Raison du manque de MAJ sur le blog : mon mémoire

Publié le 05 janvier 2014 par Makinohyd

 Mon sujet de mémoire concerne l’illustration chez deux artistes diamétralement opposés en termes d’époques, de genres, d’idéologie et de techniques. Mais un point commun les réunit: ils étaient maîtres de leurs oeuvres; tous deux écrivaient et produisaient les illustrations qui accompagnaient leurs écrits eux-mêmes. En somme, ils étaient tous les deux auteurs-illustrateurs pour eux-même: William Blake et William Makepeace Thackeray. Un statut et une double compétence plutôt rare à leurs époques. Peu étaient reconnus comme auteurs-illustrateurs et celle qui reprit le flambeau de ce statut est Beatrix Potter avec ses contes pour enfants en 1902. Complètement différents, n’est-ce pas ? L’un est poète et peintre et graveur également, l’autre est journaliste, romancier et dessinateur au crayon. Le premier est l’ami du cuivre, des corrosifs, de l’eau-forte, du relief et de l’art ancien qu’est l’enluminure et qu’il ramène à la vie à la fin du 18ème siècle; le second est partisan du crayon et du stylo, des lignes, du papier et du noir et blanc du roman illustré du 19ème siècle. L’axe principal de mon mémoire était tout d’abord la fonction de l’illustration chez chacun des deux auteurs; qui est particulière puisqu’ils illustraient eux-mêmes leurs oeuvres. Mais après mûre réflexion, j’ai décidé d’orienter ma rechercher vers le rôle de l’illustration dans l’imagination du lecteur.

William Blake

Chez Blake et Thackeray on retrouve une fonction métaphorique, de manières différentes certes mais il y a bien illustration métaphorique chez les deux. Mais on trouve aussi la fonction plus décorative, ou littérale.

Blake cherche d’abord à stimuler l’imagination à travers son nouvel objet; il combine symboles et personnifications, figures et décors qui représentent ses idées et sont ancrés dans un univers quelque peu imaginaire. Ils illustrent tout comme les poèmes eux-mêmes, ce que Blake pense de son époque mais de manière métaphorique. Il utilise également des oppositions marquées qui illustrent parfaitement ses différentes sections et comme certains poèmes se font écho, certaines illustrations se font également écho.

William Makepeace Thackeray

La fonction décorative cependant à également son importance dans l’union entre texte et image. Blake, lui, orne ses oeuvres de bordures amenant les plaques de cuivre à la vie; la végétation qui les décore ou bien encore les lignes dynamiques de ses bordures reflètent également l’ambiance et le thème de ses poèmes. L’enluminure joue également un rôle important dans la mesure où elle permet de réhausser le texte et de le rendre vivant également: les bannières, les ornements interlinéaires etc.

Thackeray a lui aussi sa façon d’unir texte et image de manière plus concrète: par le biais des esquisses de la vie quotidienne qui traduisent parfaitement les mots sans plus ni moins de fioritures. Son style plutôt simple laisse également place à l’imagination par l’impression de non-achèvement qu’apporte les traits de son crayon. Le portrait de ses personnages en dessin offrent parfois des contrepoints au texte et nous permet de mieux comprendre l’histoire. Ils ajoutent aussi des significations qu’on aurait été incapable de deviner avec le texte seul. Mais l’organisation de la page et les différents types d’illustrations, les vignettes, les initiales, les dessins entiers, les couvertures de début et de fin nous aident aussi à suivre le fil de son histoire, et démontre l’union parfaite du texte et de l’image. Ses illustrations servent donc aussi à altérer la lecture du texte.

