C’est la découverte d’une étude internationale, menée à Harvard : Le valproate ou acide valproïque (Depakine®), un médicament utilisé, en particulier dans le traitement de l’épilepsie pourrait permettre d’atteindre…l’oreille absolue. Les conclusions, publiées dans la revue Frontiers in Systems Neuroscience suggèrent que le cerveau adulte peut rouvrir une fenêtre d’apprentissage grâce au médicament qui améliore sa neuroplasticité pour cette tâche sensorielle.
Rappelons que le valproate est utilisé pour le traitement des crises d’épilepsie, mais aussi de la migraine et des troubles de l’humeur comme le trouble bipolaire.
L’oreille absolue est définie comme la capacité d’identifier ou de produire la hauteur d’une note avec une parfaite exactitude, sans aucun point de référence. Alors que l’oreille absolue, considérée comme un trait génétique, ne peut normalement être atteinte que durant l’enfance, vers l’âge de 5 ans selon les experts. De précédentes recherches de la même équipe ont déjà montré que les inhibiteurs d’histone déacétylase-(inhibiteurs HDAC) dont le valproate permettent à des souris adultes d’atteindre des niveaux de perception impossibles normalement, à acquérir après la jeunesse. Ainsi, dans une expérience, des souris modèles de déficits neuronaux, induits en limitant la vision d’un œil, traitées par inhibiteurs HDAC, étaient parvenues à récupérer certaines de leurs fonctions cognitives.
Cette étude montre que chez 23 adultes humains volontaires, âgés de 18 à 27 ans et sans formation musicale, qu’un traitement de 2 semaines par valproate (vs placebo) permet d’approcher l’oreille absolue-mieux qu’un placebo- suggérant que le médicament ouvre à nouveau une fenêtre critique d’apprentissage dans le cerveau humain adulte. Ce résultat est analysé par les chercheurs, non comme une amélioration globale de la fonction cognitive, mais plutôt comme un effet très spécifique sur cette tâche sensorielle précise. Le Pr Takao Hensch, du Department de biologie moléculaire de Harvard rappelle qu’il n’existe aucun rapport documenté sur l’acquisition à l’âge adulte de l’oreille absolue et suggère que le médicament pourrait restaurer la plasticité du cerveau à un stade juvénile par la voie épigénétique (c’est-à-dire en modifiant l’expression de certains gènes).
Rouvrir la période critique d’apprentissage? En conclusion, ces données suggèrent que la neuroplasticité n’est pas nécessairement une fenêtre fermée après l’enfance, la période durant laquelle cette neuroplasticité est à son pic et certains médicaments, comme ici le le valproate pourrait aider à rouvrir la fenêtre. Un résultat qui pourrait être utile pour faciliter l’apprentissage de compétences à des adultes en difficulté. Le chercheur exprime un rêve, « rouvrir la plasticité ce qui associé à une formation appropriée pourrait permettre à des cerveaux adultes de redevenir jeunes. Mais avec quels risques ? », s’interroge aussi l’auteur.
Source: Frontiers in Systems Neuroscience 03 December 2013 doi: 10.3389/fnsys.2013.00102 Valproate reopens critical-period learning of absolute pitch
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