Quatre choses que l’État peut faire pour les pauvres

Publié le 07 janvier 2014 par Copeau @Contrepoints
Analyse

Quatre choses que l’État peut faire pour les pauvres

Publié Par A. Barton Hinkle, le 7 janvier 2014 dans Social

Les dépenses de lutte contre la pauvreté ont explosé alors que les taux de pauvreté sont demeurés stables. Il est temps d’essayer quelque chose de nouveau.

Par A. Barton Hinkle, depuis Les États-Unis.
Un article de Reason.

Le recensement de la population montre que 46 millions d’Américains restent coincés dans la pauvreté, ce qui est vu comme une bonne nouvelle étant donné que les démographes s’attendaient à pire. Environ 15% des américains sont pauvres soit le même pourcentage qu’en 2010 – et un pourcentage légèrement plus élevé qu’en 1966, malgré les seize mille milliards de dollars dépensés par Washington pour lutter contre la pauvreté depuis que Lyndon Johnson a déclaré la guerre contre celle-ci.

Jeffrey Miron remarquait l’année dernière dans le National Affairs que « si les 1,45 mille milliards de dollars de dépenses fédérales directes contre la pauvreté en 2007 avaient tout simplement été divisés et distribués parmi les 20% les plus pauvres de la population, cela leur aurait garanti un revenu annuel de plus de 62.000 $ par foyer ». Malheureusement, « une bonne partie de cette redistribution va dans les poches des familles de classe moyenne », tandis qu’une plus grosse partie encore est utilisée pour financer le fonctionnement des différents programmes de lutte contre la pauvreté.

« Lutter contre la pauvreté » signifie au moins deux choses : 1) Alléger la souffrance des démunis en leur fournissant de la nourriture, un toit et autres biens matériels nécessaires et 2) réduire effectivement les rangs de nécessiteux. Les programmes de lutte contre la pauvreté sont raisonnablement bons concernant le point 1) et très mauvais concernant le point 2).

Ils sont très mauvais concernant le point 2) car ils ne peuvent imposer la seule condition la plus à même d’aider les gens à sortir de la pauvreté : le mariage. Les familles monoparentales sont six fois plus susceptibles d’être pauvres d’après la Heritage Foundation. (Vous ne le croyez pas ? La Brookings Institution partage largement ce point-de-vue : « les enfants d’une femme seule sont, selon les années, quatre à cinq fois plus susceptibles de vivre dans la pauvreté que les enfants d’un couple marié »). Et tandis que les dépenses pour la lutte contre la pauvreté augmentaient sans interruption durant les 30 ou 40 dernières années, le nombre de familles monoparentales faisait de même.

C’est une des raisons expliquant que les gains dans le revenu aient accru pour les ménages les plus aisés, ces derniers comprenant plus de couples mariés. Les 20% de ménages les plus riches comprennent 25% de la population tandis que les 20% les plus pauvres n’en comprennent que 14%. Il y aurait toujours une inégalité de richesse par ménage même si tout le monde était payé de la même façon.

L’État ne peut pas (et ne doit pas) forcer les gens à se marier. Mais il peut faire un certain nombre de choses pour faciliter la sortie de la pauvreté.

1. Appeler à un cessez-le-feu dans la lutte contre la drogue. Bien qu’il y ait plus d’Américains blancs pauvres, la pauvreté et la monoparentalité sont plus aigües dans la communauté noire, celle-ci étant par ailleurs nettement plus touchée par la guerre contre la drogue. D’après le Rutherford Institute de Charlottesville, les blancs consomment plus de drogues que les noirs mais ces derniers sont en proportion dix fois plus nombreux à être incarcérés pour des affaires liées aux stupéfiants. Purger une peine de prison ne rend pas seulement plus difficile de trouver un travail mais ralentit aussi l’accumulation de richesse : les personnes emprisonnées ne développent pas leur home equity [NdT : valeur immobilière moins les dettes qui restent à payer sur l'emprunt fait pour acheter] ou leur plan 401(k) d’épargne retraite par capitalisation. Et mettre des hommes noirs derrière les barreaux ne fait qu’empirer le problème du mariage.

2. Réduire les barrières au travail. D’après l’Institute for Justice basé à Arlington, cela prend en moyenne 33 jours pour être certifié comme un ambulancier breveté ou un infirmier certifié pour l’Aide médicale urgente et ayant à prendre des décisions de vie ou de mort. Dans le même temps, la moyenne nationale pour recevoir une licence en cosmétologie vous coûtera 372 jours ainsi que quelques milliers de dollars de cours. La licence demandée dans 49 États pour être manucure nécessite 87 jours de formation en moyenne. Et avant que l’Institute for Justice ne se lance dans des poursuites judiciaires, même le tressage de cheveux nécessitait parfois une très onéreuse certification en cosmétologie. De nombreuses autres activités ne nécessitant pas d’expérience sont rendues inaccessibles par des règles d’octroi de licences strictes existant souvent avec le soutien des professionnels du secteur craignant la concurrence.

Une autre barrière au travail ? L’Obamacare. Le Patient Protection and Affordable Care Act (ou Loi sur la protection des patients et des soins abordables) oblige toute entreprise de plus de 50 salariés d’offrir à ces derniers une assurance médicale. Ce qui fait grimper le coût d’un nouvel embauché de plusieurs milliers de dollars. De plus, la loi imposera pour 2013 une couverture annuelle minimale de 2 millions de dollars et interdira tout plafond de couverture pour 2014, ce qui éliminera les « mini-assurances » santé offertes actuellement par des entreprises comme McDonald’s ou des syndicats comme l’United Federation of Teachers pour les enseignants. Ces deux derniers ont d’ailleurs reçu des dispenses d’un an l’année dernière.

3. Laisser tomber l’aménagement du territoire. Les partisans de la lutte contre la pauvreté réclament souvent des transports en commun publics horriblement coûteux pour que les pauvres puissent trouver un travail. Pourtant une des raisons pour lesquelles cela est si difficile vient des politiques d’aménagement du territoire très restrictives, séparant quartiers résidentiels et zones d’activité commerciale. Regardez des photos de villes du début du 20ème siècle et vous verrez des buildings avec des magasins au rez-de-chaussée et des appartements au-dessus. Les gens n’avaient pas besoin de lignes de métro léger à plusieurs milliards de dollars pour se rendre à leur travail, ils avaient juste à descendre quelques marches. Les progressistes qui se plaignent de l’absence de travail et de nourriture peu chère et de qualité dans les centres-villes devraient reconsidérer leur opposition systématique à Walmart, ce dernier proposant les deux.

4. Réparer les écoles. Après le mariage et le travail, la formation est la meilleure façon de sortir de la pauvreté. Si la redistribution des richesses est un jeu à somme nulle, augmenter le capital humain permet une croissance économique profitable à tous.

Et si les enseignants ne peuvent forcer les élèves à apprendre, l’État peut obliger les écoles à enseigner. Certes, cette façon de faire est difficile comme les grèves des professeurs l’ont montré à Chicago. Augmenter la compétition pourrait aider à cela, tandis qu’augmenter les moyens ne changerait pas grand-chose : depuis 1970, le coût par élève des études de la maternelle jusqu’à la fin du secondaire dans un établissement public a plus ou moins triplé en prenant en compte l’inflation tandis que le taux de réussite n’a pas varié. De la même manière, les dépenses pour lutter contre la pauvreté sont montées en flèches durant la même période tandis que le taux de pauvreté ne bougeait pas. S’il s’agit d’une simple coïncidence, elle est tout-à-fait remarquable.


Sur le web. Traduction : Raphaël C. pour Contrepoints.

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