A vrai dire, écrire cet article dans un autre cadre que celui de la fac, cet article que je ne dois pas rendre à ma directrice de mémoire mais que j’écris pour mon blog, pour moi seule uniquement, me permet de me voir comment agencer mon écriture, ma rédaction et comment tout structurer. Tout se clarifie véritablement maintenant et j’ai moins de doutes par rapport à mes capacités. Reste plus qu’à continuer le boulot et à avoir confiance en moi…

Il est d’abord important de parler du contexte artistique et littéraire dans lequel Blake et Thackeray étaient inscrits: une brève histoire des techniques de l’illustrations et de ses utilisations et donc ce qui se faisait à l’époque en terme d’illustrations et d’art et en quoi Blake et Thackeray détonnaient ou non du reste de leurs contemporains. Blake par exemple était graveur et il est nécessaire de faire la distinction entre graveur commercial et graveur artistique (cas plus rare et moins reconnu à l’époque où l’illustration et le marché du livre étaient bien plus mercantiles). Il a été notamment influencé par l’Art de la Renaissance et le Classicisme de son époque, et la mythologie gréco-latine ainsi que l’art Gothique.

Songs of Innocence Title-Page

Pour Thackeray, il illustrait lui-même ses romans et son inspiration venait des grands caricaturistes ou illustrateurs de livres sérialisés, un code souvent uni qui donnait un aspect homogène à la plupart des romans publiés à l’époque. A l’époque de Thackeray les techniques avaient aussi évoluée.

Vanity Fair Frontispiece

Dans cette partie je donne aussi des définitions concernant la notion d’illustrations et je place les choses, je choisis les termes que j’utiliserai au cours du mémoire. Je parle donc aussi de leur place dans le monde littéraire: Blake et les poètes romantiques, sa place et son statut parmi eux et je présente brièvement mon corpus qui est Songs of Innocence and Experience; Thackeray et la fiction sérialisée de l’ère Victorienne et ses idées notamment dans mon corpus Vanity Fair. Il est aussi nécessaire de me concentrer un moment sur leur contexte professionel et de leur double-statut, de l’indépendance ambigüe qu’il leur confère. En effet, Blake a suivi des études plus ou moins marginales, étant apprenti chez un graveur mais souhaitant aussi étudier à la Royal Academy qui n’acceptait malheureusement pas les graveurs; il avait également de nombreuses difficultés financières tout au long de sa vie et bien qu’il fût son propre peintre/poète/graveur/illustrateur/vendeur/éditeur/imprimeur, cela ne suffisait pas et il en laissait même parfois sa santé. On dit qu’il a continué à peindre même sur son lit de mort sur lequel il a esquissé un portrait de sa femme Catherine qui l’a aidé tout au long de sa vie d’artiste. Considéré comme dégénéré ou excentrique à l’époque Blake avait besoin du commerce pour vivre mais ressentait une grande frustration et un manque de satisfaction personnelle car il n’avait malheureusement pas de temps à consacrer à son oeuvre personnelle, obligé de travailler pour les autres.

Pour ces propos, je me suis documentée sur sa vie personnelle et professionnelle grâce à ses lettres et ses biographies. Enfin, Thackeray, lui, était d’abord destiné au dessin depuis son plus jeune âge mais a toujours manqué de talent. Il a suivi brièvement des études d’art à Paris mais était plus intéressé par la vie de bohème et il a tenu de son beau-père la passion pour les jeux de hasard. Il a été criblé de dettes une bonne partie de sa vie, ce qu’il l’a obligé à devoir vivre loin de sa famille un long moment afin de travailler plus, comme journaliste par exemple. Plusieurs fois il a tenté de combiné son art avec ses écrits pour des journaux ou des revues mais plusieurs fois on l’a refusé également, son art étant considéré comme un peu trop simple ou trop cru. Aussi, il a commencé la fiction très tard, et son statut était bien particulier puisqu’à l’époque la plupart des auteurs étaient illustrés par d’autres. Or il n’avait pas à gérer les relations inhérentes à ce statut. Cependant, son texte et ses illustrations étaient des objets médiatisés, et publiés par des magazines. Il avait donc aussi des contraintes (contrats, dates de publication etc).

