Alors parler de cette exposition qui durera jusqu'au 24 janvier prochain, c'est évoquer ce film « vrai », dans tous les sens du terme.
Des photos, un film, grâce auxquels on « rencontre » les femmes et les hommes de la rue comme ils y vivent,
avant et après le passage de Sylvain et de son appareil photo ou de sa caméra, qui les filme à la manière d'un témoin silencieux là où ils sont, à leur hauteur, sur le bitume...
Un film grâce auquel on les écoute aussi. Car c'est à eux qu'est donnée la parole... Libre, comme une réponse à nos questions muettes ; une parole qui touche, surprend, émeut...
La couleur de l'image - celle des photos, celle du film - est, elle aussi, sans artifice : jaune, grise et
lumineuse ; identique dans son impitoyable beauté à celle qui accompagne simultanément nos nuits de maraudes et le sommeil des gens de la rue.
« Voyage sans-abri »
et « Au bord du Monde » livrent au spectateur le témoignage de vie authentique de ceux qui sont si souvent contournés/évités/ignorés. Je vous invite à lever les yeux vers ces photos,
vers l'écran, et de vous laisser entrainer vers ce qui - dans un monde meilleur - serait une fiction avant de les porter, différemment, sur ceux qui demeurent... Au bord du Monde.
Voyage sans abri - Les autres
Eglise Saint Leu - Saint Gilles, 92, rue Saint-Denis 75001 Paris
15 photographies « Voyage sans abri » de Sylvain LESER/ Haytham Pictures - 3 photographes : Valeria CARO "Les sans-abris de Bogota " - Louis WITTER "les sans-abris de Chine" - Samy MOREL "Les sans-abris de Toulouse"
Du 7 au 11 janvier 2014 - 11h00 à 19h30
Le 12 janvier 2014 - 09h00 à 13h00
Du 13 au 18 janvier 2014 - 11h00 à 19h30
Le 19 janvier 2014 - 09h00 à 13h00
Du 20 au 24 janvier 2014 - 11h00 à 19h30
Présentation et projection du film " Au bord du monde " le 17 janvier à 20h30 en avant première avant sa
sortie en salle
Concert le 24 janvier à 20h au profit des gens de la rue avec le Quatuor « Les
Dissonances »
Au bord du Monde
Sortie nationale
22 janvier 2014
Sylvain Leser, photographe
après le vernissage de Voyage sans abri
« Ce soir était un ensemble de visages, amis, déjà rencontrés, reconnu, retrouvé, enfin revu, il était grand
temps !
Comme si le faites que vous soyez venu m 'unifiais à vous à nouveau et pour l 'éternité !
Ce soir, vous que je revois; je te le dis : tu est ma famille, mon frère ma soeur, mon père, mon cousin mon
meilleur ami !!
Je t 'ai embrassé, je t 'ai fait l 'accolade, nous nous sommes enfin retrouvé!
Un bref un instant d 'éternité de passé de présent et de futur confondu !!
Des surprises qui surgissent de partout, des gens que j 'aime .
Il y aussi les Autres..
Tu étais la tu as fait le chemin jusque' à moi traverser le temps, la ville, la vie .
Puis il y' a toi: l 'autre celui qui n 'est pas là, plus là, pas encore là et que j 'attend, que je ne reverrai plus ou au contraire qui arrive , qui est en chemin !!
Je ne peu citer ton nom car tu est trop nombreux à me manquer !
Mais toi tu me manque beaucoup !
Mon coeur en est fendu!
Ton âme est là à tout jamais mon frère humain, mon âme soeur!
Entre la rue du cygne et la rue de la grande Truanderie ! Au 92, rue St Denis.
À Saint-Leu - Saint-Gilles !
Vous m 'avez offert par votre présence un cadeau comme si je vous connaissais tous depuis le commencement de l'éternité.
Le Hugh était succulent !!
Merci à toi jusqu'a la fin des temps !!
