A l’occasion du Challenge Séries 2014, et parce que la série Earth : Final Conflict est parue en DVD cette année avec plusieurs années de retard (la série date tout de même de 1997 !!), j’ai décidé de me replonger dans celle-ci. D’autant plus que Canal +, qui la diffusait, s’est arrêtée aux 3 1ères saisons, les 2 dernières restant inédites (et souffrant d’une mauvaise réputation).
De quoi ça parle ? (le pitch de la série) : Les Taelons, des extraterrestres, sont apparus déjà il y a 3 ans sur Terre lorsque débute la Saison 1. Ces extraterrestres ont bouleversé le monde, venant en paix et faisant bénéficier la Terre de leurs avancées technologiques. Mais un mouvement de résistance s’organise, car certains ont des doutes concernant les bonnes intentions des Taelons. Pour se défendre, les Taelons, pourtant non-belliqueux, ont à leur service des implantés : des humains qui, en échange d’un implant leur donnant de plus grandes capacités, sont dévoués entièrement à les servir. Ils reçoivent de plus un Skrill, une arme bio-mécanique. William Boone, l’un d’entre eux, est en réalité un agent double : agent au service de Da’an, le Compagnon Nord-Américain, il travaille également pour la résistance.
Les raisons d’y jeter un œil… ou pas ! (mon avis critique sur le début de la Saison 1) : Earth : Final Conflict est une série à laquelle je suis profondément attaché. Et une série que je conseillerai pour plusieurs raisons. Cette série canadienne est apparue en 1997, donc, alors que Majel Barrett Roddenberry, la veuve de Gene Roddenberry, le très connu créateur de Star Trek. Celle-ci a décidé que certains des projets, des idées de son défunt mari ne devaient pas rester lettre morte, et pouvaient être transformées en séries TV. Dans le même genre, nous avons également eu Gene Roddenberry’s Andromeda. Bien sûr, elle n’est pas seule à l’origine de la série, et s’est associée avec d’autres producteurs. Cette série met principalement en scène un duo en tant que personnages principaux, l’agent William Boone et la capitaine Lili Marquette. La venue des Taelons et les mystères qu’ils développent ou entretiennent servent de base sur laquelle ils vont enquêter. Souvent, une expérimentation secrète ou un mystère de ces Compagnons est à l’origine d’une nouvelle enquête. Années 90, Science-Fiction, duo d’enquêteurs constitué d’un homme et d’une femme… Sur le principe, la série fait quelque peu penser bien sûr à X-Files. On a même un informaticien reclus, paranoïaque, lubrique, cousin éloigné des Lone Gunmen, en la personne d’Augur. Mais qui en serait une version affadie, terne. Comme l’est le héros William Boone, interprété par un Kevin Kilner quelque peu transparent, dégageant peu d’émotions. Des personnages peu travaillés, dont on ne saura vraiment rien finalement (les informations qu’on nous donne les concernant ne sont délivrées qu’au compte-goutte, et quand elles servent le scénario de l’épisode concerné), interprétés par des acteurs peu expressifs.
Mais ce qui sauve la série, ce sont d’autres aspects : le côté fascinant des Taelons, et de leur technologie. Une technologie qui associe souvent le biologique et le mécanique, à l’image des Skrills, des symbiotes qui ne disent pas leur nom et ne sont jamais présentés comme tels. Les navettes spatiales, qui ressemblent à de gros insectes, au vol élégant, dirigés avec des mouvements de mains. Un environnement visuellement coloré et cohérent, les Taelons évoluant et développant des architectures faites de violet, de mauve, de bleu avec toutes leurs nuances. Des couleurs associées à leur apparente froideur. Il y a aussi leur gestuelle particulièrement étudiée et travaillée. Les communicateurs, qui anticipent d’une certaine manière les smartphones, avec leur écran et leur webcam intégrée. La série est riche d’idées S-F cohérentes qui s’associent dans un univers fascinant et visuellement identifiable. Même si par certains aspects, les Taelons ne sont pas sans faire penser aux Minbaris de Babylon 5 : eux aussi sont chauves, et eux aussi fonctionnent par castes. La série est fascinante aussi, et se laisse suivre, car les motivations réelles des Taelons sont inconnues. On ne sait pas véritablement pourquoi ils sont arrivés sur Terre, à quoi sont destinées lers expériences. Un certain nombre de questions les entoure, et la série creuse autour à chaque fois un peu plus. A la manière du Caméléon, chaque épisode lève le voile sur une partie du mystère, mais amène de nouvelles questions. Et certains événements sont rappelés par la suite, la série étant semi-feuilletonnante. Ce qui rend la série intéressante également, et on reconnaît la patte de son créateur Gene Roddenberry, c’est les zones de gris que la série laisse apparaître. Il n’y a en effet pas de véritables méchants dans l’histoires, mais beaucoup de méfiances et d’incompréhensions. Rien ne justifie vraiment par exemple l’existence d’une résistance, à part pour créer de la tension dramatique en faisant jouer un double rôle à certains personnages. Les Taelons n’ont jamais rien fait de répréhensible, pour le grand public, et sont venus en paix. La méfiance de certains n’est jamais vraiment expliquée, ou justifiée, à part peut-être par des relents quelque peu xénophobes ou de défense du territoire. Du personnage de Jonathan Doors, on ne sait quasiment rien, par exemple, ce qui n’aide pas à comprendre les motivations de son combat, son aversion, même, envers les Taelons. Et si William Boone n’est pas un personnage intéressant par lui-même, ses scènes avec Da’an sont de petits bijoux de sensibilité et d’émotion. Les 2 personnages, malgré leur place respective, sont les plus tolérantes vis-à-vis l’une de l’autre, et cherchent toutes deux à se comprendre mutuellement. C’est surtout à travers eux, leur relation, que se révèle une pensée purement Trekienne qui ne fait pas défaut à l’œuvre, qui s’est rencontrée dans bon nombre d’épisodes de la célèbre saga. Et pus il y a l’environnement sonore, très travaillé et inspiré, en cohérence avec l’univers présenté, qui nous plonge dans l’atmosphère particulière de la série.
En bref : Malgré des intrigues et des personnages un peu fades et ternes, la série reste de qualité et plaisante à suivre car elle développe un univers de S-F très attirant et cohérent. Elle développe sous une autre forme les idées roddenberriennes de tolérance et de compréhension mutuelle sous une forme semi-feuilletonnante, à l’image d’autres séries des années 90.
Côté Cast : La Saison 1 invite à deux reprises, pour 2 rôles différents (!!) Kari Matchett, devenue l’une des actrices principales désormais de la série Covert Affairs.
« Les séries TV, sous le vernis de la S-F, nous invitent à plus de tolérance, et c’est pour ça que nous les regardons. »