Mon plan va comme ça: dans mon introduction je parle de l’état de l’illustration à chaque époque, une histoire brève de l’illustration, ses fonctions, les évolutions en matière de techniques etc, je pose vraiment les choses et explique les raisons de mes choix. Mon premier chapitre concerne le concept de l’imagination: définition générale, l’imagination aux 18ème et 19ème siècles (l’évolution des arts graphiques, les appareils optiques, l’importance de la vision, les nouveaux genres), le pouvoir des mots et des images (dans quelle mesure chacun stimule-t-il l’imagination), le rôle de l’illustrateur (un médiateur/lecteur, le double statut de Blake et Thackeray, le processus transformatif etc).

London

Mon deuxième chapitre s’intitule "Quand les images reflètent les mots": en gros il s’agit de la fonction littérale, de la conception de l’imagination de chacun, de la représentation de la dynamique du texte, les motifs et comment une représentation visuelle peut être importante pour imaginer une histoire. Mon dernier chapitre parle de la fonction plus métaphorique ou décorative de l’illustration: en gros les textes ne suffisent pas ou les images ajoutent de l’information, ne répétant en rien les mots; pour Thackeray par exemple je parle de la théatralisation de la vie par les symboles venant du cirque, du théâtre, ou les petites vignettes qui constituent des histoires à elles seules. Ma conclusion fait le bilan de mon mémoire mais surtout offre une ouverture sur le sujet en parlant de l’évolution de l’illustration et de l’importance de l’imagination dans la lecture, des livres-objets, livres d’artistes et aussi sur l’impact qu’une certaine représentation visuelle d’un texte peut avoir sur différentes générations de lecteurs et sur les futures adaptations d’une oeuvre (comme Alice au Pays des Merveilles par exemple). J’y parlerai aussi du rôle du lecteur, son implication dans ce procédé.

Vanity Fair: pictorial letter for Chiswick Mall chapter

Pourquoi le choix de ces deux artistes aussi différents ? Tout d’abord le sujet est venu suite à une conversation avec ma directrice de mémoire (et au début je ne savais pas si j’allais le faire avec elle). On parlait de l’illustration et je lui demandais si Blake était le pionnier de l’illustration de poème au 18ème siècle ou si d’autres poètes s’illustraient eux-mêmes. Et puis justement j’ai cherché d’autres auteurs qui s’illustraient eux-même et suis tombée sur Thackeray. Après une longue recherche, je n’ai trouvé aucun autre auteur britannique ayant eu ce statut au 18ème ou 19ème siècle, périodes qui m’intéressent le plus. J’aurais pu faire sur Beatrix Potter et Blake, vu que leurs styles se rapprochent plus et que Blake destinait ses oeuvres pour les enfants aussi la base mais finalement, j’ai trouvé que faire une parallèle entre Thackeray et lui était une bonne idée parce que leurs époques étaient moins éloignées et que Thackeray m’était inconnu. En plus, j’ai déjà étudié Blake en dernière année de licence, ce qui facilite la tâche puisque je sais déjà la plupart de ce qu’il faut savoir sur lui.

The Blossom

Pour Thackeray j’ai dû lire pour la première fois son oeuvre et j’ai lu Vanity Fair, pas un des plus courts qu’il ait écrit. Mais il s’agit de son roman le plus connu. J’ai choisi de n’étudier qu’une seule oeuvre de chaque car mon mémoire ne doit pas excéder 80 pages et il y aura des annexes, il faut compter l’intro, la conclusion, la table des matières, la couverture, la bibliographie qui font déjà entre eux au moins 20 pages… Voilà pourquoi je ne fais que sur une oeuvre de chaque, je trouve qu’il y a déjà matière à faire quelque chose de consistant avec ces deux oeuvres. En plus Thackeray n’a pas écrit des petits romans… La plupart que j’aurais pu étudier et qui ont été illustrés font au moins 600 pages et je pense que ça aurait été du suicide de me lancer dans trop de lectures à ce niveau-là. Ma première partie pourrait faire environ 15 pages, la seconde 15 également et la dernière aussi… Alors imaginez en plus de l’intro, conclusion, annexes etc. Je pense qu’il ne faut pas sous-estimer nos capacités ou notre sujet. Il peut paraître maigre au début de nos recherches mais une fois que vous êtes bien lancés dans votre collecte d’information et dans l’élaboration de vos fiches et du plan, tout vient vite et vous vous retrouvez avec des tonnes d’information. Evidemment, vous ne pouvez pas tout dire dans votre mémoire. Il faut trier et cette phase est très importante.

