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L’actionnaire, ce saint homme !

Publié le 07 janvier 2014 par Edelit @TransacEDHEC

Selon une enquête réalisée pour les Echos, les fonds français ne représentent plus qu’un quart des fonds investis dans le CAC 40, soit une baisse de 8% en deux ans, tandis que les fonds américains en possèdent désormais le tiers. Une autre étude pour le compte du salon Actionaria montre que 74% des épargnants français se méfient de l’investissement en actions. Les banques et les compagnies d’assurance sont oppressées par les nouveaux ratios qui les obligent à augmenter leurs fonds propres en même temps que leur volume d’investissement sur les marchés ainsi que de diversifier leur portefeuille d’actifs en termes de risque. Il ne faut donc pas compter sur elles pour permettre aux groupes français de garder la main mise sur leur marché boursier. Plus de 50% du CAC40 est détenu par des non résidents, ce qui confirme la désaffection des Français pour l’investissement en actions. Pourquoi faut-il s’en alarmer ?

La stratégie de la tortue ou le rapatriement des capitaux en cas de crise

Que ce soit suite à la seconde guerre mondiale ou en 2007, l’expérience nous apprend que la première conséquence d’une crise au niveau national est un retrait massif des capitaux étrangers. A priori quand tout va mal, il ne vaut mieux pas compter sur les autres. Pire encore, cela accentue encore la dépression puisqu’il y a de moins en moins de liquidités pour relancer la machine, ce qui a pour effet l’augmentation des taux d’intérêts déprimant encore plus les potentielles têtes brûlées qui s’aventureraient à investir dans un quelconque secteur.

Il ne faut pas oublier que c’est l’épargne française qui a permis à la France de devenir une grande puissance industrielle au 19ème et 20ème siècles en fournissant à ses entreprises les moyens de leurs ambitions. D’autant plus que depuis peu sont apparus certains signes positifs tels que l’allègement du régime des plus-values ou la création du PEA-PME. Mais cela est loin d’être suffisant vu l’importance et l’enjeu national que constitue la mobilisation de l’épargne française au service des entreprises françaises.

Un financement sain pour un esprit sain

S’il est indispensable, le financement par action est aussi moral. Du moins il paraît bien plus sain que l’investissement par endettement de plus en plus répandu. N’oublions pas que les grandes crises financières ont toutes été liées au financement par endettement. En effet, un investissement fondé sur la dette provoque la faillite des investisseurs et des créanciers et donc un effet domino ; il suffit de se pencher sur les cas des pyramides de Ponzi pour s’en convaincre. Les actions, elles, ne posent pas se problème. Une société qui finance ses actifs par ses fonds propres (émission d’actions), ne fait que perdre de l’agent voire tout son capital si l’affaire tourne au vinaigre. Mais cela s’arrête là, pas d’effet boule de neige. De plus, une dette devant être remboursée, elle risque de conduire à la faillite tandis que des actions ne sont rémunérées qu’à travers des dividendes qui ne sont pas obligatoires et qui donc peuvent être versés plus tard en cas de difficultés. Ainsi, on montre que le financement par émission d’actions est le plus adapté pour les entreprises, l’endettement ne devant être qu’un complément.

Du côté des investisseurs, celui qui investit en actions paraît avoir une préférence pour l’avenir. En effet, la rentabilité de ce type de placement n’est certaine que sur le long terme et ce n’est surement pas l’Etat français qui va raisonner à long terme actuellement, bien qu’il le devrait. L’annualisation du budget limite l’horizon de l’Etat, d’où le report de toutes les dépenses sur les générations futures (pour cela, oui il raisonne à long terme, c’est sûr). Ce qui permet la création de richesse de façon durable, ce sont les entreprises et seule une puissante base actionnariale peut les aider dans leur labeur d’investissement à long terme. En outre, il se crée un lien entre l’investisseur et l’entreprise, fondé sur une solidarité financière. C’est donc l’investissement le plus moral de tous.

La bourse, bien ou bien ?

Achetons des actions, tous ensemble, pour le bien de tous ! C’est à la Bourse que cela se passe ! Mais au fait, pourquoi ? Est-ce nécessaire ? Après tout, c’est bien par elle que les actions s’achètent mais surtout se revendent permettant la spéculation, la formation de bulles et donc leur éclatement. Certes, mais il n’est pas crédible de vouloir financer des projets aussi vastes que ceux d’aujourd’hui sans un appel massif aux capitaux. Cela, seule une place boursière forte le permet. De plus, pas de bourse, pas de confrontation d’offre et de demande et donc pas de cotation et donc pas d’indication extérieure du prix. Pas de bourse, pas non plus de liquidité. En effet, dans le cadre d’un prêt, on prête pour 10, 20, 50 ou 100 ans, mais acheter une action, c’est aussi acheter une « participation » qui donne droit à des dividendes. Libre à vous de revendre ce droit à quelqu’un d’autre dans un marché secondaire. L’argent récupéré par l’entreprise lors de la première émission, est quant à lui toujours là. Ainsi, un financement par actions est un financement à très long terme.

On a cessé d’entendre lors des récentes campagnes politiques : « il faut moraliser la finance ». Certes, c’est un bien beau leitmotiv mais il est temps d’agir. La solidarité nationale n’est pas ce que l’on croît. Tout le monde a droit au profit, c’est même un comportement des plus rationnels. D’autant plus que le moyen le plus sain, moral et le plus rentable pour tous de s’enrichir est le financement par actions, alors pourquoi s’en priver ? Une simple question de valeurs… le marché a certes besoin de règles, mais il est surtout déterminé par le système de valeurs de ses acteurs. Ce qui fait le marché, est la hiérarchie de priorités de ses acteurs. L’investissement n’est donc pas une question de rentabilité mais de valeurs de telle ou telle société ; et cela va au delà de ce qu’on appelle l’investissement responsable.

Simo Alami


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