Labyrinthique Philippe Parreno au Palais de Tokyo

Publié le 07 janvier 2014 par Lifeproof @CcilLifeproof

Vue de l'exposition de Philippe Parreno, "Anywhere, Anywhere, Out Of The World", Palais de Tokyo, 2013. Philippe Parreno, Marquee, 2013. Photo : Aurélien Mole.

Paris mi-novembre pour un anniversaire de mariage, je vous en ai déjà parlé ici et là. Arrivée, je suis passée déposer mes affaires chez des amis puis je me suis rendue au Palais de Tokyo pour y visiter une exposition que j’attendais : "Anywhere, Anywhere Out of the World" de Philippe Parreno. À voir jusqu'au 12 janvier 2014. 

Vue de l'exposition de Philippe Parreno, "Anywhere, Anywhere, Out Of The World", Palais de Tokyo, 2013. Philippe Parreno, TV Channel, 2013 (détail de l’installation). Courtesy Pilar Corrias Gallery. A l’écran : The Writer, 2007. Photo : Aurélien Mole.

Comme pour Pierre Huyghe au Centre Pompidou, il s’agit d’une rétrospective à travers l’œuvre de Philippe Parreno. Les deux artistes se rejoignent sur certaines problématiques : outre, le fait qu'ils ont travaillé ensemble, tous deux envisagent l'exposition comme étant elle-même œuvre. Parreno donne une nouvelle dimension à son travail, il le recréé et redessine l'architecture du Palais de Tokyo. On pourrait dire de cette exposition qu'elle est un peu froide, la scénographie étant très épurée et labyrinthique mais, en l'inscrivant dans le bâtiment, nous sommes vraiment invités à nous immerger dedans par des ambiances, des sons, des images et des résonances qui nous entraînent d'une œuvre à l'autre, l'impression de froideur disparaissant progressivement... 

Dans un premier temps, le parcours est fléché, j'ai récupéré un plan à l’accueil (ainsi qu'un dvd qui s'effacera après lecture, zut!) , il donnait des indications sur les œuvres que j'allais découvrir et l'itinéraire à suivre. Nous sommes invités à descendre. Progressivement, les œuvres s'éclatent à travers l'espace, on entre dans des pièces dans lesquelles on peut voir des expositions dans l'exposition, des réinterprétations d’œuvres, d'autres qui sont cachées, des ambiances qui évoluent, etc. 

Vue de l'exposition de Philippe Parreno, "Anywhere, Anywhere, Out Of The World", Palais de Tokyo, 2013. Philippe Parreno, ModifiedDynamicPrimitivesforJoiningMovementSequences (détail), 2013. Photo : Aurélien Mole.

L'ensemble est rythmé par une musique : Petrouchka de Stravinsky. Les lumières, des néons verticaux que l'on retrouve dans tout l'espace du Palais de Tokyo et qui nous guident dans l'espace, s'allument selon le rythme de ce ballet créé en 1911, des pianos, réalisés avec Liam Gillick, sont disséminés dans l'exposition et rejouent cette mélodie. Petrouchka relate une histoire d'amour triangulaire entre des poupées qui s'animent et sont douées de sentiments. Les robots et pantins étant au cœur du travail de Philippe Parreno, ce choix musical tombe sous le sens... Dans l'exposition, la robotique est mise à l'honneur et les robots prennent vie: dans la vidéo The Writer (2007) on peut voir un automate de Jacquet-Droz créé au 18è siècle en train d'écrire "What do you believe, your eyes or my words" ou encore le robot de ModifiedDynamicPrimitivesforJoiningMovementSequences (2013) qui a été créé pour reproduire l'écriture de Marilyn Monroe.

Dans l'exposition « Anywhere, Anywhere Out of the World » on est dans une mise en abîme constante : la machine dans la machine, les expositions dans l'exposition et les histoires à tiroirs, ainsi que les œuvres qui recomposent d'autres récits, d'autres ambiances, d'autres imaginaires. On rencontre aussi les œuvres d'autres artistes invités pour l'occasion par Philippe Parreno : Dominique Gonzales-Foerster avec sa Bibliothèque clandestine (2013) qui cache derrière elle une œuvre de Parreno, on peut y voir aussi le film Zidane : A 21st Century Portrait (2006) que Parreno a réalisé avec Douglas Gordon ; ou encore Annlee revisitée par Tino Sehgal. Une mise en abîme à l'infini...

Vue de l'exposition de Philippe Parreno, "Anywhere, Anywhere, Out Of The World", Palais de Tokyo, 2013. Dominique Gonzalez-Foerster, La Bibliothèque clandestine, 2013. Photo : Aurélien Mole.

Philippe Parreno n'a pas pensé cette exposition de façon traditionnelle : pas de murs blancs sur lesquels viendraient s'accrocher des œuvres, des sculptures autour desquelles tourner ou autres. Ce qui nous est donné à voir ici est une chorégraphie où les œuvres sont les divers membres du ballet et leur mise en espace, le spectacle. Les espaces se répondent, tout comme les œuvres, la musique, l'éclairage, etc. Des sons en émergent, ils se suivent, nous entraînent avec eux à travers les divers lieux et nous conduisent Anywhere, Anywhere Out of the World. « L’exposition est conçue comme un espace scripté, comme un automate, produisant différentes temporalités, un rythme, un parcours, une durée. Le visiteur est guidé à travers les espaces par l’apparition et l’orchestration de sons et d’images... Une chorégraphie mentale » nous dit Philippe Parreno.

Cécile.

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PALAIS DE TOKYO

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