Ma méthode pour le mémoire est assez classique mais je me fie pas vraiment au calendrier qu’on nous donne. Je pense qu’il faut consacrer au moins trois mois à la partie recherche durant lesquels on lit notre corpus (par exemple Songs of Innocence and Experience pour Blake et Vanity Fair pour Thackeray), on fait des recherches générales (par exemple sur l’art de l’illustrations, les techniques, l’histoire), puis des recherches plus spécifiques (le statut de l’illustrateur, les symboles chez Blake, le texte illustré de Thackeray, les études de texte et image etc), des recherches biographiques, et des analyses de certaines illustrations avec leurs textes.

Vanity Fair

Tout ça peut se faire en trois mois si on commence très tôt, en septembre par exemple. J’ai commencé la deuxième semaine du mois de septembre mais pour pouvoir finir mes recherches assez vite sans pour autant me précipiter j’ai maintenu un rhythme soutenu et au bout d’un moment je pense que j’ai même fait du surmenage. Il faut savoir dire stop et faire une pause. Si on se vide pas la tête on ne produit rien de bon, même quand on aime le sujet, le surmenage comme ça peut nous pousser à le détester au bout d’un moment alors que c’est pas le cas du tout. Il faut aussi pouvoir bosser les cours un minimum en sachant qu’ils ne valent presque rien en comparaison du mémoire. Perso, j’ai fait une pause du mémoire pendant une ou deux semaines pour me mettre à réviser les partiels. Et en fait, j’avais l’impression d’être en vacances quand je révisais mes cours. Et franchement j’aurais pas dit ça en licence !

Il faut aussi absolument se ménager et s’offrir des temps de relaxation chez vous tranquille ! Sortez prendre l’air, prenez un bon bain, écoutez de la musique qui vous relaxe, lisez et regardez ce que vous aimez. Ma règle c’est: la journée je bosse le mémoire, le soir ou en fin de journée, je me fais plaisir ! Autrement on ne s’en sort jamais.

Chacun sa manière de travailler. Personnellement, je pense que la partie rédaction ira vite une fois que j’aurais organisé ma rédaction. J’ai mon plan validé mais il faut pouvoir organiser ses paragraphes, choisir les exemples etc. Il me reste encore quelques trucs à lire pour la recherche.

Pour ce qui est du plan, on peut se prendre la tête longtemps avec. Par exemple j’en ai déjà proposé trois à ma directrice de mémoire et aucun ne collait mais ce qui est bien c’est que je m’en suis rendue compte toute seule et que je lui en ai parlé. Elle aussi l’avait remarqué mais ce qui m’a rassurée c’est que j’ai pu m’en rendre compte par moi-même. Ce genre de choses c’est déjà un signe que vous pouvez mener à bien votre mémoire ! Enfin ça marche pour n’importe quel projet.

Le plan est souvent un peu bâteau. Pour un sujet de littérature, comme : "Le Gothique chez "tel auteur" est particulier à la littérature jeunesse", il faudra faire une partie générale sur le Genre du Gothique (son apparition, ses caractéristiques et les principales oeuvres), le roman que vous étudiez en question et donc son analyse avec tous les aspects du genre dedans avec des thèmes que vous aurez relevés, et enfin une partie sur les aspects du roman jeunesse dans votre corpus, et le genre du gothique dans la littérature jeunesse tout simplement. Ca a l’air simple comme ça mais on n’y pense pas immédiatemment. Donc vous faites une partie sur le Général (genre, contexte etc), et deux autres parties sur les thèmes spécifiques à votre sujet: toujours en partant du moins spécifique au plus particulier. Je prétends pas donner de bons conseils, c’est juste ma démarche.

Thackeray’s self-portrait