Prince Avalanche est un film indépendant américain de David Gordon Green (Délire Express, Snow Angels), se déroulant au Texas durant l’été 1988, avec Paul Rudd et Emile Hirsch dans les rôles principaux. Ils interprètent respectivement Alvin et Lance, deux beaux-frères ouvriers qui travaillent ensemble sur le marquage d’une route endommagée par un feu de forêt. Tandis que l’un profite des joies de la nature et des grands espaces, l’autre ne pense qu’aux fêtes et aux filles…
Réalisateur étrange, et touche-à-tout, capable de passer de la comédie américaine bien lourdingue au thriller haletant ou au drame intimiste, David Gordon Green nous offre avec Prince Avalanche un drame d’une grande authenticité, non dénué d’une bonne dose d’humour. Un mélange toujours délicat à obtenir mais qui se révèle absolument superbe lorsque l’harmonie est au rendez-vous, comme c’est le cas ici.
Cette petite production rafraîchissante étonne rapidement par ses personnages extrêmement attachants, sorte de losers complètement en marge de la société qui nouent une relation aussi bizarre que sincère. Pourtant radicalement différents, les deux hommes vont progressivement partager leur vision de la vie et de l’amour. Perdus au fond de cette immense forêt, ils vont aussi se changer mutuellement puisque chaque déconvenue rencontrée (amoureuse ou professionnelle) donnera lieu à des échanges, parfois virulents, qui ne laisseront assurément pas indifférent. L’émotion est ainsi palpable tout du long et nous emporte curieusement au moment où l’on s’y attend le moins. Néanmoins, au-delà de l’aspect dramatique parfaitement retranscrit, il règne également sur le long-métrage une folie douce et décalée, installée principalement par des dialogues exceptionnels, qui monte en puissance petit à petit jusqu’à une scène de pétage de plomb d’anthologie. Une séquence qui justifie d’ailleurs presque à elle seule la vision du film !
Concernant la mise en scène, si elle s’avère parfois inégale, elle demeure tout de même plutôt audacieuse et surtout toujours pertinente par rapport au sujet. Qui plus est, elle nous transporte de belle façon dans des paysages naturels particulièrement fabuleux. Mais si le film est finalement aussi réussi et percutant, c’est selon moi pour deux raisons bien précises : les acteurs et la bande originale ! En effet, Paul Rudd et Emile Hirsch incarnent magnifiquement bien ces deux personnages un peu idiots au premier abord, mais terriblement touchants par la suite. Ils parviennent à les rendre attachants et crédibles sans pour autant négliger le côté déjanté qui les caractérisent. De plus, il y a une vraie alchimie entre les deux et à titre personnel, je dois avouer que Paul Rudd m’a particulièrement surpris. Plutôt habitué aux comédies sans grande finesse, je ne lui soupçonnais pas cette aisance dans le registre dramatique. Enfin, la BO de Explosions in the Sky & David colle à merveille à l’ambiance du long-métrage et renforce ainsi considérablement la puissance émotionnelle du récit. Sans elle, je pense pouvoir dire sans trop m’avancer que le film n’aurait pas eu le même impact sur moi.En conclusion, Prince Avalanche est donc un véritable petit bijou dans le monde du cinéma indépendant. Porté par deux acteurs convaincants et soutenu par une histoire aussi émouvante que loufoque, le film aborde avec beaucoup de sincérité un moment de vie absolument pas comme les autres. Un vrai coup de cœur en ce qui me concerne !