La première partie de ce récit retrace donc la vie de cette jeune paysanne à laquelle on refuse la possibilité de poursuivre sa scolarité alors qu’elle est extrêmement douée, qui doit dissimuler son intelligence et sa sensibilité pour s’assimiler aux autres paysans qu’elle côtoie et à la vie qu’elle mène, qui connaît un amour malheureux puis qui fait un mariage décevant. Ces pages dressent un portrait de femme bouleversant, dans lequel chaque lecteur, je pense, reconnaîtra un peu de lui-même, dans la mesure où nous avons tous le sentiment d’être "passé à côté" de nos vies, ou d’avoir désiré des choses impossibles …
J’ai surtout été stupéfaite que l’auteur sache retranscrire aussi bien les pensées de cette mère qu’il n’a quasiment pas connue : on a l’impression qu’il est parvenu à pénétrer son âme et ses sentiments, comme s’il s’était entièrement identifié à cette mère.
J’ai trouvé cette première partie du livre tellement belle que j’ai craint, en la terminant, que la deuxième partie ne puisse pas se maintenir à un tel niveau. Et puis, si, jusqu’à la dernière page on est emporté par la beauté et les accents de vérité qui émanent de ce récit.
Certes, c’est une histoire très sombre où les êtres connaissent souvent le désespoir et se confrontent autant à la dureté du monde qu’à leurs propres limites, mais les dernières pages du livre ouvrent tout de même sur la lumière et sur l’espoir, et célèbrent le beauté de la vie.
J’ai beaucoup aimé le style de Charles Juliet, qui est dépourvu de préciosité et de fioritures inutiles : chaque mot frappe juste et renvoie le lecteur à sa propre vérité.
Je crois que c’est pour lire d’aussi beaux romans que je m’intéresse à la littérature, et je ne peux qu’en conseiller très vivement la lecture !