Je vais vous faire un aveu : la chanson française et moi, ça fait deux. Il faut dire que seuls Cabrel et Nougaro se partageaient la portion made in France de mon biberon. Et puis il faut dire aussi que dans les années 90, la variet’, c’était Dion, Obispo, Pagny et consorts. Du coup, la partie n’était pas vraiment gagnée d’avance. Je me disais que, peut-être qu’aimer les chansons à texte, c’était un truc d’adultes, ça devait s’apprivoiser comme la Grande Musique ou le vin rouge. Alors maintenant que j’aime l’un et l’autre, il était temps de s’attaquer au dernier morceau. Compte rendu de ma dernière excursion en terre (presque) inconnue.
Découvert au hasard d’une émission sur France 2, durant les fêtes, il avait réussi à me faire apprécier une chanson de Julien Clerc et la voix d’Elodie Frégé, accompagné de son petit piano tout mou. Un exploit, donc. Pourtant, cela fait bien dix ans qu’on entend son nom, de ci, de là, se faisant voler la vedette par de vrais tout mous, pour le coup. Sa jolie prestation télévisée m’a donc poussée à m’intéresser de plus près au bonhomme, entamant le travail par la fin : son quatrième et dernier album, paru à l’hiver dernier. Un Homme, puisque c’est comme cela qu’il se nomme, est un recueil de dix chansons toutes plus finement écrites les unes que les autres. Les textes sont simples, vrais, touchants. Les mélodies elles aussi marquent par leur simplicité, leur dépouillement. Délicates, il se dégage d’elles presque une sorte de candeur, de fraîcheur, grâce au arrangements, et ne se contentent pas d’accompagner les textes, elles en complètent l’ambiance. On notera également la collaboration avec Emiliana Torrini sur la chanson "Moi Moi", du plus bel effet. Cet album sera sûrement, avec un peu de retard, un de mes albums préférés de l’année 2013.
Mention spéciale : Un Homme // Moi Moi // La Première Femme de ma Vie
L’une des révélations de l’année 2013. Aline, anciennement Young Michelin, a de suite séduit par la fraîcheur de ses sonorités 80′s. Car oui, Aline est sans doute l’un des meilleurs groupes des années 80 (nom de Zeus !). Malgré l’impression d’écouter Nicolas Sirkis au chant et Robert Smith à la guitare, ce premier album dénommé Regarde Le Ciel s’écoute en boucle, ça regorge de tubes ("Je Bois Et Puis Je Danse" est peut-être la chanson française la plus efficace de ces dernières années) et ça fait du bien aux oreilles.
Mention Spéciale : Je Bois Et Puis Je Danse // Regarde Le Ciel // Les Copains
Prêcher des convertis est facile. Trop facile. Mais il fallait quand même que j’écrive quelque chose, à mon tour, sur ce LØVE, parce qu’il mérite qu’on parle de lui. Autant le premier et le second ne m’avaient pas réellement convaincue, autant ce troisième album de Julien Doré m’a clouée. Plus on l’écoute, plus il se révèle. Ce type arrive à poser son univers ô combien singulier sur toutes les émotions, pour en faire des chansons qui te cueillent en l’espace de deux minces secondes, à l’instar de "Viborg" avec laquelle nous aussi, on s’envole. Sensibilité et décalage, tel est le délicieux cocktail que nous offre Doré, et qui se laisserait déguster des journées entières.
Mention spéciale : Viborg // Chou Wasabi // On Attendra l’Hiver
Je crois que c’est l’artiste que j’ai le plus détesté de mon enfance. Non-voix, ringardise des claviers de l’époque et de ses clips, tout y était. Et un jour … le monsieur a sorti Les Chansons de l’Innocence Retrouvée cette automne. Comment abattre en un album des murs entiers de préjugés ? N°1 : faire de jolis textes à la Daho (non Justine, "coincer la bulle dans ta bulle" n’est pas représentatif de la "patte" Daho). N°2 : faire de jolies mélodies à la Daho, froides et élégantes. N°3 : arriver à dégager une ambiance nette sans jamais se répéter. N°4 (facultatif) : faire de vraies, bonnes chansons. Coup de maître.
Mention spéciale : En Surface // Un Nouveau Printemps // Le Baiser Du Destin
Alors voilà, lui, c’est un peu le chouchou. Je ne compte plus les fois où je suis allée le voir en concert. Son frère, c’est Jil Is Lucky. Son groupe de scène, c’est celui de Jil Is Lucky. La bonne musique, c’est donc de famille. Il prépare actuellement son deuxième album (qui devrait sortir dans très peu de temps), mais c’est de son premier essai paru il y a déjà six ans, Album, dont je veux vous parler. Sous ses airs d’album de folkeux à un tube ("Au Grand Jamais", c’est lui) se cache une succession de petites pépites à la personnalité forte, mélancoliques, drôles et émouvantes. Maniant la plume aussi agilement que le manche de sa Gibson, il a livré ici un album riche et complet, mais trop injustement sous estimé. Note pour plus tard : allez les voir en live, lui comme son frère. Des bêtes de scène dont la générosité et la musicalité ne sont plus à démontrer.
Mention spéciale : Ma Veuve // Et Si … // Petite
Un peu le guilty pleasure de cet article, en fait. Juste pour une chanson, "Kané". Parce que la mélodie est juste sublime (comme souvent chez Fauve), mais cette fois ci, elle n’est pas gâchée par un texte mièvre, chiant et mal déclamé.