Les premières apparitions de Guillaume Gallienne sur Canal+ ne m’ont pas intéressé. Il m’a fallu la radio pour que la voix de cet acteur me séduise. Dans l’émission « Ça ne peut pas faire de mal », sur France Inter, il propose des extraits d’ouvrages de la littérature mondiale. Et, à chaque fois, je me suis dit qu’il me faudrait lire ces livres.
J’ai retrouvé cette voix dans la narration qui accompagne le film de Guillaume Gallienne, Les garçons et Guillaume, à table!. Et je me suis laissé porter par elle, acceptant l’humour, la légèreté, la naïveté du personnage. Les interrogations sur l’identité sexuelle, sur le genre comme on dit aujourd’hui, n’expriment ici aucune souffrance. Alors que, souvent, être hors de la norme est présenté soit comme une douleur insurmontable, soit comme une revendication agressive. On rit des situations engendrées par l’ambiguïté, du mimétisme, des caricatures, d’une construction faite d’ellipses assez efficaces. Le film ne dit que cela : on ne naît pas homme ou femme, on le ou la devient. Et tout ce qui entoure l’enfant, l’adolescent, l’adulte, y participe.
« Ma mère sait que j'ai un corps (...). Elle décide pour moi d'un destin de fille... » (Brigitte Giraud - Avoir un corps)
Cela dit, j’ai été surpris par le succès du film. Le jour où je l’ai vu, j’ai dû revenir à la séance suivante, la première affichant complet. Sans doute cela met en évidence que ces questions traversent profondément la société française.