“Il suffit de passer le pont, et c’est tout de suite l’aventure”. C’est une des chansons de G. Brassens des plus anciennes et de mes préférées. Je me dis qu’en ce mois de mai nous sommes servis côté ponts et un peu brimés quant à l’aventure qu’entraînerait leurs passages.
Journée rouges sur à peu près l’ensemble du territoire, bouchons, énervements, sur-consommation d’essence, accidents, morts, contrôles policiers. Ces grandes migrations rappellent irrésistiblement celles des lemmings des pays du nord, avec leur masse de disparus en chemin, les plus forts ou les plus chanceux surnageant à l’épreuve.
Consommation de masse du temps, de l’espace, de l’atmosphère, des objets et des tenues, grégarisme forcené et passager qu’on retrouve dans les marathons de New-York ou de Paris, rançon sociale obligée d’une société dans laquelle la consommation nous mène au nom de l’individu-roi, contradictoirement, à nous fondre et à nous distinguer. Nous fondre dans le spectacle organisé, notamment celui ds départs en week-end à ponts, nous distinguer par l’écume des choses portées et achetées. Etre ou avoir, être ou paraître, le dilemne est toujours plus d’actualité.
Sans rejoindre Tonton Georges quand il chante que dès qu’on est plus de deux (ou trois, j’ai oublié), “on est une bande de cons”, car j’aime les tablées conviviales, je l’apprécie toujours et pleinement dans la sagesse profonde de “La mauvaise réputation”: “Le jour du 14 juillet, je reste dans mon lit douillet, la musique qui marche au pas, cela ne m’intéresse pas”.