Je vais passer tous les jours à l'église durant les trois semaines à venir , je t'y attends à nouveau, viens! Passons un moment ensemble dans ce lieu si puissant !:
"si bon, si beau, si sage".
Les après-midi lorsque l 'église ouvre à nouveau ses portes !
Il y'a mon phone sur l 'affiche ! »
Victor Hugo - 9 juillet 1849
Discours sur la misère à l'Assemblée Nationale
« Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde, la souffrance est une loi divine, mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère.
Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui, cela est possible ! Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas le fait, le devoir n’est pas rempli.
La misère, Messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir où elle en est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au moyen-âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ? Mon Dieu, je n’hésite pas à les citer, ces faits. Ils sont tristes, mais nécessaires à révéler ; et tenez, s’il faut dire toute ma pensée, je voudrais qu’il sortît de cette assemblée, et au besoin j’en ferai la proposition formelle, une grande et solennelle enquête sur la situation vraie des classes laborieuses et souffrantes en France. Je voudrais que tous les faits éclatassent au grand jour. Comment veut-on guérir le mal si l’on ne sonde pas les plaies ?
Voici donc ces faits :
Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent
pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures, j’ai presque dit pour vêtements, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés
dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures humaines s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l’hiver. Voilà un fait.
En voici d’autres : Ces jours derniers, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n’épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l’on a constaté après sa mort qu’il n’avait pas mangé depuis six jours.
Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !
Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société toute entière ; que je m’en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu !
Voilà pourquoi je suis pénétré, voilà pourquoi je voudrais pénétrer tous ceux qui m’écoutent de la haute importance de la proposition qui vous est soumise. Ce n’est qu’un premier pas, mais il est décisif. Je voudrais que cette assemblée, majorité et minorité, n’importe, je ne connais pas, moi de majorité et de minorité en de telles questions ; je voudrais que cette assemblée n’eût qu’une seule âme pour marcher à ce grand but, à ce but magnifique, à ce but sublime, l’abolition de la misère !
Et, messieurs, je ne m’adresse pas seulement à votre générosité, je m’adresse à ce qu’il y a de plus sérieux dans le sentiment politique d’une assemblée de législateurs ! Et à ce sujet, un dernier mot : je terminerai là.
Messieurs, comme je vous le disais tout à l’heure, vous venez avec le concours de la garde nationale, de l’armée et de toutes les forces vives du pays, vous venez de raffermir l’Etat ébranlé encore une fois. Vous n’avez reculé devant aucun péril, vous n’avez hésité devant aucun devoir. Vous avez sauvé la société régulière, le gouvernement légal, les institutions, la paix publique, la civilisation même. Vous avez fait une chose considérable...
Eh bien ! Vous n’avez rien fait !
Vous n’avez rien fait, j’insiste sur ce point, tant que l’ordre matériel raffermi n’a point pour base l’ordre moral consolidé ! Vous n’avez rien fait tant que le peuple souffre ! Vous n’avez rien fait tant qu’il y a au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère !
Vous n’avez rien fait, tant que ceux qui sont dans la force de l’âge et qui travaillent peuvent être sans pain ! tant que ceux qui sont vieux et ont travaillé peuvent être sans asile ! tant que l’usure dévore nos campagnes, tant qu’on meurt de faim dans nos villes tant qu’il n’y a pas des lois fraternelles, des lois évangéliques qui viennent de toutes parts en aide aux pauvres familles honnêtes, aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de cour ! Vous n’avez rien fait, tant que l’esprit de révolution a pour auxiliaire la souffrance publique !
Vous n’avez rien fait, rien fait, tant que dans cette oeuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l’homme méchant a pour collaborateur fatal l’homme malheureux ! »
Quelques liens :
https://www.facebook.com/events/1437983926426149/ http://www.sylvainleser.com/fr/actualite.html
Extrait du film You Tube: http://www.auborddumonde.fr/?chemin=.%2Fhome%2F100-VIDEOS
Le site du film :
http://www.auborddumonde.fr/