Jean-Philippe Vigouroux (à gauche) et Guy Abonnenc (à droite)
Quels sont les rapports entre la version papier et le site web de votre journal ?
Jean-Philippe Vigouroux : "Il y a de plus en plus de différences. On ne peut plus se permettre le simple copier/coller de la version papier sur la version web , même si c'est souvent un pré-requis nécessaire.
La plus-value majeure du web se fait sur l'info en continu, en raison de la plus grande vitesse de diffusion. Cela n'empêche pas l'application des mêmes principes éditoriaux quel que soit le support. Sur le web, le traitement est enrichi et diversifié par l'infographie, l'album photo en est un bon exemple : pas de limite en quantité, tout en permettant une complémentarité avec le contenu papier. Internet a également un temps d'avance en ce qui concerne les scoops. Mais il faut garder à l'esprit que si on donne trop sur la partie gratuite du site, on dévalorise le payant."
Guy Abonnenc : "Les 26 éditions du journal sont accessibles en abonnement numérique sur le web payant. Pour le web gratuit, un contenu spécifique est produit tout au long de la journée, en temps réel, par la rédaction du Dauphiné Libéré. Ce contenu peut être une alerte info, un papier développé, un diaporama, une vidéo."
Pour le Progrès, un site web au design efficace et lisible. L'offre d'abonnement, en haut à droite de la page d'accueil, est facile à repérer rapidement.
À vos yeux, quels sont les atouts du site web de votre journal ? Y aurait-il des améliorations à y apporter ?
J-P. V. : "En ce qui concerne la forme, une nouvelle maquette a été mise en place depuis le 13 novembre 2013. Il n'y a pas eu de reproches sur la version précédente, mais des efforts ont été faits au niveau de la lisibilité. En ce qui concerne le fond, on y trouve davantage de vidéos et de sujets riches, le contenu va au-delà de la simple réécriture de ce qu'on trouve dans la version papier."
G.A. : "Le principal atout du site : des contenus fournis en temps réel par l’ensemble de la rédaction sur une amplitude horaire importante (de 6h30 à 1 heure du matin). Cette réactivité sur l'info permet de générer une forte audience (près de 40 millions de pages vues/mois sur le site et les applications, près de 10 millions de visites mensuelles et près de 3 millions de visiteurs uniques ndlr.). Les amélioration à apporter : l'application tablette et une nouvelle maquette du site (en cours de développement). Un très grand nombre d'infos du site sont partagées sur les réseaux sociaux. Par exemple, Facebook assure aujourd'hui 17% de l'audience du site."
Pour le Dauphiné Libéré, un site web à la maquette épurée. L'onglet « abonnez vous » sur le haut de la page d'accueil est très discret.
Comment percevez-vous l'avenir de la PQR sur papier ? Quelle est donc la stratégie de votre journal pour assurer la transition papier/web ?
J-P. V. : "Pour envisager l'avenir sereinement, il faut forcément avoir un contenu numérique payant. Le Progrès a bien amorcé le virage, comme l'indique l'OJD (association pour le contrôle de la diffusion des médias) dans le poids dans les chiffres de vente. On arrive à convertir au numérique les anciens abonnés papier. Le reproche principal fait à l'abonnement numérique est qu'il est trop cher, à tort ! L'abonnement papier est plus cher. En PQN, les abonnements numériques sont moins onéreux mais la situation n'est pas comparable. Il faut aussi avoir à l'esprit le fait que la TVA appliquée à la presse papier est de 2%, contre 19,6% pour la presse en ligne. Au Progrès, le pack abonnement plus tablette que nous proposons est assez prisé."
G.A. : "Il y aura toujours une place pour le journal papier, même si cette place diminue, comme l'a souligné Marc Thompson (le PDG du groupe New York Times ndlr.) dans une récente interview donnée aux Échos .
Il s'agit de continuer à soutenir les ventes papiers (amélioration du journal, réseaux de distribution, portage, etc.) tout en développant l'info sur l'ensemble des supports numériques. La transition numérique est déjà une réalité forte par son audience importante. C'est le modèle économique de l'info sur le web qui n'est pas encore établi. La difficulté à monétiser cette info est une réalité partagée par l'ensemble des journaux du monde même si, sur ce plan, Le DL fait mieux que la moyenne de ses confrères de la PQR. La stratégie est de monter en puissance sur ce chiffre d'affaires numérique (abonnement, zone payante, et publicité)."