Essayer d’écrire un édito un 2 janvier est finalement aussi simple que de se réveiller avec une gueule de bois dont même ce cher Pinocchio serait jaloux. On n’a pas le temps de graver plus de dix mots sur cette fausse feuille blanche qu’est l’internet que, déjà, les vieilles habitudes semblent trop rouillées et l’exercice bien voué à l’échec.
Peut-être que c’est aussi parce que le 2 Janvier devrait être rebaptisée comme la journée mondiale du regret. Du regret d’être entré dans un nouveau cycle terrien sans avoir pensé à regarder une dernière fois en arrière. Du regret d’avoir déjà, en l’espace de 24h, flingué toutes les bonnes résolutions que l’on avait prises à mesure que le douzième coup de minuit retentissait au milieu des applaudissements et des embrassades. Regret, aussi, d’avoir trop fêté l’événement, au point d’en rater l’apogée, à genoux face à la cuvette des toilettes. Ou encore, de ne pas avoir pu le passer au coté de personnes réellement importantes : grand-parents, amis d’enfance ou amour secret. C’est ainsi, qu’encore embrumé des effluves de la veille, luttant pour émerger au milieu des vivants, que regrets et nostalgie percent un peu trop la brume de notre esprit. Alors seulement, on réalise qu’on a laissé une part de nous-même dans la bataille.
Et puis vient le troisième jour. Remis de nos émotions, le sang débarrassé des quelques traces restantes de l’avant-veille, nous nous mettons à faire des plans sur la comète. A planifier ce qui pourrait arriver de mieux pour ces trois cent soixante cinq prochains jours – moins trois. L’heure du bilan, mais aussi le moment propice pour regarder en arrière avec fierté et non plus avec honte. Et d’enfin faire le point sur ce que l’on est, et le chemin parcouru. Bon comme mauvais. Parce que, finalement, l’un n’existe pas sans l’autre.
Là réside peut-être toute la magie de ce moment qui n’a jamais l’air de prendre fin -drogués que nous sommes aux bons souvenirs et à la facilité. De cette prétendue fête dont je peine encore à trouver une utilité autre que celle de rendre l’acte légitime et la conscience plus calme. Tout comme le serpent qui se mord la queue, la Terre repart à nouveau pour un tour. Et nous, nous reprenons un quotidien pas si différent que ça de celui de la veille. Alors que, dans le fond, tout a changé.
C’est pour cette raison, amis proches ou vagues connaissances, visiteurs égarés ou voyageurs en quête de nouveaux horizons fertiles, que je vous souhaite seulement d’apprécier ce moment pour ce qu’il est : l’occasion de faire les comptes et d’y voir plus clair. Avant de croiser de nouvelles brumes.
Bonne année.