinateurs. Maintenant, jamais au grand jamais répondre en écrivant “À mon tour de vous envoyer mes vœux de ce que vous voulez ”. Les vœux ne sont pas une baballe ou une pareille. Ils sont un ciment social et les bâcler renvoie une image désastreuse de soi. Pour se racheter, tenter l’avion de papier en écrivant ses vœux sur les ailes.

Meilleurs vœux de bonne et belle année, brillante et mordante.
Votre concierge masqué.


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