2010. Nathan vient passer Noël dans la maison de son enfance, où l’attendent sa mère Grâce et sa soeur Lise. Il arrive avec ses deux jumeaux de six ans, qu’il élève seul depuis la mort de leur mère Cora en les mettant au monde. Mais une drôle de surprise l’attend: leur père, qu’il a à peine connu puisqu’il est parti alors qu’il n’avait que quatre ans, a réapparu et veut les revoir, Lise et lui. Plutôt déstabilisant. C’est alors que d’étranges phénomènes se produisent dans la maison. Un cadeau disparait de sous le sapin et réapparait dans le poêle. Des billes de métal sont jetées dans les fenêtres la nuit. Et Grâce ne semble pas décidée à porter plainte.
1981. Grâce Marie Bataille se ronge les sangs. Elle a décidé de retravailler, et a embauché une jeune fille au pair polonaise pour s’occuper de ses deux enfants, Nathan et Lise, encore très jeune. Et si déjà, auparavant, son mari n’était pas souvent là, retenu aux quatre coins du monde pour vendre ses maudits appareils électroménager, maintenant, Grâce est persuadée que l’arrivée de cette beauté slave ne la fait que paraître pus vieille et inutile aux yeux de son mari.
Quel roman excellent! Il commence comme un drame familial qui surjoue un pathos et qui aurait pu rapidement me lasser. Comment ne pas être ému par ce jeune papa un peu paumé qui continue à écrire et à parler à sa femme décédée, qui redevient un petit garçon plein de rancœur devant le père qui l’a abandonné? Il faut avouer qu’il cumule, ce pauvre Nathan. Mais heureusement, il est entouré de personnage qui intègrent soigneusement ce pathos à un malaise ambiant très palpable: l’innocence et l’étonnante lucidité des enfants qui amènent une fraicheur reposante mais presque malvenue dans le contexte, le cynisme à peine dissimulé de Lise avec son franc-parler, et surtout le calme un peu effrayant de Grâce qui cache visiblement des choses tant elle semble ne pas se rendre compte de l’ampleur de ce qui se passe chez elle. Ces personnages créent une ambiance pesante très efficace dans un huis-clos de plus en plus étouffant où l’on comprend vite que des secrets sont prêts à exploser.
Le rythme du roman fait d’ailleurs savamment grimper cette tension, puisqu’il alterne des chapitres se déroulant en 2010 et d’autres se déroulant en 1981 : tous les parallèles sont donc permis entre les enfants de l’une et de l’autre époque, le drame qui se joue autour d’eux, dans lequel ils ne sont pas impliqués mais qui pourtant rejaillit sur eux. Ils apportent une lumière les uns sur les autres et permettent de mettre tout doucement en place une intrigue qui nous prend de manière assez machiavélique. Je garde un souvenir particulier de ce passage d’un chapitre à l’autre où l’on voit les enfants dessiner une femme rousse, une certaine Tina qu’ils ne sont pas censés connaître, avant une plongée dans le passé qui nous apprend que la fille au pair, Christina, était justement rousse. On frôle le fantastique à de nombreuses occasions et l’effet est saisissant!
La note de Mélu:
Une pépite, je le recommande vivement!
Un mot sur l’auteur: Delphine Bertholon (née en 1976) est une auteure française auteure de quatre romans.
catégorie “prénom”