"Mon ennemi c'est la finance", c'est François Hollande qui le disait lors du très bon discours (si, si, il faut bien le reconnaître) du 22 janvier 2012 au Bourget. Lequel discours lui a certainement permis de remporter l'élection présidentielle. Las, comme souvent (toujours ?) avec les politiques, ces promesses se sont avérées n'être que de l'esbroufe. La "finance", et derrière ce vocable tout ce que la France compte de puissants et de riches, n'a pas tremblé longtemps. Bien au contraire, les spéculations qui ont entraînées la crise de 2008 ont reprises de plus belle, et les riches se sont enrichis comme jamais. Vive la gauche s'écrie-t-on de Neuilly à Saint-Mandé en passant par les quartiers ouest de la capitale.
Mais ce que nous n'avions pas encore compris, c'est que si la finance n'est donc plus l'ennemi de la gauche au pouvoir, cela ne signifiait pas qu'elle n'en avait plus, d'ennemi, mais qu'elle en avait un autre, dont jusqu'ici elle nous avait caché, et pour cause, l'existence. C'est François Hollande, lui-même qui a révélé la chose, le 31 décembre à 20 heures, dans un passage de ses voeux présidentielles, qui n'a curieusement suscité que bien peu d'échos. Désormais, pour mieux réduire encore les dépenses publiques, François Hollande a décidé de se lancer dans la lutte contre les abus.
Attention, qu'on ne s'y trompe pas ! Il n'est pas question ici de ces milliards qui partent dans l'évasion fiscale. Non, François Hollande parle de ces fraudes à la sécurité sociale, aux caisses de retraites, de ces petites arnaques diverses et variées, qui sont souvent le fruit de la débrouille et ont pour cause première la nécessité des plus humbles à subvenir à ces besoins. Certes, il faut lutter contre cela, tout comme les gaspillages divers et variés de nos administrations, mais bien qu'importantes en valeur, ces sommes ne sont rien par rapports aux milliards qui sont mis à l'abri dans les paradis fiscaux et que l'on ne se presse pas de récupérer.
Ainsi François Hollande récupère un nouveau pan du discours sarkozyste : il faut faire la chasse aux pauvres, car c'est bien d'eux qu'il s'agit ici. Sous prétexte de lutte contre les abus, ce sont encore des hôpitaux, des classes, des commissariats, des gendarmeries que l'on va fermer. François Hollande ne se contente plus du discours, c'est bel et bien la politique de Nicolas Sarkozy qu'il applique, et ce d'autant plus que tout cela a un but : réduire les impôts ! Bref, on va encore tondre les pauvres pour enrichir les riches.
Franchement, si cette année, le 31 décembre, François Hollande pouvait s'abstenir de nous présenter ses voeux, se serait une bonne chose.