Parlons, si vous le voulez bien, deux jours après Casse tête chinois, d'un autre film sorti début décembre que j'ai vu dès sa sortie, et beaucoup apprécié, mais que je n'avais pas encore eu l'occasion de chroniquer.
Il s'agit de Zulu, l'adaptation par le réalisateur français Jérome Salle du polar de Caryl Ferey sur l'Afrique du Sud, un film qui avait fait la cloture du dernier Festival de Cannes.
Si j'avais lu lors de sa sortie le livre Zulu (dont je vous avais parlé à l'occasion du jeu concours pour faire gagner des livres), j'avoue que je ne m'en souvenais plus vraiment des détails de l'intrigue, et j'étais totalement pret à me faire happer par son adaptation cinématographiques sorti en salles le 4 décembre dernier.
Alors, certes, j'appréhendais quand même un peu le résultat au vu du pedigree du réalisateur (Anthony Zimmer- bof; Largo Winch-aïe), mais sans aucune contestation possible, Jérôme Salle s'en tire largement avec les honneurs et nous propose une adaptation très fidèle et plus qu'honnête de l'excellent polar de Caryl Férey primé un peu partout ..
En moins de deux heures, le réalisateur a réussi à condenser une très grande partie de l'intrigue et réussi également à rendre palpable toute la tension du roman.
Par rapport au roman, qui prenait un peu plus son temps et qui exploirait plus en détail les conséquences de l'appartheid sur les mentalités des africains du sud, Salle opte pour un rythme bien plus soutenu qui fait qu'on suit cette intrigue un peu plus simplifiée que dans le roman, sans jamais nous ennuyer une seule seconde.
Zulu baigne en effet dans une atmosphère différente des polars que l'on a l'habitude de voir, grâce peut-être au soleil de plomb permanent sous lequel baigne les acteurs (qui nous change de la pluie verdoyante à la Seven ou même Prisonners) et surtout évidemment grâce au contexte sociologique et politique que le film arrive à retranscrire avec une vraie réusiste.
Le film tire son parti des paysages contrastés sous lequel l'intrigue se déroule, un paysage alternant côtes et désert somptueux, villas exhubérantes et town ship, avec, en arrière plan, omniprésente, la question raciale qui hante encore les esprits et qui éclatera à la figure, un peu malgré eux, des protagonistes de l'intrigue.
Car Zulu , qui ne pourrait être qu'un banal film policier sous fond d' intrigue un peu éculée de meurtres jeunes et jolies étudiantes afrikaners, et tout ayant une intrigue très prenante, va bien plus loin que ce terrau de départ, et nous entraîne dans les méandres d'un pays gangréné par des années d'apartheid.
Portraits d'hommes abîmés et d'un pays à l'histoire si complexe et nourisssant sa part de névroses, Zulu s'avère également être très efficace dans le versant des scènes d'action, parsemés de quelques éclairs de violence ( la scène sur la plage, d'une violence soudaine et saissisante) qui prennent vraiment le spectateur à la gorge.
Et Zulu puise également sa réussite de son casting impeccable.On savait déjà que Forrest Whitaker était un des meilleurs acteurs américains actuels, et ici sa grande carcasse, sa démarche nonchalante, et son regard mélancolique, collent parfaitement à ce personnage qui prône le pardon et qui va se trouver confronté à ses démons.
En revanche, pour n'avoir jamais vu Orlando Bloom en action (vous le savez les pirates et les elfes, très peu pour moi), j'avoue avoir été bluffé par sa composition, toute en densité, de flic pris par ses démons de l'alcool et du sexe et qui va avoir un cheminement inverse de celui de son collègue de travail.
Excellente surprise, ce Zulu, qui n'a pas connu une énorme carrière en salles ( on ne le trouve d'ailleurs pratiquement plus en salles) est pourtant assurément un des très bons polars de 2013.