Paris libéré : l'urgence de la reconquête

Publié le 06 janvier 2014 par Delanopolis
Par Charles Beigbeder*, Serge Federbusch** et Géraldine Poirault-Gauvin***

La droite et le centre parisiens sont confrontés à l'imminence d'un échec politique à l'occasion des prochaines élections municipales. Pourtant François Hollande fait face à un discrédit immense et la vérité sur la mauvaise gestion parisienne de Delanoë se fait jour. Mais, dans la capitale, les socialistes s'apprêtent à pavoiser.

Car Nathalie Kosciusko-Morizet, nous ne le disons pas par plaisir, agit depuis six mois comme si elle faisait tout pour l'élection d'Anne Hidalgo. Sa campagne est dominée par l'image, sans rupture par rapport aux artifices de communication déployés par la mairie de Paris depuis douze ans. Elle a déplacé les élus et militants comme des pions. Tout cela ne tient pas au renouvellement prétendu mais à une conception arbitraire de la vie politique, hors de propos pour les Parisiens du 21ème siècle.

Nous pensons malgré tout que la reconquête de Paris est possible et constitue le seul moyen de faire comprendre à François Hollande qu’il doit changer de politique. Trois mois, c'est un temps suffisant quand un espoir se lève et que l'enthousiasme balaie le défaitisme. En mobilisant les Parisiens qui ne se reconnaissent pas dans l’offre politique en présence et qui parfois s’apprêtent à voter par dépit pour des candidats extrémistes, nous pouvons créer une dynamique. L’union viendra de la rénovation.

Pour cela, deux conditions.

D'abord, présenter aux Parisiens un projet fort, innovant, dénué de démagogie. Le nôtre s'articulera autour d'une idée centrale : les citoyens de Paris sont mûrs pour une gestion municipale inspirée de celle qu'on connaît dans les grandes villes suisses, fondée sur la démocratie directe, afin de donner aux habitants un contrôle sur les grands projets urbanistiques de la capitale.

Ainsi, pour décongestionner nos rues et boulevards et sortir du débat piégé sur le péage urbain, nous proposerons un forfait entrée et stationnement aux véhicules pénétrant Paris, dirigés vers de nouveaux et nombreux parkings autofinancés, grâce à une gestion des flux intelligente. Nous mènerons aussi à terme le projet CDG Express en lien avec toutes les institutions concernées.

Pour fluidifier le marché immobilier et lutter contre le clientélisme, nous permettrons aux locataires de HLM qui le souhaitent et présentent des garanties de solvabilité suffisantes, de devenir propriétaires de leur logement, en bénéficiant de mensualités n'excédant par leurs loyers. Par ailleurs, nous favoriserons la construction de logements intermédiaires destinés à faire revenir à Paris les familles. Et, pour éviter les rentes de situation, nous ferons converger le taux de rotation annuel du parc HLM parisien, qui stagne aujourd’hui à 4,5%, vers la moyenne nationale de 10%.

Pour renforcer la sécurité, nous exigerons que les budgets votés par la ville au bénéfice de la préfecture de police le soient en contrepartie de l'affectation pérenne d'un nombre suffisant de policiers. Pour lutter contre l’augmentation de la délinquance des mineurs, nous responsabiliserons les parents des enfants concernés en subordonnant le versement des aides municipales à leur implication dans le suivi de leurs enfants. Soucieux d’une sécurité de proximité, nous rétablirons les « inspecteurs de cour » et renforcerons le gardiennage des immeubles sociaux.

Nous étudierons au cas par cas l’ouverture de magasins le dimanche, tout en veillant au respect du principe du repos dominical et favoriserons l’activité des commerçants et artisans. Nous constituerons un club des banques et fonds d’investissements spécialisés dans le financement des entreprises et « start-up » parisiennes.

Dans le but de répondre à une demande jamais satisfaite, nous augmenterons le nombre de crèches dans la capitale, en faisant appel à des partenaires privés qui permettent de diversifier l’offre de services.

Pour retrouver une ville propre, nous confierons collecte et balayage à des services autonomes, ayant des obligations de résultats.

Nous renoncerons aux dépenses somptuaires et de copinage et ferons l'audit du projet des Halles où près d'un milliard d'euros ont été gaspillés. Nous réduirons de moitié les dépenses de communication ainsi que les subventions aux associations non reconnues d'utilité publique - hors activités scolaires et sportives –, et lancerons une grande révision des dépenses improductives et redondantes. D’une manière générale, nous estimons qu’aucune association, à moins de bénéficier d’une délégation de service public, ne doit obtenir des subventions de la Ville supérieures à la moitié de son budget de fonctionnement.

Notre engagement vis-à-vis des contribuables parisiens: faire baisser de 10% en 6 ans le taux des taxes foncière et d'habitation, là où l’équipe sortante a augmenté la taxe foncière de 70% entre 2007 et 2012. Cela implique notamment le réexamen de l’utilité de tous les emplois de fonctionnaire municipal partant à la retraite.

L'autre condition est de nature plus étroitement politique. Les listes que nous présenterons ne comporteront que des femmes et des hommes engagés dans la vie locale, en privilégiant celles et ceux qui ne sont pas des professionnels exclusifs de la politique. La société civile doit en effet l'emporter sur la société bureaucratique. Il n’est pas normal que la plupart des élus soit issus de la fonction publique ou du monde politique, sans n’avoir jamais mis les pieds dans une entreprise ou exercé une quelconque responsabilité associative locale. Le risque est grand, à terme, de voir les hommes politiques se couper des préoccupations quotidiennes des Parisiens et évoluer dans le petit monde clos des intrigues de palais. Restaurer la confiance dans la classe politique implique de gouverner au plus près des citoyens, avec des personnalités compétentes issues de la société civile et affranchies des idéologies étroitement partisanes.

Durant les trois prochains mois, nous martèlerons ces propositions. Les Parisiens comprennent vite. Il leur sera facile de faire la différence avec les vendeurs d'illusions défraîchies. Paris libéré, c'est Paris retrouvé. Tel est le sens de notre combat pour Paris.

* entrepreneur et tête de liste aux élections municipales dans le 8ème arrondissement.
** élu et tête de liste dans le 10ème arrondissement de Paris, président du Think-tank Paris A Nouveau, fondateur du site Internet Delanopolis.
*** élue au conseil de Paris et au conseil régional d’Ile-de-France, tête de liste dans le 15ème arrondissement de Paris.


Tribune parue mardi 7 janvier dans le Figaro